La nouvelle Première ministre Elisabeth Borne affiche ses ambitions pour lutte contre le dérèglement climatique. Chargée de la planification écologique, elle souhaite aller « plus vite, plus fort » pour le climat. Elle devra convaincre rapidement, en attendant les législatives.

Elisabeth Borne devient la Première ministre du deuxième quinquennat d’Emmanuel Macron. Elle est la seconde femme à accéder à cette fonction. Avant elle, la socialiste Édith Cresson avait occupé Matignon de 1991 à 1992. Elle sera donc la Première ministre chargée de la planification écologique promise par le président. Dès l’annonce de sa nomination ce lundi, elle a indiqué vouloir suivre cette voie. Après un rapide passage comme ministre de l’Écologie en 2019 pour remplacer de François de Rugy, elle devenait en 2020 ministre du Travail dans le gouvernement Jean Castex.
Emmanuel Macron qui recherchait un profil « social », « écologique » et « productif », a tracé dans un tweet les priorités de sa nouvelle cheffe du gouvernement, qui aura la prérogative du portefeuille de la Transition écologique: « Ecologie, santé, éducation, plein emploi, renaissance démocratique, Europe et sécurité ».
Agir plus vite et plus fort
« On ne peut pas différer la transition, nous sommes dans une décennie critique. Il faut qu’on arrive à réduire considérablement nos émissions », expliquait-elle déjà à l’AFP en juin 2020. Depuis, l’Etat a été condamné à deux reprises pour non respect de ses obligations en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, donnant du grain à moudre aux pourfendeurs de « l’inaction climatique » des gouvernements d’Emmanuel Macron.
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Elisabeth Borne l’a donc affirmé : il faudra « agir plus vite et plus fort et le faire en associant encore davantage les forces vives de nos territoires, car c’est bien au plus près des Français que nous trouverons les bonnes réponses« .
Un passé de ministre de l’Écologie peu glorieux
Son rapide passage au ministère de l’Écologie n’a pas marqué les esprits. Élisabeth Borne a surtout acté des projets législatifs lancés par ses prédécesseurs Nicolas Hulot et François de Rugy.« Grande connaisseuse des dossiers et ouverte au dialogue avec les parties prenantes, elle a pourtant obtenu peu d’avancées mémorables dans le domaine de la lutte contre le changement climatique », a indiqué dans un communiqué de presse le Réseau action climat, après sa nomination ce lundi.
Elisabeth Borne doit choisir « dans les prochains jours » une nouvelle équipe gouvernementale « resserrée », selon son entourage, avant la nomination d’éventuels secrétaires d’Etat dans un deuxième temps, probablement après les législatives des 12 et 19 juin.
Cap sur les législatives
Sa première feuille de route consiste à donner à nouveau une majorité à la macronie à l’Assemblée nationale. « Courage à tous, très bonne campagne à tous ! », a-t-elle lancé, selon des participants, dès mardi matin aux députés de la macronie réunis au Palais-Bourbon. Elle a appelé à « la majorité la plus large possible » à l’issue des législatives pour « porter » le « programme clair et ambitieux » du président Emmanuel Macron.
Elle-même jamais élue, elle se présente dans la sixième circonscription du Calvados, qui avait placé nettement en tête M. Macron aux deux tours de la présidentielle, laissant présager un succès à la nouvelle Première ministre. Dans le cas contraire, son avenir à Matignon serait compromis.
Trop ou pas assez à gauche?
Jean-Luc Mélenchon espère prendre sa place si la Nouvelle union de la gauche (Nupes) remporte les législatives. L’ex candidat LFI à la présidentielle la considère comme « parmi les figures les plus dures de la maltraitance sociale » macronienne. De son côté, l’ancienne candidate RN Marine Le Pen pronostique la « poursuite de la politique de mépris, de déconstruction de l’État, de saccage social » d’Emmanuel Macron.
« Borne n’est pas de gauche, c’est une personnalité qui nous promet du sang et des larmes », a assuré Sophia Chikirou, candidate Nupes à Paris, lors d’un point presse. Elle « n’a jamais dans sa vie eu un combat pour l’écologie », a-t-elle ajouté. Hormis « les touillettes » en bois, a accusé Aymeric Caron, également candidat Nupes. À droite, Xavier Bertrand, président (ex-LR) des Hauts-de-France, estime au contraire qu’avec cette nomination, le « Macron de gauche veut imposer une politique de gauche ». C’est « une personne de grande qualité, très intelligente, une énorme bosseuse. Après, il y a le problème qu’Elisabeth Borne est une personnalité très engagée à gauche », a abondé l’ex-candidate LR Valérie Pécresse.