Entre défense d’une tradition locale et condamnation d’une maltraitance animale, la pratique de la corrida divise. Si ce mercredi les députés réunis en commission se sont une première fois prononcés en faveur de la tauromachie, l’issue du vote du texte prévu dans l’hémicycle le 24 novembre demeure incertaine. Dans le même temps pour faire pression, l’association L214 publie une nouvelle vidéo choc dénonçant « une lente et longue agonie » pour les taureaux.
Les passionnés de corrida remportent une première manche. Les députés réunis en commission se sont prononcés, ce mercredi 16 novembre, contre l’interdiction de la corrida. Ils ont ainsi rejeté, une première fois, la proposition de loi du parlementaire LFI Aymeric Caron qui souhaite interdire la pratique.« Je m’interroge sur l’opportunité de dire à des gens qui ont des traditions, qui sont en plus manifestement en train de s’éteindre, qu’elles devraient devenir illégales désormais », a expliqué de son côté le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu sur France Info ce mardi. Ajoutant que l’interdiction de la corrida n’était pas « la priorité des priorités » au sein du gouvernement.
Une première manche de perdue donc mais pas la bataille. Cosignée par plus de quatre-vingts élus des groupes La France insoumise et écologiste, la proposition de loi doit maintenant être examinée dans l’Hémicycle ce jeudi 24 novembre. Si la tauromachie compte dans ses rangs de nombreux fans et que son interdiction a peu de chance d’aboutir, les ONG comptent bien jouer leur rôle et sensibiliser sur la pratique.
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Une opportunité historique
Alors que la corrida est susceptible de disparaître, les ONG comptent mater la pratique. « Nous sommes bien sûr totalement pour l’interdiction de la corrida. L’opportunité de ce vote peut aboutir sur quelque chose d’historique. C’est une opportunité de sauver des vies. Cette tradition n’a rien à faire en 2022. Nous avons d’ailleurs une action en ligne sur notre site internet qui invite les gens à contacter leur député pour leur demander justement de soutenir cette proposition de loi », informe Anissa Putois, responsable communication chez Peta France.
« Nous sommes très déçus des dernières déclarations de Christophe Béchu, réagit Anissa Putois. 87% des Français ne veulent plus de la corrida. Dire que ce n’est pas une priorité n’est donc pas logique. Selon nous, la tradition ne justifie pas de continuer de faire du mal aux animaux ». C’est pourquoi ce mercredi 16 novembre, l’actrice Marie Cornillon s’est tenue, pour Peta France, devant les arènes de Nîmes, le corps peint d’une tête de taureau et brandissant une pancarte « Abolissons la corrida ».
Selon Anissa Putois, la tauromachie va également à l’encontre des préoccupations écologiques de plus en plus présentes chez les Français et dans le reste du monde. « Même s’il n’y a pas beaucoup de bovins utilisés pour la corrida, entre 800 et 1.000 en France, ce qui est peu par rapport à d’autres types d’élevage, élever des animaux pollue. Alors les tuer de cette manière est encore plus inutile. De plus, avec la corrida, on apprend aux enfants que les animaux sont là pour nous servir. Ainsi nous facilitons les autres systèmes d’exploitation que ce soit pour la viande ou les vêtements. Un système contraire à l’écologie donc et qui alimente encore plus l’idée qu’on peut faire ce qu’on veut avec les animaux mais aussi du avec notre environnement », regrette-t-elle.
Abandonner certaines traditions
L’association de défense des animaux L214 publie aussi ce mercredi 16 novembre une vidéo sur les différentes étapes d’une corrida qui s’est tenue à Brocas (Landes) le 24 septembre dernier. Cette vidéo de plus de 8 minutes s’accompagne des explications de Sébastien Arsac, cofondateur de L214. Très vite, elle montre du sang couler sur le dos des six taureaux blessés à l’aide de piques ou de banderilles, ces bâtons entourés de tissus multicolores avec au bout des harpons. Ils sont utilisés par les toreros en début de corrida. « Les harpons sont plantés un peu n’importe où, mais ils tiennent, hélas pour lui. Le taureau est en sang, et en larmes », commente Sébastien Arsac dans la séquence.
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« Pour les toreros, la corrida est un jeu sportif traditionnel qu’il faut faire perdurer. Tout au long de notre Histoire, nous avons toujours exercé un droit d’inventaire sur nos traditions. Il est sain de se pencher sur une pratique et d’être capable de l’abandonner quand elle n’est plus en accord avec les valeurs contemporaines. Cette proposition de loi est une opportunité historique pour la condition animale« , explique Sébastien Arsac à propos du votre prévu ce jeudi 24 novembre.