À la veille des élections législatives des 12 et 19 juin prochains, l’ONG Agir pour l’environnement a établi un classement des « meilleurs » et « pires » députés en matière d’écologie durant le mandat 2017-2022 qui s’achève.

L’heure est au bilan pour les députés de la XVème législature. L’ONG Agir pour l’Environnement tenait ce lundi 30 mai une conférence de presse pour présenter son classement des « meilleurs » et « pires » députés sortants en matière d’écologie. Un travail basé sur les résultats de 17 votes dans le cadre de lois, propositions de lois, et amendements. Ceux-ci concernent un large panel de sujets écologiques. Les décisions tournaient autour de l’interdiction du glyphosate, la ré autorisation des insecticides néonicotinoïdes ou sur la suppression des aides fiscales à l’huile de palme et sur le kérosène pour les vols intérieurs, etc.
Pour Stéphen Kerckhove, délégué général d’Agir pour l’Environnement, ce classement permet avant tout de montrer aux citoyens l’implication des députés dans le travail législatif au service de l’écologie et du climat. Au delà de cette transparence, l’ONG souhaite aussi révéler « le décalage important entre les votes d’une majorité de parlementaires et les attentes d’une majorité des citoyens ». Au total, 648 parlementaires ont reçu une notation. Un point qui peut paraître surprenant quand la capacité de l’hémicycle s’élève à 577 députés. « Nous comptons aussi ceux qui ont démissionné ou qui sont entrés dans le gouvernement », précise Stéphen Kerckhove.
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+1 à chaque vote favorable à l’écologie
Un travail de notation a été effectué pour chacun d’entre eux. Chaque vote en faveur de l’écologie, ou, au contraire, en défaveur d’un projet nuisible, se voit attribuer un point « vert ». En cas d’absentéisme, le résultat est considéré comme nul. En revanche, si un vote s’avère contraire aux valeurs écologiques, l’ONG retire un point. Le classement est visible sur le site parlementerre.fr créé à l’occasion des législatives. Les plus vertueux en termes d’écologie sont classés verts, alors que les « mauvais élèves » s’affichent en rouge.
En observant ce trombinoscope, Stéphen Kerckhove s’est dit « frappé par un absentéisme important ». En moyenne, sur l’ensemble des 17 votes étudiés, le taux de présence s’élève seulement à 14,8%. Soit 85 députés présents dans l’hémicycle.
Trois députés de gauche en tête
Les députés de gauche Delphine Batho et Mathilde Panot se disputent la première place. Toutes deux affichent un score de douze points sur 18. Ces deux écologistes précèdent le député Dominique Potier. « Nous sommes honorés d’être distingués comme ‘parlementerres' », a réagit Delphine Batho, présidente du parti politique Génération écologie. Tous les trois affirment que leur travail repose essentiellement sur des travaux scientifiques, dont le rapport du Giec. Mais aussi sur l’« écoute des citoyens et des échanges avec associations et agriculteurs ». « Le mandat de la majorité a été marqué par des reculs, notamment sur les néonicotinoïdes et sur les droits de l’environnement », a dénoncé Delphine Batho.
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Mathilde Panot, elle, a tenu à rappeler « l’importance » des votes exprimés à l’Assemblée nationale alors que le mandat présidentiel a été « plus qu’en dessous des enjeux du XXIème siècle », a-t-elle déclaré. Candidate pour la Nupes dans le Val de Marne, Mathilde Panot insiste pour que l’écologie « se lie avec les questions sociales ». Un écho à l’expression médiatisée « la fin du mois avant à la fin du monde ».
Un point partagé par son confrère Dominique Potier, membre du parti socialiste et candidat pour le département Meurthe et Moselle. « [Là-bas], la fin du mois et la fin du monde se pose tous les jours et se vérifie sur le terrain ». Dominique Potier souligne quant à lui la nécessité de « renforcer les capacités » des institutions scientifiques, telles que l’Anses, à travailler sur les produits phytopharmaceutiques. Question sur laquelle le député a rendu un rapport en 2014 sous la présidence de François Hollande. « Il ne suffit pas de mener des combats écolos, il faut les accompagner », a-t-il ajouté en citant quelques grands enjeux environnementaux.
Des députés LREM en bas du classement
Mais le trompinoscobe effectué par l’ONG compte également ses mauvais élèves en matière d’environnement. En examinant celui-ci, Stéphen Kerckhove alerte sur la « minorité de l’écologie », puisque 340 députés se révèlent rouges, contrairement à 72 verts. Parmi les mauvais élèves figurent plusieurs membres du gouvernement. Parmi eux, Damien Abad (297ème place), Marc Fesneau (297), Gabriel Attal (456) et la nouvelle ministre de la transition écologique, Amélie de Montchalin (595). L’association citoyenne Attac a par ailleurs réagi sur Twitter au positionnement de cette dernière. « C’est ‘l’écologie pragmatique' », ironise l’organisation.
Les trois derniers du classement ont majoritairement voté contre la plupart des lois ou amendements. Parmi eux, Guillaume Kasbarian (645), députe de l’Eure-et- Loir et Jean-Luc Fugit (646), membre de la commission du développement durable, ont voté contre l’interdiction du glyphosate, contre le maintien des petites lignes ferrovières, et contre le moratoire sur la création de surfaces commerciales en cas d’ artificialisation des sols.
En dernière place, le trombinoscope affiche Zivka Park (647), députée du Val d’Oise et membre de la République en Marche. « La plupart d’entre eux se positionnent du côté du Modem ou de la République en Marche », relève Stéphen Kercklhove, considérant certains d’entre eux comme des « militants anti écolo ».
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L’association demande plus de transparence sur le vote des députés
Ce classement a pour objectif de dévoiler les votes des parlementaires, pas toujours accessibles au grand public. « On veut que la période électorale ne soit pas celle de l’amnésie », insiste Stéphen Kercklove.
Non sans une touche de militantisme, le délégué général d’Agir pour l’Environnement souhaite plus de transparence quant aux votes des parlementaires en séance plénière ou en commission. L’ONG demande alors l’enregistrement et la disponibilité des votes des députés sur le site de l’Assemblée nationale.