Les militants d’Emmanuel Macron se disent « préoccupés » par les enjeux écologiques. Néanmoins, ceux-ci reconnaissent que le président sortant « peut faire plus » contre le réchauffement climatique. À l’occasion des résultats du premier tour de l’élection présidentielle, Natura Sciences s’est rendu à la soirée électorale d’Emmanuel Macron pour rencontrer ses partisans.
Une ambiance festive. Au parc des expositions à Porte de Versailles à Paris, les militants agitent des drapeaux français et européens devant l’estrade. Les écrans géants annoncent Emmanuel Macron en tête du premier tour, avec 28,1% des voix. Il affrontera, une nouvelle fois, Marine Le Pen au second tour (23,3% des voix) le 24 avril prochain. Depuis l’annonce, les chiffres ont évolué, mais le classement reste le même.
Le candidat d’Europe Écologie les Verts, Yannick Jadot, a quant à lui échoué à atteindre la barre des 5%. Ce dernier a appelé, comme la majorité des autres candidats, à voter Emmanuel Macron « pour faire barrage à l’extrême droite ».
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Des militants soucieux des enjeux écologiques
« Et 1…et 2… et 5 ans de plus ! », criaient les militants. Cinq ans de plus, est-ce une bonne nouvelle pour l’écologie ? Les électeurs que Natura Sciences a rencontrés semblent convaincus par les objectifs environnementaux d’Emmanuel Macron. Ce dernier a par ailleurs adressé un mot sur l’écologie lors de son discours officiel : « Voulons-nous d’une France qui relève le défi climatique et écologique, par le nucléaire, les énergies renouvelables, la sobriété énergétique et la planification écologique ? ». En guise de réponse, un grand « oui » est lancé par la foule. En février dernier, Emmanuel Macron a annoncé son ambition de créer un mix énergétique entre éolien, solaire et nucléaire.
« Cela faisait parti de nos préoccupations, confirme Antoine, jeune militant pour le président sortant. Nous sommes une génération qui a pleinement conscience du défi climatique ». Mentionnant la publication du rapport du Giec, Antoine rappelle que des réponses « doivent être apportées ». À ses côtés, son amie Romane approuve ses propos. « C’est une très bonne chose que la population s’engage et milite pour le climat », confie-t-elle à Natura Sciences.
La jeune femme reconnaît toutefois que le Gouvernement « peut faire plus » sur les questions d’écologie. Elle et son ami attendent notamment « une réindustrialisation de la France » pour lutter contre la fast-fashion, ainsi que la relocalisation des déchets.
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Sur l’écologie, « Emmanuel Macron doit s’engager davantage »
Mais l’écologie ne semble pas toucher uniquement la jeunesse à Porte de Versailles. Véronique, ancienne responsable RH, inscrit la préservation de l’environnement comme une priorité majeure. « Le réchauffement climatique, c’est la première guerre aujourd’hui, reconnaît-elle. Il faut sensibiliser toute la population française et mondiale ». La militante, drapeaux à la main, rappelle par ailleurs les objectifs de l’Accord de Paris. « Certains pays ne respectent pas l’Accord de Paris ou continuent à polluer avec les énergies fossiles ».
Pourtant, si l’on remonte quelques mois auparavant, l’État a été condamné pour« inaction climatique » par le Tribunal administratif de Paris, lors de l’Affaire du Siècle. Pour Antoine, cette inaction est aussi le résultat des gouvernements précédents. D’une manière plus générale, les militants défendent le retard pris dans des projets climatiques sous le quinquennat d’Emmanuel Macron.
« Avec la crise sanitaire, quelques projets ont été bloqués et d’autres ont été repensés », mentionne Aubin, chargé de mission sur la vie étudiante pour le mouvement Les Jeunes avec Macron. Le jeune homme prend l’exemple de la taxe carbone qui a entraîné le mouvement des Gilets Jaunes fin 2018. « Emmanuel Macron doit s’engager davantage, affirme Véronique. L’écologie, c’est peut-être sur quoi il a moins agi pendant ces cinq ans. Mais il ne pouvait pas tout faire ».
Les militants comptent sur l’Europe pour faire avancer les causes écologiques
Et pourtant, ces mobilisations pour l’écologie, le mouvement Les Jeunes avec Macron revendique en faire une priorité. « C’est un sujet qui occupe les préoccupations de tous les enjeux économiques et sociaux », témoigne Aubin. Le jeune homme, pour qui la mesure principale attendue reste l’élargissement du pass culture, compte notamment sur des coopérations européennes. « Il n’y a pas que la France qui va avoir un impact là-dessus, insiste-t-il. Il faut que le pays soit pionnier sur les sujets internationaux ».
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Contestant la volonté de certains candidats de sortir de l’Union Européenne, Aubin estime qu’il « vaut mieux avancer doucement à 27 », plutôt « qu’avancer vite tout seul de notre côté sans amener les 27 avec nous » sur les sujets environnementaux. Mais sur le plan national, les Jeunes avec Macron témoignent vouloir « aller encore plus loin ». Pour cela, le mouvement ambitionne d’apporter « des propositions concrètes » sur les dernières mesures mises en place durant le quinquennat . Parmi elles, des propositions sur la Convention Citoyenne sur le Climat et sur l’ensemble de la loi Climat & Résilience. En novembre dernier, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a déclaré que la France était en retard sur ses objectifs de transition énergétique.
« Les verts n’ont pas le monopole de l’écologie »
Au-delà d’une continuité, le mouvement des Jeunes avec Macron prévoit également des mesures « un peu plus innovantes », telles que le conditionnement des entreprises en lien avec les objectifs environnementaux. « Les verts n’ont pas le monopole de l’écologie, glisse Aubin. Ce n’est pas parce que notre nom ne porte pas l’étiquette vert qu’on ne peut pas proposer des choses concrètes sur le sujet ».
Ces « choses concrètes » concernent aussi le bien-être animal selon le chargé de mission. Le jeune homme revient sur les mesures récentes visant à interdire le broyage des poussins mâles et la castration à vif des porcelets. Il cite également la loi contre la maltraitance animale adoptée en novembre 2021. Les associations de défense des animaux avaient qualifié cette loi d’« historique », malgré des insuffisances.
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Aubin reconnaît toutefois que le président sortant s’est montré « assez flou » sur ses positions concernant la chasse, et notamment la chasse à courre. « Les jeunes avec Macron se sont prononcés contre », affirme-t-il. D’autres, comme Véronique, se revendiquant comme « sensible » à la cause animale, attendent là aussi davantage de mesures malgré des avancées. « Il faut qu’il en fasse davantage pour le bien-être animal », prévient-elle. Une cause qui, selon elle, ne peut être menée par les candidats de l’extrême droite, tout comme le réchauffement climatique.