Les ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique ont présenté ce week-end les grandes lignes du « plan pollinisateurs« . Ces mesures, regroupées en six « axes« , interviennent alors que l’effondrement des populations d’insectes pollinisateurs menace des productions agricoles.
Le nombre de ruches s’élevait à 1,7 million déclarées sur le territoire en 2020, contre un million en 2010. Pour mieux protéger les abeilles, le nouveau plan pollinisateur vise à stopper le déclin des abeilles et autres insectes essentiels à l’agriculture. Ce plan est valable pour la période 2021-2026. Le gouvernement avait promis ce plan après l’annonce en août 2020 de la réintroduction temporaire des insecticides néonicotinoïdes, nocifs pour les abeilles, pour la culture de la betterave.
Des horaires fixes pour les produits phytopharmaceutiques
Afin de protéger les grands pollinisateurs, le plan limite l’utilisation des produits phytopharmaceutiques, préparations destinées à protéger les végétaux et les produits de culture. Les agriculteurs pourront utiliser ces produits uniquement deux heures avant le coucher du soleil, et trois heures après.
La prise en compte des horaires fait l’objet d’un arrêté paru dimanche au Journal Officiel, qui entre en vigueur le 1er janvier 2022. Ces produits doivent préalablement avoir obtenu une autorisation de l’Agence nationale de sécurité sanitaire alimentaire (Anses) pour un usage en période de floraison, « période allant de l’ouverture des premières fleurs à la chute des pétales des dernières fleurs », selon le texte.
Selon l’arrêté, cette plage horaire d’application des produits phytosanitaires – qui appartiennent à la famille des pesticides – peut être modifiée en cas d’activité « exclusivement diurne » des « bio-agresseurs » (organismes vivants qui s’en prennent aux cultures), pour assurer « une protection efficace de la culture traitée« . Ceci est valable également si une maladie impose une utilisation urgente d’un « traitement fongicide« . Et ce, dans un délai « incompatible avec la période prévue » dans l’arrêté.
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Les apiculteurs contestent le nouvel arrêté
Les agriculteurs saluent le décret. Mais les apiculteurs estiment ne pas avoir été suffisamment associés à l’élaboration de ce plan. Ceux-ci demandaient, en plus d’horaires imposés, la prise en compte des températures, sans suite. Sans cette disposition, les agriculteurs peuvent traiter des cultures alors que les abeilles butinent.
« Deux heures avant le coucher du soleil, sans autre critère, pour nous ce n’est pas acceptable », a déclaré à l’AFP Eric Lelong, président de l’Interprofession des apiculteurs (Interapi). À l’inverse, la plus grande organisation d’exploitants agricoles française, la FNSEA et les Jeunes agriculteurs, saluent, au nom de la lutte contre le travail de nuit des agriculteurs, « l’ouverture permettant de déroger à l’obligation de traiter les cultures attractives seulement après le coucher du soleil, avec l’ajout d’une plage de deux heures avant le coucher du soleil ».
Ce plan prévoit notamment d’évaluer le risque de tous les pesticides, dont les herbicides et fongicides, pour les pollinisateurs en vue d’une possible restriction, voire interdiction de traitement sur les cultures attractives en floraison, aujourd’hui applicable uniquement aux insecticides. Mais la FNSEA et les Jeunes agriculteurs dénoncent aussi une « surtransposition des règles communautaires » qui « met les agriculteurs français en situation de distorsion de concurrence pour la protection de leurs cultures« , ainsi que « l’insuffisance des moyens financiers pour mettre en œuvre les objectifs ambitieux du plan Pollinisateurs« .
Sophie Cayuela avec AFP