Emmanuel Macron (27,8% des voix) et Marine Le Pen (23,1%) sont qualifiés pour le second tour de l’élection présidentielle. En troisième position, Jean-Luc Mélenchon (22,2%) échoue de peu laissant derrière lui une gauche désabusée et en plein doute. Pour les activistes climat, l’écologie sera la grande absente du second tour. Ils estiment qu’après un deuxième tour incertain, les élections législatives devront servir à limiter la casse.
Pour de nombreux électeurs, le résultat de ce premier tour n’a pas été facile à avaler. Emmanuel Macron et Marine Le Pen n’incarnent pas les idéaux des militants de gauche. Notamment sur le plan écologique. La colère liée aux résultats pourrait amener un report de voix conséquent vers l’abstention. En conséquence, les ONG de lutte contre le dérèglement climatique appellent à l’union pour ce second tour, mais aussi et surtout en vue des élections législatives des 12 et 19 juin prochains.
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La gueule de bois électorale
« Je suis au fond du gouffre après ces résultats », regrette Stacy Algrain, activiste et fondatrice de Penser L’après. « Nous sommes dans la même configuration qu’en 2017. Nous ne sommes donc pas du tout engagés sur les questions sociales et environnementales », ajoute-t-elle. « J’ai une sensation de gueule de bois. Le sentiment d’avoir fait la fête, alors que ce n’est absolument pas le cas ».
Mais la militante ne veut pas désespérer. « Aujourd’hui nous avons autre chose à faire que de se demander qui du côté de la gauche n’a pas fait le bon choix. Nous n’avons plus le temps de se déchirer », assure-t-elle.
Faire barrage au RN comme pommade
« Le choix est cornélien. Je pense qu’il faut faire barrage à l’extrême droite, mais comment peut-on voter pour Emmanuel Macron après sa négligence climatique ? ». La jeune activiste précise son propos : « Nous travaillons autour du « narratif » pour ce vote. Nous voulons expliquer de la façon la plus claire possible que nous allons faire barrage à Marine Le Pen, mais également à Emmanuel Macron durant tout son quinquennat ».
« Il est clair qu’il est important de faire usage de son vote au second tour », explique à son tour Gabriel Mazzolini, porte-parole des Amis de la Terre. « Mais la lutte doit surtout continuer dans la vie quotidienne. Nous allons appeler à des mobilisations contre l’extrême droite durant l’entre-deux tours. Nous avons le choix entre la peste et le choléra. Mais nous devons préserver les quelques acquis sur la transition écologique », assure-t-il. Selon lui, « avec les idées d’extrême droite, ce sont des politiques racistes mais également anti-climatiques » qui attendent les Français.
Ne pas baisser les bras
« Ce matin, le futur nous semble (encore) un peu plus sombre qu’hier. On pourrait facilement baisser les bras, se replier un peu plus sur nous-mêmes. Mais chaque bataille compte. C’est toujours une question de vie ou de mort pour des millions de personnes. La suite, ensemble », a tweeté Élodie Nace, porte-parole d’Alternatiba.
« Notre rôle chez Alternatiba ce n’est pas d’appeler à voter pour un candidat », précise Alex Montvernay, porte-parole d’Alternatiba. « Mais plus que jamais nous devons nous mobiliser. Nous préparons des manifestations contre l’extrême droite mais aussi contre les politiques autoritaires », explique-t-il. « Il faut se serrer les coudes malgré la déception. Au lendemain du premier tour nous avons eu 150 adhérents en plus rien qu’à Paris. Il y a un réel engouement, il faut continuer la lutte », dit-il.
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Les législatives pour combattre la migraine
À gauche, les regards sont portés vers les prochaines élections législatives. « Ces élections sont l’objectif principal pour la survie des idées de gauche » estime Stacy Algrain. Elle ajoute : « ces élections ne doivent plus passer au second plan ».
« Il est vrai que ces résultats n’ont pas été faciles à vivre, mais le résultat est ce qu’il est », explique Gabriel Mazzolini. « Il faut conserver cette union qui a fait notre force dans les différentes marches pour le climat, féministes, ou contre le racisme qui ont eu lieu cette année », dit-il. « Nous avons en ligne de mire les législatives, il ne faut pas faire baisser la tension démocratique. Il faut faire sentir que le plus important c’est de participer et de ne pas se laisser abattre car les seuls qui vont en profiter ce sont les forces réactionnaires », assure-t-il.