Les ministères de l’Agriculture et de l’Environnement ont ordonné l’abattage de 1.000 visons d’un élevage d’Eure-et-Loir. Cette demande fait suite à la détection d’une mutation de la Covid-19, qui touche les animaux élevés pour leur fourrure. Plusieurs millions de visons ont ainsi été abattus en Europe.
Une mutation du virus de la Covid-19 touche les visons, et provoque leur exécution. Ce dimanche 22 novembre, les ministères de l’Agriculture et de l’Environnement ont ordonné l’abattage de 1.000 individus d’un élevage d’Eure-et-Loir. C’est la première fois que la France prend une telle mesure. Dans un communiqué, les ministères expliquent que cette décision vise à assurer la sécurité de la santé publique. « Il s’agit de protéger les visons d’une éventuelle contamination à partir du personnel des élevages, mais aussi, par précaution, d’éviter les contacts entre des animaux qui seraient infectés et le personnel des élevages », précisent-ils.
Le Danemark, premier exportateur mondial de peaux de visons, a abattu 17 millions d’animaux pour des raisons similaires. Au mois de juin, les autorités avaient détecté des contaminations dans cinq fermes danoises. Elles avaient provoqué la contamination d’une douzaine de personnes. Suite à cet événement, les autorités danoises ont pris la décision de tuer tous les visons présents dans le pays. La Suède ou encore la Grèce rapportent plusieurs cas. Le gouvernement français rapporte également que plusieurs cas isolés sont apparus en Italie et en Espagne.
Un vaccin contre la Covid-19 rendu inefficace
Loïck Dombreval, vétérinaire et député LREM a expliqué à France Inter pourquoi l’abattage de ces visons est inéluctable. « Malheureusement pour ces animaux, il fallait abattre cet élevage par principe de précaution élémentaire. Les visons ont exactement le même récepteur que nous au coronavirus dans leurs cavités nasales. Donc, la transmission animal-homme et homme-animal est avérée », affirme-t-il. M. Dombreval rappelle aussi que de tels cas de transmission ont eu lieu aux Pays-Bas et au Danemark.
Loïck Dombreval explique également que l’abattage des visons est nécessaire pour éviter les mutations de la Covid-19. Il rappelle que les conditions d’élevages des visons, qu’il qualifie d' »indignes », favorisent la mutation du virus. « Quand il a muté, parfois il est retransmis du vison à l’humain », déclare-t-il. Puis il ajoute : « Et s’il mute, il y a risque que les vaccins développés ne fonctionnent pas ». Le vétérinaire précise que le furet pose également des risques élevés de transmission de l’animal à l’homme. Les chats et les chiens sont, quant à eux, moins concernés.
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L’ANSES veille sur la santé des élevages de visons
La surveillance des élevages de visons a commencé après la mise en garde des autorités néerlandaises. Elles sont les premières à avoir alerté l’Europe de la propagation d’une mutation de la Covid-19 sur ces animaux. « Des dispositifs spécifiques de surveillance ont été mis en place et les mesures de biosécurité ont été renforcées dans l’ensemble des élevages de visons en France dès le mois de mai », indiquent les ministères. Depuis mi-novembre, un programme scientifique conduit par l’ANSES cherche à établir le « statut sanitaire » des élevages de visons. La contamination de l’élevage d’Eure-et-Loir a été détectée dans ce cadre.
Suite à cette découverte, les ministères ont également demandé la destruction de tous les produits issus de ces animaux. En clair, aucun prétexte ne pourra justifier la commercialisation de la fourrure de ces animaux. Pour l’instant, la décision concerne le seul élevage d’Eure-et-Loir. À l’heure actuelle, seul un autre élevage français est hors de danger. Pour deux autres en revanche, les résultats des analyses de l’ANSES ne sont pas encore parvenues. « Si des résultats s’avéraient positifs dans l’un de ces deux élevages, les mêmes mesures d’abattage que dans le premier élevage concerné seraient appliquées », rapporte le communiqué.
« Immédiatement interdire l’élevage de visons »
Au-delà de la situation sanitaire, plusieurs défenseurs de la cause animale se désolent du sort réservé aux visons d’élevage. Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique reconnaît que les conditions d’élevage de ces animaux sont vétustes. Les visons sont « entassés les uns sur les autres, les conditions d’élevage de ces animaux sont indignes », proteste Loïck Dombreval. « Je me battais pour l’arrêt de ces élevages bien avant l’apparition du coronavirus », ajoute le député LREM.
Dans la sphère associative, les voix s’élèvent également contre ce type d’élevage. « La France doit immédiatement interdire l’élevage de visons« , proteste L214. C’est une demande à laquelle le gouvernement accédera peut-être dans les prochaines années. Le 29 septembre dernier, Barbara Pompili s’était prononcée en faveur de l’interdiction des élevages de visons en France. Elle a annoncé leur fermeture progressive, et a indiqué que cette dernière deviendrait obligatoire dès 2025.
Auteur : Chaymaa Deb, journaliste de Natura Sciences