Face aux épisodes caniculaires à répétition, l’association Welfarm a transmis au Gouvernement un ensemble de propositions pour protéger les animaux d’élevage des fortes chaleurs. Si des prédispositions existent déjà, elles apparaissent insuffisantes pour les défenseurs d’animaux.

Les conditions d’élevage sont à nouveau pointées du doigt. Le 18 juillet dernier, dans le cadre d’une campagne intitulée « Chaud Dedans ! », l’association Welfarm a remis au Gouvernement un ensemble de propositions pour améliorer le bien-être animal dans les élevages en période de canicule. « Sous l’effet du changement climatique, l’intensité et la fréquence des épisodes de canicule vont augmenter, faisant peser des risques accrus sur le bien-être des animaux d’élevage », annonce l’association dans un communiqué.
Les conséquences néfastes de la chaleur sur les animaux peuvent aller jusqu’à la mort. Les épisodes caniculaires de 2019 le prouvent. Le secteur de l’élevage et la filière de l’équarrissage ont alors subi une surmortalité de l’ordre de 40%, selon le rapport d’activité 2020 du Conseil régional de l’alimentation de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER).
Dès lors, le ministère de l’Agriculture a formulé des recommandations pour améliorer l’efficacité et la résilience du dispositif national de gestion des vagues de chaleur. Mais les décisions restent insuffisantes pour les associations de bien-être animal. Les propositions de Welfarm, soutenues par France Nature Environnement (FNE), concernent une série de huit mesures sur le long terme, ainsi que de quatre mesures dites « d’urgence ».
Des mesures d’urgences pour supporter les fortes chaleurs
Les mesures les plus urgentes proposées par Welfarm visent à réduire le stress thermique chez les animaux. « Au-delà d’une certaine température, les animaux souffrent en effet de stress thermique, ce qui a des conséquences sur leur physiologie, leur santé, leurs comportements et leurs performances zootechniques », indique Ghislain Zuccolo, directeur Général de Welfarm, dans un avant-propos introduisant la liste des recommandations non-exhaustives.
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C’est pourquoi l’association réclame un accès permanent à une eau « fraîche et propre » pour les animaux d’élevage. Et cela demande de surveiller la qualité et le niveau de l’eau dans les dispositifs d’abreuvement en raison du risque d’évaporation. Welfarm demande également d’augmenter le débit d’eau dans les abreuvoirs automatiques. L’association recommande aussi de nourrir les animaux aux heures les moins chaudes. Et elle propose de rééquilibrer les rations alimentaires pour contrebalancer les effets de stress thermiques et prévenir des risques de troubles métaboliques.
Enfin, l’association souhaite que soient modifiées les systèmes de ventilation dans les bâtiments d’élevage terrestre et dans les bassins. Elle demande par exemple de compléter la ventilation naturelle par un système de ventilation mécanique tout en vérifiant son débit. Mais aussi d’utiliser des systèmes de brumisation ou d’aspersion selon les espèces. En plus de ces mesures, l’association recommande de manipuler et déplacer les animaux uniquement aux heures les plus fraîches. « Il est nécessaire de limiter les interventions (tonte, tris, transferts, manipulations hors de l’eau et crowding [surpeuplement, ndlr] pour les poissons) sur les animaux aux heures chaudes et pendant les canicules », précise la liste des recommandations.
Les recommandations à long terme de Welfarm
La liste des mesures transformationnelles se montre plus fournie. Welfarm prévoit en premier lieu la réduction des densités en élevage, la surpopulation étant pointée du doigt par les associations de bien-être animal. « Les surdensités sont un facteur aggravant du stress thermique », alerte Welfarm. L’association recommande ainsi de diminuer les seuils de densité de peuplement maximale.
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Au-delà de la densité, Welfarm demande plus de confort pour les animaux d’élevage. Pour cela, l’association recommande un accès sans limite au plein air. « Les animaux d’élevage terrestres devraient avoir le choix d’aller dehors, dans un parcours aménagé avec des endroits ombragés », insiste l’association. Ces zones ombragées seraient créées « en priorité » par de la végétation. Pour les abris artificiels, Welfarm, conseille de privilégier les matériaux isolants et de couleur claire.
Enfin, Welfarm recommande d’adapter le rythme d’activité des animaux terrestres et de laisser leurs comportements naturels s’exprimer. Il s’agit de leur laisser le choix de sortir à l’extérieur la nuit et de rentrer dans les bâtiments aux heures les plus chaudes de la journée.
Des mesures gouvernementales « insuffisantes »
Le ministère de l’Agriculture et de l’alimentation a fait quelques recommandations aux détenteurs d’animaux avant l’été. Elles concernent par exemple la surveillance des disponibilités en eau fraîche et la ventilation des bâtiments. Mais aussi la limitation de manipulation des animaux et la réduction des densités avant la période estivale.
Cependant, malgré les mesures mises en place par le gouvernement, Welfarm et FNE restent insatisfaits. » (…) les préconisations actuelles sont insuffisantes. Elles ne permettent pas de transformer profondément les systèmes d’élevage, condition nécessaire pour assurer d’une part, une adaptation au changement climatique optimale et, d’autre part, des conditions de vie et de transport plus respectueuses du bien-être des animaux », réagit Welfarm dans un dossier de presse. Plus que de bonnes pratiques, les associations souhaitent que des dispositions plus fortes s’imposent sur le plan législatif et réglementaires.