Les cimetières et les agences funéraires s’adaptent pour prendre en compte les enjeux écologiques. Cimetières naturels, cercueils en cellulose ou en carton et coopératives funéraires se développent en France. Tour d’horizon.
Plusieurs villes de France cherchent à réenchanter la mort. La ville de Niort est précurseur en la matière avec son « cimetière naturel » de Souché, ouvert depuis février 2014. Quelles différences par rapport à un cimetière traditionnel ? En premier lieu, les familles s’engagent à faire porter à leur défunt des vêtements en fibres naturelles, à utiliser des cercueils en bois non traités, sans plastique à l’intérieur, et sans poignées. En plus, elles renoncent aux soins chimiques de conservation, aux pierres tombales, plaques et fleurs en plastique. « On estime à peu près le coût des funérailles ici est trois fois moins cher que pour des funérailles traditionnelles », assure Eve-Marie Ferrer, paysagiste à la ville de Niort, dans une vidéo de présentation.
Depuis 2014, ce cimetière a fait des petits. La commune de Périgné a ainsi lancé le cimetière Saint-Martin (79), doté d’une partie en cimetière naturel, en 2016. Depuis 2018, le cimetière Saint Augûtre sur la commune Coulounieix-Chamiers (24) prend place sur un hectare de pelouse biologique. Et en 2019, un lieu d’inhumation écologique de 1 560 m² a ouvert ses portes au cimetière d’Ivry-sur-Seine (94).
Des coopératives funéraires pour des cercueils plus écologiques
Face à ces cimetières naturels et la prise en compte des enjeux écologiques par leurs clients, les agences funéraires proposent des offres «écologiques». « La plupart des grands groupes importent les bois de Russie ou de Chine : ils font de l’écologie dans les funérailles en replantant des arbres dans ces pays, dénonce Agnès Dione. L’entrepreneure et militante écologiste a créé Accmé à Poitiers en 2019, une agence funéraire ne souhaitant proposer que des cercueils écologiques. Ceux-ci sont en bois non traité et les vernis certifiés sans solvant, ou en matériaux recyclés et biodégradables. Les accessoires et poignées sont également en matériaux biodégradables.
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Alors que le projet de cimetière naturel à Poitiers reste dans les cartons, Agnès Dione veut accélérer le mouvement en créant une coopérative funéraire dans la ville. Déjà présentes à Rennes, Nantes et Bordeaux, ces associations de personnes proposent une alternative aux réseaux d’entreprises, alors que la Cour des comptes dénonce le manque de transparence des prix pratiqués. «Les cercueils écologiques se répandent dans les coopératives funéraires, mais ils ne représentent encore que 1% des ventes de cercueils en France», prévient Agnès Dione.
Des cercueils en cellulose ou en carton
Souhaitant participer au changement d’échelle du marché, l’entreprise propose des cercueils en cellulose fabriqués en Auvergne ou en carton fabriqués à Nîmes. « Pas question que mes cercueils prennent l’avion ou les bateaux : je veux du local et un travail local », explique Agnès Dione. « Les cercueils en cellulose sont constitués de déchets de bois recyclés : on ne coupe pas d’arbres pour les fabriquer, mais on utilise le chutes des scieries, des déchets de bois ou de meubles, détaille l’entrepreneure. À la place des colles traditionnelles, on utilise de la colle d’amidon et de pomme de terre, sans solvant. »
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Elle poursuit : « Nous proposons aussi des cercueils en carton recyclé. Ces cercueils sont personnalisables avec un imprimé en plastique biodégradable réalisé par l’entreprise Personifia. Un avantage à souligner est que dans le cadre d’une crémation, on dépense moins de gaz, car un cercueil en carton brûle en 1h30 contre 2 heures pour un cercueil en bois. »
Dans son magasin situé Porte de Paris à Poitiers, Agnès Dione propose aussi des cercueils en pin ou chêne brut, sans solvant, livrables partout en France. « Le cercueil en cellulose est vendu à 480 €, les cercueils personnalisés en chêne naturel coûtent de 950 € à 1500 €. On est loin des 4000 à 8000 € pour les cercueils vernis », conclut-elle.