Le changement climatique impacte le goût des clémentines corses, fruits star de l’hiver. Leur acidité diminue, selon des chercheurs de l’Inrae basés à San Giuliano en Corse.
En automne, les températures augmentent en Corse sous l’effet du changement climatique. Cela a une conséquence inattendue. Alors que les clémentines sont en pleine maturation et au moment où la lumière nécessaire à la photosynthèse baisse, cette hausse des températures accélère la respiration du fruit qui en vient à puiser dans ses réserves d’acide citrique, explique Olivier Pailly, directeur de l’unité de recherche Inrae sur les agrumes, basée à San Giuliano (Haute-Corse) dans une actualisation d’une recherche publiée début décembre.
Depuis une quinzaine d’années, les chercheurs relèvent une diminution de l’acidité des clémentines, poursuit-il. Or, « l’acidité est un exhausteur d’arômes. L’équilibre entre acides et sucres est essentiel », détaille le chercheur qui décrit les agrumes comme « les rois de l’accumulation des acides ».
Des clémentiniers, proies du réchauffement
« Le réchauffement climatique a un réel impact sur les clémentiniers », conclut l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae). L’institut dispose en Corse d’une collection d’agrumes comptant plus de 1.100 espèces et variétés différentes. Celle-ci conserve plus de 70 variétés de clémentines dans « la première collection mondiale de ressources génétiques de mandarines et clémentines ».
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La clémentine est née de l’union fortuite d’une fleur de mandarinier et d’oranger douce. Elle se distingue de la mandarine par son absence de pépins et son goût plus acidulé. C’est cette acidité qui fonde la typicité de l’Indication Géographique Protégée (IGP) « Clémentine de Corse ».
En recherche de nouvelles variétés
Pour s’adapter au climat du futur, les agronomes cherchent donc « des variétés plus acides et tardives » en « revisitant » des résultats d’essais de variétés de clémentines provenant du monde entier indique Olivier Pailly. « Si les changements climatiques s’accentuent, nous serons alors capables de proposer plus rapidement des variétés plus adaptées », explique-t-il.
En parallèle, son équipe étudie l’influence des méthodes agricoles sur l’acidité des fruits. Les « pratiques plus écologiques » comme l’enherbement des vergers, la fertilisation organique, la conduite de stress hydrique qui revient à réduire les apports d’eau d’irrigation, « favorisent le maintien de la qualité du fruit », l’étalement des récoltes et contribuent à l’adaptation au changement climatique, souligne l’Inrae.
Chaque année, la Corse récolte « 20.000 à 30.000 tonnes » de clémentines, selon François-Xavier Ceccoli, producteur et président du groupement Corsica comptoir. L’organisation réunit 70 producteurs, loin derrière l’Espagne, plus gros producteur européen avec 1,3 à 1,4 million de tonnes.
Natura Sciences avec AFP