Les crapauds buffles constituent le nouveau fléau animalier en Australie. Investissant campagnes et villes, ils se retrouvent par centaines de millions à travers le nord du pays. La solution privilégiée pour les exterminer est d’en faire de l’engrais pour les champs de canne à sucre du pays.
Le politicien australien Shane Knuth est à l’origine d’un projet ambitieux pour lutter contre le fléau de crapauds buffles dans le nord de l’Australie. Fin mars, une battue a été organisée afin de mettre fin à leur prolifération. On réservait aux crapauds buffles un recyclage en tant qu’engrais pour les champs de canne à sucre. Cette méthode, sans douleur, a été saluée par les milieux de protection des animaux. Shane Knuth espère renouveler l’expérience à une échelle plus importante.
De l’engrais de crapaud buffle !
L’idée d’un engrais liquide à base de crapaud buffle vient du groupe environnemental Frog Watch. Leur procédé: on mélange les carcasses de crapauds buffles à une solution alcaline, ce qu reproduit le processus de digestion sur 24 heures. Des sucres sont ensuite ajoutés au mélange pour favoriser la décomposition bactériologique. Au final, un engrais sûr, à base de produits majoritairement naturels, a pu être livré. On peut notamment produire jusqu’à 300 litres d’engrais avec 200 kilogrammes de carcasses.
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Le grand spécialiste de la question, Rick Shine, avance que les crapauds buffles gagnent chaque année de 40 à 60 kilomètres de territoire, se retrouvant dans des aires autour des installations humaines, et même, dans certaines villes. Leur nombre s’élèverait à plusieurs centaines de millions dans le Nord du pays. Le gouvernement encourage donc les actions communautaires visant à l’élimination des crapauds buffles dans les états affectés et à leur gestion.
Un intrus venu d’Amérique du Sud
Après la prolifération tristement connue des lapins introduits par les premiers colons, l’Australie, connait actuellement celle du crapaud buffle. Endémique à l’Amérique du sud, ce batracien y a été introduit en 1935, pour lutter contre les insectes ravageant les plantations de canne à sucre dans le Nord du pays. Depuis, il est devenu un fléau pour de nombreuses espèces et a rapidement envahi un territoire d’une superficie comparable à celle du Québec.
Sa présence et sa haute toxicité a contribué à la diminution de certains animaux, dont les serpents, les lézards et quelques marsupiaux. D’après le Département australien de l’Environnement, de l’Eau, du Patrimoine et des Arts, les toxines du crapaud buffle sont présentes dans sa peau et ses organes et peuvent être sécrétées par les glandes situées derrière sa tête, lorsqu’il se sent menacé. Ainsi, d’une seule bouchée, le prédateur est empoisonné.
Auteur : Matthieu Combe, fondateur du webzine Natura-sciences.com