À la rentrée du Medef, ce lundi, la Première ministre Élisabeth Borne a appelé les entreprises à la sobriété énergétique. Si tout le monde ne met pas la main à la pâte, les entreprises pourraient être les premières touchées.

La rentrée du Medef était particulièrement attendue du côté des entrepreneurs. Ce lundi, lors de la Rencontre des Entrepreneurs de France (REF), la Première ministre Élisabeth Borne a demandé aux entreprises de s’inscrire dans une logique de sobriété énergétique. Le Thème de cette édition de la REF : « Euro visions ». Mais rien à voir avec le célèbre concours de chant. Il s’agit, dans un contexte politique marquée par la guerre en Ukraine, de la « souveraineté énergétique européenne », explique Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef.
Élisabeth Borne le dit : dans le cas « où la Russie venait à couper les exportations de gaz », les conséquences « économiques et sociales » seraient dramatiques. La Première ministre a ainsi prévenu les entrepreneurs, chacun devra faire des efforts. Les difficultés du moment ne sont pas passagères.
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Une responsabilité collective
Un peu avant 15 heures, Élisabeth Borne commence son allocution. Elle appelle le Medef, à la « responsabilité collective » en matière d’économies d’énergie. Elle insiste : « il faut agir plus vite et plus fort face au dérèglement climatique ». Il faut lutter contre « la flambée des prix de l’énergie ».
« L’heure n’est plus aux demies-mesures, l’heure n’est plus au chacun pour soi, l’heure est à la responsabilité collective », a-t-elle dit devant les patrons français. Elle invite l’état, les entreprises et les particuliers à « préférer les économies choisies plutôt que les coupures subies ». L’objectif : « surmonter le risque de pénurie de gaz cet hiver et atténuer le dérèglement climatique ». Elle ajoute : « nous devons agir plus vite et plus fort ».
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Réduire les consommations de 10%
Élisabeth Borne invite ainsi les entreprises à établir en septembre des « plans de sobriété » énergétique. Avec comme objectif de réduire les consommations d’énergie de 10%. Car « si chacun ne prend pas sa part, ou que toutes les hypothèses défavorables se conjuguaient », comme l’arrêt total des approvisionnements en gaz de la Russie, « nous serions amenés à imposer des baisses de consommation », a-t-elle prévenu.
« Chaque entreprise doit se mobiliser et agir. J’appelle donc chacune à établir, en septembre, son propre plan de sobriété », a-t-elle affirmée depuis son pupitre. La Première ministre donne alors « rendez-vous » aux entreprises, début octobre, pour tirer un « premier bilan » de ces plans d’économies d’énergie. Elle a également détaillé sa méthode en matière de planification écologique, avec le lancement en septembre de discussions dans trois secteurs : les forêts, l’eau et la production d’énergie décarbonée. Autrement dit le nucléaire, les énergies renouvelables, et « un tableau de bord » de suivi.
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Des risques de rationnement pour les entreprises
La Première ministre a rappelé qu’il est de la responsabilité de chacun d’agir contre le dérèglement climatique. Et « si nous devions en arriver au rationnement, les entreprises seraient les premières touchées ». Elle estime que « nous devons malheureusement nous y préparer ».
Dans son discours, prônant finalement la sobriété généralisées face aux menaces de pénurie cet hiver, induites par la guerre en Ukraine, Élisabeth Borne a indiqué que le gouvernement travaillait sur la piste d’un « marché d’échange de droits à consommer », et envisageait d’éventuelles « mesures de soutien adaptées » pour certaines entreprises. Côté particuliers, elle a souligné que chacun économiserait l’énergie « compte tenu de ses moyens ». Elle a précisé que « les Français en précarité énergétique ne sont pas ceux qui devront encore faire des efforts ».
Un discours critiqué par les ONG
Le discours d’Élisabeth Borne a suscité la colère des ONG et notamment de Greenpeace. Dans un communiqué, l’organisation fustige la Première ministre. « Devant le patronat, Elisabeth Borne s’est contentée de rappeler l’urgence de la situation sans aucune remise en question du modèle économique incompatible avec l’accord de Paris, ni annonce concrète de mesures radicales pourtant promises depuis des semaines. Un discours complaisant avec les entreprises, sans évoquer de possibles régulations, alors que l’heure n’est plus aux vœux pieux », peut-on lire.
“Ce discours présenté comme clé pour la rentrée politique du gouvernement a un air de déjà-vu. Madame Borne a reconnu que l’été avait sonné comme un ‘puissant rappel à ‘l’ordre’ et pourtant les fausses solutions que le gouvernement précédent brandissait déjà comme un étendard continuent de faire partie de l’histoire que l’exécutif veut nous raconter, et qui nous mènent droit dans le mur, regrette Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France. L’association est effarée que le terminal méthanier du Havre ait été cité par Élisabeth Borne comme une action du gouvernement en faveur de l’environnement.