L’Ile-de-France produit 15% des déchets ménagers français. Elle n’en recycle que 28%. La grande majorité de ses déchets est incinérée (62%). Une part non négligeable finit encore en décharge (9%). Le rapport annuel de la Cour des comptes épingle la région et la capitale pour ces résultats médiocres.
En 2014, chaque Francilien produisait 462 kg de déchets ménagers et assimilés. La Région n’en recyclait que 28 %. A Paris, les résultats sont catastrophiques. Le taux de recyclage peine à atteindre 17,4%. Ces résultats médiocres sont loin de la moyenne française (39 %). Et pourtant… ces résultats nationaux sont déjà loin de la moyenne européenne de 44,6 %! Nos voisins allemands sont champions. Ils recyclent déjà 64% de leurs déchets.
L’Ile-de-France et Paris sont loin d’atteindre les objectifs de recyclage nationaux. La loi Grenelle avait fixé un objectif de 45% de déchets recyclés pour 2015. La loi de transition énergétique pour la croissance verte est plus ambitieuse. Elle fixe un objectif de recyclage de 55 % en 2020 et de 65 % en 2025.
Paris: le recyclage pour les nuls
La Cour des comptes dénonce le manque d’engagements pour le recyclage en Ile-de-France. A Paris, la situation est grotesque. Un immeuble sur trois n’y a pas de bac pour recycler les bouteilles de verres. Un sur six manque de poubelle pour les papiers les emballages. La capitale ne comprend que 887 conteneurs à verre pour 2,2 millions d’habitants.
La région ne compte que 174 déchetteries publiques, dont 75% en grande couronne. Cela équivaut à une installation pour 69.000 habitants. Contre une pour 14.000 habitants dans le reste de la France. Mais il y a pire: Paris intra-muros n’accueille que 8 déchetteries. Soit une déchetterie pour 275.000 habitants! 10 nouvelles devraient rejoindre les rangs d’ici 2020.
Même lorsque les Franciliens trient, ils trient mal. La Cour des comptes note que la qualité de la collecte est « très médiocre» et « sans amélioration depuis 2005 ». A l’entrée des centres de tri, 25,7% des déchets collectés étaient encore refusés en 2014. Les Franciliens font beaucoup trop d’erreurs de tri. La Cour des comptes note une communication presque inexistante sur les consignes de tri. Celles-ci sont « parfois obsolètes et souvent mal comprises ».
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Recycler les biodéchets pour réduire les poubelles
La collecte sélective des biodéchets est « inexistante », note le rapport. Pourtant, les biodéchets alimentaires représentent un quart des déchets collectés dans les ordures ménagères. Les sages notent que même pour les restaurants produisant plus de 300 repas par jour et des commerces alimentaires, la collecte des biodéchets alimentaires reste quasi-inexistante en Île-de-France, alors que la loi l’impose depuis janvier 2016 et prévoit sa généralisation d’ici 2025. Des villes telles que Lorient et Montpellier sont pionnières en France.
Pour améliorer le recyclage, la Cour propose de développer le dépôt volontaire de bacs par quartier, de modernsier les centres de tri, et d’organiser la collecte selon 4 flux de matériaux : le verre, les emballages légers, les biodéchets et les cartons/papiers. La Ville de Paris a récemment annoncé le lancement d’une expérimentation pour la collecte des biodéchets des particuliers dans les 2e et 12e arrondissements ainsi qu’une collecte pour le secteur de l’hôtellerie et de la restauration.
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Une organisation « éclatée » et peu performante
Malgré ces faibles performances, les coûts sont élevés. Le coût de gestion du service public des déchets s’élève à 72€ HT par habitant, contre 63€ HT en moyenne en France. La Cour des comptes souligne une organisation « éclatée » et peu performante qui ne prend pas en compte la recomposition en cours de l’intercommunalité. En effet, 26 organismes différents s’occupent du traitement des déchets pour 12 millions d’habitants. La moitié s’occupe également de la collecte. Le Syctom s’occupe des déchets de 5,6 millions d’habitants et traite à lui seul 44 % des déchets franciliens. Le Sirédom dans l’Essonne, deuxième syndicat francilien en termes de population couverte, ne traite que 7% des déchets.16 % des déchets franciliens sont traités par 12 syndicats qui couvrent chacun moins de 200 000 habitants. Le Smirtom du Vexin couvre le plus petit bassin de collecte, avec 66 918 habitants.
La Cour des comptes propose d’interdire pour une intercommunalité d’adhérer à plusieurs syndicats de traitement afin de permettre aux préfets « d’engager la recomposition de ces syndicats de traitement, selon un calendrier progressif, tenant compte des contraintes d’exploitation des équipements ».
Pourquoi un prix si élevé? L’industrie, les commerces et les services ne sont mis à contribution via la redevance spéciale que par 30% des communes, pour un montant global correspondant à 5% du coût de gestion de leurs déchets. Quant aux producteurs de produits mis sur le marché, partiellement assujettis au financement via les filières de responsabilité élargie du producteur (REP), avec 8% des déchets pris en charge, leur contribution en Île-de-France est inférieure à la moyenne nationale. La Cour des Comptes propose donc de revoir le barème de contribution des éco-organismes Eco-Emballages et Eco-Folio.
Auteur : Matthieu Combe, fondateur du webzine Natura-sciences.com