Sous prétexte qu’ils fréquentent les profondeurs marines, qu’ils demeurent hors de notre vue et qu’ils ne poussent pas de cris, la souffrance des poissons et des autres animaux marins est invisibilisée. Aujourd’hui, reconnaissons cette souffrance et engageons-nous à y mettre fin. Une tribune de Peta France pour Natura-sciences.com.
Ce 24 mars marque la deuxième édition de la Journée mondiale pour la fin de la pêche. Cette journée mondiale s’est tenue pour la première fois le 25 mars 2017 dans près de 30 villes à travers le monde. Le but de cette initiative – crée par l’association suisse Pour l’Égalité Animale (PEA) – est de revendiquer la fin de l’exploitation des poissons sous toutes ses formes. Cette année, plus de 60 événements et manifestations ont lieu partout dans le monde pour mettre le sort de ces « grands oubliés » sur le devant de la scène. L’intérêt pour les espèces marines croît visiblement, à mesure que le grand public prend conscience des souffrances qu’ils subissent.
Cela peut être difficile à croire, mais les poissons et les invertébrés aquatiques constituent la majorité des animaux qui servent de nourriture aux humains ou aux animaux dans les élevages. Puisque plusieurs milliers de milliards de ces êtres sont massacrés chaque année, la production ne se mesure souvent pas en chiffres mais en poids. Pourtant sensibles, intelligents et dotés de personnalités uniques, ils ne sont pas considérés comme une masse indistincte de chair par l’industrie agro-alimentaire.
Des poissons bien plus intelligents que ce que l’on pense
Les poissons sont des animaux qui peuvent être sociaux et même affectueux. Ils sont capables de communiquer à l’aide d’une grande variété de sons, de coopérer pour atteindre un but et d’utiliser des méthodes habiles et impressionnantes pour échapper à leurs prédateurs. Ils font même preuve de capacités émotionnelles proches de celles des mammifères. Enfin, ils mettent en place l’un des systèmes sociaux les plus complexes du règne animal, selon certains experts. Comme le souligne l’éthologue américain Jonathan Balcombe dans son livre What a Fish Knows (Ce que savent les poissons), quelques espèces de poissons seraient même plus intelligentes que les reptiles, les oiseaux et même certains mammifères.
Néanmoins, ces animaux subissent des atrocités : capturés par milliers dans d’immenses filets de pêches, écrasés les uns contre les autres, leurs délicates écailles arrachées, ou au bout d’hameçons qui leur transpercent la bouche. Le changement soudain de pression lorsqu’ils sont brusquement arrachés aux profondeurs de l’océan peut faire sortir leurs yeux de leurs orbites, éclater leurs vessies et détruire leurs branchies. Traînés jusque sur les ponts de bateaux de pêche, ils suffoquent lentement hors de l’eau ou sont éviscérés vivants par les pêcheurs. De plus, d’innombrables espèces non ciblées se retrouvent capturées (des requins, des tortues, des dauphins, et mêmes des oiseaux marins) et meurent dans les filets gigantesques de cette industrie qui massacre sans distinction.
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Des élevages intensifs guère plus respectueux
Les poissons dans les élevages intensifs ne sont pas mieux lotis. Ils subissent un confinement extrême dans des conditions insalubres. En plus, ils souffrent de virus, de parasites et de blessures, avant de finir tués au gourdin ou au couteau. Une étude a démontré que des saumons élevés dans un élevage intensif souffraient tellement du stress causé par leurs conditions de vie que cela retardait gravement leur croissance. Leur « profil comportemental […] rappelait un état dépressif, similaire à ceux décrits chez les mammifères ».
Et que dire des crustacés élevés pour la consommation ? De nombreux supermarchés vont jusqu’à vendre ces animaux vivants. Ils sont entassés dans des caisses à l’air libre où ils sont lentement asphyxiés, ou dans des viviers sans aucun enrichissement, les pinces fermement ligotées. Ils finiront ébouillantés vivants. Mais les homards, par exemple, sont des individus intelligents, capables d’éprouver de la douleur. Selon le Panel on Animal Health and Welfare (le Comité pour la santé et le bien-être des animaux) européen, ils montrent les signes d’un certain degré de conscience et ont une capacité d’apprentissage considérable.
Construire un nouveau lien avec le monde animal
Heureusement, les aptitudes impressionnantes de ces animaux sont de plus en plus reconnues et inspirent de nombreuses initiatives en leur faveur. Une interdiction de la pêche à Paris a récemment été présentée au Conseil de Paris par la conseillère Danielle Simonnet. Une campagne d’affichage de l’association Paris Animaux Zoopolis recouvre le métro parisien, rappelant aux voyageurs que : « Les poissons aussi souffrent, eux aussi veulent vivre ».
En cette Journée mondiale pour la fin de la pêche, nous demandons à toute personne qui se soucie du bien-être animal d’épargner ces atrocités aux poissons et autres espèces marines en s’engageant à ne plus les consommer. Les personnes souhaitant en apprendre plus sur un mode de consommation respectueux des animaux peuvent télécharger gratuitement le « Guide du végan en herbe » de PETA.
Tribune d’Anissa Putois, pour PETA France