En Savoie comme partout en France, à l’approche des fêtes de fin d’année, de nombreux supermarchés proposent à la vente des homards vivants importés notamment d’Amérique du Nord. L’Association Animal Justice Savoie (AJAS) dénonce les conditions de pêche, de détention, de transport et d’abattage de ces homards. Elle demande aux enseignes de la grande distribution de ne plus s’approvisionner en crustacés vivants.
Dans quelques jours, ils seront au menu de nombreux repas de fêtes. Sur les étals des rayons poissonnerie de certains supermarchés, les homards attendent, vivants. Mais leur sort dérange parfois. Près d’Annecy, l’association Animal Justice Savoie (Ajas) voit rouge. Elle rappelle que ces crustacés sont des « êtres vivants dotés de sensibilité ». Les homards éprouvent « de la douleur et de l’anxiété. Ils sont capables d’apprendre », tient à rappeler l’association dans un communiqué, en se basant sur des données scientifiques. C’est pour ces raisons que les militants de l’association fustigent les conditions de commercialisation des homards.
Le homard, « exigence de clientèle »
Alertée par plusieurs clients, l’Ajas a écrit aux supermarchés pour leur demander de cesser de s’approvisionner en crustacés vivants, du fait de la souffrance causée par ce type de commerce. Une enseigne est plus particulièrement concernée : la chaîne Provencia qui détient un grand nombre de magasins Carrefour Market en Rhône-Alpes. « Dans un courrier, la direction de Provencia a rejeté toute discussion avec l’Ajas à ce sujet, arguant que le homard répondait aux exigences d’une partie de leur clientèle », explique l’ONG dans son communiqué.
Auprès du grand public, l’Ajas demande aux consommateurs de « se détourner de l’achat et la consommation de crustacés ». Elle incite à privilégier les alternatives végétales éthiques et sans souffrance. « Nous demandons aux enseignes de la grande distribution et aux acteurs de la restauration de ne pas s’approvisionner et de ne plus commercialiser de crustacés vivants », déclare Pauline di Nicolantonio, présidente de l’Ajas. En effet, le parcours des homards de la mer à l’assiette est très long.
Lire aussi : 6 astuces pour un Noël moins polluant
Le calvaire des homards que dénonce l’Ajas débute dès la pêche La directrice de l’Ajas explique : « Les homards sont généralement pêchés au casier et remontés à bord, où leurs pinces sont ligotées immédiatement. Ils garderont ces attaches jusqu’à leur mort. Certains animaux sont mutilés, on leur entaille les griffes à titre préventif. Du fait des manipulations, sur les bateaux, la mortalité est déjà de l’ordre de 2 à 3% selon l’Ifremer. »
Privés de nourriture et d’oxygène
Autre problème : les homards viennent de très loin. L’Ajas indique que la plupart des homards vendus en Europe proviennent d’outre-Atlantique. « Les deux types de homards commercialisés en France sont le homard européen et le homard américain. Tous deux sont issus de la pêche puisque les méthodes d’élevage sont, pour le moment, insuffisamment rentables », détaille Pauline di Nicolantonio. L’Amérique du Nord est le premier exportateur mondial de homards, avec 100.000 tonnes par an. La plupart des animaux y sont pêchés au Canada. Puis, les individus destinés au marché mondial transitent en camion jusqu’aux États-Unis.
Lire aussi : Les cuisses de grenouilles manquent d’étiquette !
Arrivés aux États-Unis, les homards sont à nouveau stockés vivants dans d’immenses halls ou des parcs à marée. Ensuite, ils sont expédiés en avion. « Les homards américains sont exportés dans des caisses de polystyrène avec de la sciure de bois ou des journaux imbibés d’eau de mer », précise Pauline di Nicolantonio. Afin de limiter les pertes, les homards ne sont pas nourris les jours qui précèdent le vol pour limiter leur besoin en oxygène. « Malgré tout, près de 5% des animaux ne survivront pas à l’expédition en avion », déplore-t-elle. La France est particulièrement concernée par ce commerce. « En 2020, la France a importé 2.600 tonnes de homards vivants », assure Pauline di Nicolantonio.
Une mise à mort cruelle
À l’autre bout de la chaîne, dans les cuisines, l’Ajas a d’autres pratiques à déplorer.« Les homards sont parfois démembrés vivants, parfois assommés, coupés en deux, décapités au couteau de cuisine ou encore ébouillantés », explique la présidente de l’ONG.
Lire aussi : Le foie gras : une torture haut de gamme
Dans tous les cas, il n’est « pas possible de tuer un homard sans souffrance », avertit l’Ajas. « Les méthodes d’abattage les moins aversives pour les animaux nécessitent un étourdissement, c’est-à-dire une insensibilisation électrique ou destruction mécanique du cerveau. Dans le monde, quelques rares professionnels se sont dotés d’un appareil d’étourdissement spécifique, permettant d’obtenir une insensibilité instantanée sans causer douleur ni détresse à l’animal », ajoute Pauline di Nicolantonio. « Il n’est donc pas possible pour un restaurateur et encore moins pour un amateur de tuer un homard sans souffrance », insiste la présidente l’Ajas. C’est pourquoi l’Association Animal Justice Savoie appelle à mettre un terme à ce qu’elle qualifie de « massacre ».