Les émissions de gaz à effet de serre en France auraient baissé de 2,5% en 2022. Une bonne nouvelle après le rebond post-pandémie de 6,4% en 2021. Le gouvernement y voit une avancée grâce au plan de sobriété, les observateurs sont moins formels et soulèvent les effets conjoncturels.
D’après les chiffres provisoires du bilan des émissions de gaz à effet de serre en France pour l’année 2022, publiés par le Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (Citepa), les émissions de gaz à effet de serre françaises auraient baissé de 2,5% en 2022. Les émissions avaient baissé de 9,6 % en 2020 en lien avec les restrictions dues au Covid-19, avant un rebond de +6,4% en 2021.
Selon cet organisme mandaté pour évaluer ces émissions, elles s’élèvent désormais à 408 millions de tonnes équivalent CO2, soit 10 millions de tonnes de moins que l’année précédente. Il s’agit en apparence d’une bonne nouvelle, puisque la France atteint ainsi les objectifs de sa stratégie nationale bas carbone qui visait une trajectoire émettant 410 millions de tonnes équivalent CO2 maximum.
Cette baisse est particulièrement importante dans certains secteurs. C’est notamment le cas pour le secteur résidentiel qui présente une baisse moyenne de ses émissions sur l’année de 15% et pour l’industrie dont la baisse atteint -8%. En revanche, les émissions augmentent pour les transports (+2%) et la production d’énergie (+8%).
Une baisse grâce au plan de sobriété ?
Le gouvernement se félicite de ces résultats qui proviendraient, selon lui, du plan de sobriété énergétique. L’amélioration de ces chiffres « sur le secteur résidentiel et tertiaire notamment, traduisent les effets de notre politique climatique ces derniers mois », a commenté Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la transition énergétique.
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Le Citepa précise que sur les neuf premiers mois de l’année 2022, ces émissions avaient quasiment stagné (-0,3 %) par rapport à la même période de 2021. Mais « d’octobre à décembre 2022, les émissions mensuelles sont en forte baisse par rapport à celles de 2021 (-9 % en octobre, -11 % en novembre, -5 % en décembre)« , souligne l’organisme.
Pour le Citepa, l’origine de cette baisse est multifactorielle. Dans le secteur résidentiel par exemple, la baisse d’émissions « s’explique notamment par une forte réduction de la consommation d’énergie fossile dans contexte de crise énergétique avec une hausse des prix du gaz et produits pétroliers, des appels à la sobriété énergétique auprès des ménages et des entreprises, un recours accru au bois, et un hiver très doux ».
Pour sa part, Anne Bringault, coordinatrice des programmes au Réseau Action Climat (RAC), estime aussi que les baisses enregistrées en 2022 « sont un peu en trompe-l’oeil« . Le résidentiel notamment a « beaucoup bénéficié de températures très clémentes sur la dernière partie de l’année », note-t-elle auprès de l’AFP. « L’industrie a également subi avec la hausse des prix de l’énergie des arrêts conjoncturels qui ne sont pas réellement des politiques de lutte contre le changement climatique, et qui risquent de ne pas se reproduire« , prévient-elle.
Plan de sobriété, inflation ou hiver trop doux, une baisse de 2,5% n’est pas pour autant suffisante pour que la France parvienne à atteindre son objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050. Pour cela, et selon le Haut Conseil pour le Climat, les émissions devraient diminuer d’au moins 4,7% par an sur la période 2022 – 2030 pour que la France atteigne ses objectifs de décarbonation.