2022 s’achève après avoir mis le monde à rude épreuve. Loin d’être rose, cette année nous a tout de même apporté son lot de bonnes nouvelles et d’avancées majeures pour la protection de l’environnement. Natura Sciences en retient notamment cinq qui invitent à l’optimisme avant de passer à la nouvelle année.
Incendies dévastateurs cet été, flambée du coût de l’énergie, conflits mondiaux… 2022 n’a pas toujours offert une actualité réjouissante. Mais ces douze derniers mois ont aussi été marqués par du positif, y compris pour l’environnement. Pour finir sur une belle note, nous avons repéré pour vous les 5 avancées majeures pour la nature et la biodiversité de cette année.
1. La France annonce sa sortie du Traité sur la Charte de l’Energie
Le vendredi 21 octobre, Emmanuel Macron a annoncé la sortie de la France du Traité sur la Charte de l’Energie (TCE) au terme du sommet européen de Bruxelles. Cet accord international de commerce et d’investissement, a été signé en 1994 par une cinquantaine de pays. Il donne la possibilité aux investisseurs d’attaquer en justice les gouvernements dès lors que ces derniers modifient leurs politiques énergétiques dans un sens contraire à leurs intérêts. Une option qui apparaît pour beaucoup comme un non-sens écologique aujourd’hui et qui paralyse les objectifs de la transition énergétique.
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Selon des informations du quotidien Le Monde, la France vient de notifier officiellement son retrait, qui deviendra effectif dans un an, au 1er janvier 2024. Une vingtaine d’organisations appelle désormais le gouvernement à travailler sur un retrait coordonné de l’Union européenne de ce traité. La modernisation du traité doit faire l’objet d’un vote en avril prochain.
2. La France s’engage contre l’exploitation des fonds marins
Dès les premiers jours de la COP27 en Égypte, Emmanuel Macron l’annonçait : « Comme l’a été l’espace, les océans doivent être une nouvelle frontière pour la coopération et le multilatéralisme. Nous devons tout faire pour les préserver en matière climatique ainsi que leur biodiversité. » Il s’est notamment engagé à s’opposer à l’exploitation minière en fonds marins. Lors de la COP15 biodiversité à Montréal en décembre, Hervé Berville, secrétaire d’État à la Mer rappelé l’opposition de la France à l’exploitation minière des grands fonds.
Si certains permis d’exploration ont bien été accordés dans le monde, aucun permis d’exploitation n’a encore été livré. Mais les industriels miniers mettent de plus en plus la pression pour opérer. Les explorations de ce type restent encore marginales, mais pourraient rapidement se développer. « Pour le moment, une trentaine de permis d’exploration ont été donnés par les autorités« , partage François Chartier, chargé de campagne de Greenpeace. Mais l’ONG de défense de l’environnement craint de voir le deep sea mining se démocratiser. L’année 2023 sera capitale pour rallier davantage de pays pour un moratoire sur l’exploitation des fonds marins.
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3. L’Europe s’engage contre la déforestation importée
Ce mois de décembre, le Parlement européen et les États membres ont scellé un accord historique contre la déforestation. Désormais, l’importation des produits qui contribuent à la déforestation est interdite. Le bois, le cacao, l’huile de palme, le café, ou encore la viande bovine sont notamment concernés. Cette nouvelle loi garantira aux acheteurs européen que les produits qu’ils achètent n’ont pas contribué à la déforestation.
Cette décision était très attendue par les défenseurs de l’environnement, lorsque l’on sait que 420 millions d’hectares de forêts – soit une superficie plus grande que l’UE – ont été détruits à cause de la déforestation entre 1990 et 2020. Ce règlement est le premier au monde à s’attaquer à la déforestation mondiale et réduira considérablement l’empreinte de l’Union européenne sur la nature. À elle seule, l’UE est responsable de 10 % de cette déforestation via ses importations, selon L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture.
4. Les ventes de seconde main et les énergies renouvelables décollent
La mode est l’une des industries les plus polluantes. Les émissions mondiales générées par la production de textile s’élèvent à 4 milliards de tonnes d’équivalent CO2 par an. Mais bonne nouvelle : encore boudé il y a quelques années, le marché de la seconde main est en 2022 en pleine expansion. Selon une étude menée par l’institut BCG pour le site Vestiaire Collective, le marché du vintage serait cette année évalué entre 100 et 120 milliards de dollars, soit plus du triple qu’en 2020. Les ventes de seconde main ont connu une augmentation annuelle comprise entre 20 et 30 %.
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Poussée par la crise mondiale de l’énergie et ses prix qui explosent, les installations d’énergie renouvelable se sont multipliées en 2022. L’agence internationale de l’énergie estime même qu’elles devraient dépasser le charbon d’ici au début de 2025. Elles deviendraient ainsi la première source d’électricité mondiale. Selon un rapport mené par le think thank Ember, la croissance de l’éolien et du solaire au niveau mondial a permis d’empêcher une hausse de 4 % des émissions du secteur électrique. Et cette croissance n’est pas prête de s’arrêter selon l’agence internationale de l’énergie. « Entre 2022 et 2027, les énergies renouvelables doivent croître de 2.400 GW dans notre scénario central, c’est l’équivalent de l’ensemble des capacités de production d’électricité installée en Chine actuellement. Cela représente aussi une accélération de 85 % par rapport aux cinq années précédentes. »
5. Patagonia fait un énorme don à la planète
En septembre, Yvon Chouinard, fondateur de la marque de vêtements Patagonia, a décidé de faire don de son entreprise à la lutte contre le changement climatique. L’homme connu pour ses prises de position en faveur de l’environnement renonce ainsi à une fortune colossale. L’entreprise est en effet évaluée à 3 milliards de dollars. Désormais, Patagonia léguera tous ses bénéfices, soit environ 100 millions de dollars par an, à divers organismes de lutte contre le changement climatique et de protection des terres non exploitées dans le monde.
« La Terre est maintenant notre seul actionnaire », écrit Yvon Chouinard dans une lettre postée sur le site de Patagonia. Fondée il y a près de cinquante ans, la marque de vêtements s’est rapidement engagée en faveur de la protection de la nature, en choisissant contentieusement ses matières premières ou en donnant 1% de ses ventes chaque année à des ONG environnementales.