Inciter les Français à réparer leurs appareils électroniques pour moins jeter, c’est ce que propose le « bonus réparation » que lancera le gouvernement à la mi-décembre. Certaines associations jugent l’aide encore trop faible par rapport aux besoins.
![Les consommateurs pourront compter sur des réparateurs labélisés avec une aide financière. // PHOTO : Adobe Stock](http://natura-sciences.com/wp-content/uploads/2022/11/bonus-reparation-1024x576.jpg)
Alors que Charm el-Cheikh en Égypte vit au rythme de la COP27 qui se clôtura ce vendredi 18 novembre, le gouvernement annonce le lancement d’un nouveau bonus écologique. « Le bonus réparation », qui doit voir le jour le 15 décembre prochain, vise à ramener la réparation des appareils électroniques tels que les smartphones dans les habitudes des Français. Concrètement, il doit aider les ménages à financer ces réparations.
Ce dispositif est financé par le « fonds réparation », dont la création est encadrée par la loi économie circulaire (loi Agec). Ce fonds est doté de 410 millions d’euros pour six ans et il concerne les équipements électriques et électroniques. Les industriels, via les éco-organismes chargés de gérer la fin de vie des appareils, doivent assurer son financement.
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Une aide accessible pour rassurer les consommateurs
Dans un premier temps, rappelons ce qu’est le fonds réparation. « Son objectif est de répondre à certaines attentes des consommateurs. Le premier est de pouvoir s’adresser à un réparateur de confiance. C’est-à-dire de faire en sorte que la réparation se fasse dans les meilleures dispositions possibles avec un réparateur labellisé QualiRépar », explique Nathalie Yserd, directrice générale d’Ecosystem lors du colloque « 8e Matinales sur l’Économie circulaire, « la responsabilité élargie du producteur au service de l’économie circulaire » » à Paris le mercredi 16 novembre. « Il doit également assurer la diminution du coût de réparation, jugé trop élevé, et ensuite garantir le bonus réparation. Ce bonus va, pour les équipements qui ne sont plus couverts par une garantie, réduire le coût des réparations. Entre 10 et 45 euros », ajoute-t-elle.
Plus précisément le forfait devrait être de 10 euros pour les cafetières à filtre et les fers à repasser, de 15 euros pour les aspirateurs, perceuses/visseuses, lecteurs DVD, home cinéma, instruments de musique, vélos et trottinettes. Le « bonus » pourrait atteindre 20 euros pour les consoles de jeux, enceintes ou 30 euros sur les téléviseurs ou vidéoprojecteurs.
L’accès à cette aide se veut facile. « Le consommateur doit se rendre sur le site d’Ecosystem et identifier les réparateurs agréés. Une fois le rendez-vous pris avec le professionnel agréé, le consommateur n’aura pas à avancer le montant de ce bonus. Un montant déduit ensuite automatiquement de sa facture », assure Nathalie Yserd. « Le bonus représente 20 % du coût des réparations pour chacun des produits concernés. Le tout « sans démarches administratives ».
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Les ONG déplorent une aide encore insuffisante
« Tous les coups de pouce pouvant aider à la réparation sont favorables », explique Alice Elfassi, responsable juridique de Zero Waste France. L’ONG juge cependant le montant du fonds réparation « bien inférieur » aux besoins des consommateurs. Zero Waste France, avec les Amis de la Terre, a déposé, en février dernier, devant le Conseil d’État un recours en annulation du décret de création du fonds. Les associations déplorent une réduction de moitié de l’enveloppe financière, et une baisse des taux plancher de prise en charge des réparations.
Le nombre de réparateurs agréés doit aussi être étendu pour atteindre 1.500 en 2023 et 10.000 en 2027. Mais cette projection à court terme est toujours insuffisante. Nous avons besoin de réparateurs formés. J’estime qu’il y a un besoin, dès aujourd’hui, de 3.000 réparateurs, entre des postes non pourvus ou encore des départs. Nous avons besoin d’un coup de pouce supplémentaire pour attirer les jeunes vers ce métier qui est au cœur de la transition écologique », explique Nathalie Yserd.