Dans le cadre de la nouvelle politique agricole commune, les régions devront, à partir du 1er janvier prochain, soutenir l’installation des agriculteurs et de leurs projets, en lieu et place de l’État. D’une région à l’autre, les aides diffèrent. Pour y voir plus clair, la FNAB établit un classement des meilleurs endroits où s’installer en agriculture bio.
C’est l’une des nouveautés du début d’année 2023. Dans le cadre de la nouvelle politique agricole commune (Pac), les régions devront soutenir l’installation des agriculteurs et le développement de leurs projets. Jusqu’à présent, cette charge incombait à l’État. La Fédération Nationale d’Agriculture Biologique (Fnab) a examiné les dispositifs que prévoit de mettre en œuvre chaque région, et a établi un classement en fonction du soutien apporté à l’installation en agriculture biologique. Suite à l’analyse de ces données, l’organisme propose une liste des régions les plus ouvertes aux projets d’agriculture biologique.
La méthodologie du classement des régions
Pour son classement, la Fnab s’est appuyée sur des documents communiqués par les régions. « Il s’agit là de supports et comptes-rendus des comités régionaux, déclarations des régions à la presse, ou encore courriers échangés entre les groupements régionaux d’agriculture biologique », précise Philippe Camburet, président de la Fnab. Il ajoute : « Nous avons établi une échelle de notation qui peut aller jusqu’à + 30 points et descendre jusqu’à -15 points ».
« Depuis décembre 2021, nous suivons attentivement ce qui se fait au niveau régional. Nous avons donc mis en place un barème détaillé », assure Sophie Rigondaud, chargée de mission Futurs Bio à la Fnab. Bonus et malus sont donc attribués aux régions selon leurs choix. Avec l’aide financière de la Dotation jeunes agriculteurs (DJA), les régions répartissent cet argent entre les projets agricoles comme elles l’entendent. Cela doit leur permettre d’avoir, ou non, des modulations incluant l’agriculture biologique, autrement dit d’appliquer des critères agricoles pour amorcer des projets bio. Les projets d’agriculture biologique sont supposés recevoir davantage d’aide que les projets non bio.
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Ainsi des modulations incluant du bio, ou intégralement dédiées au bio, rapportent plus de points. Ce classement est un symbole important pour la Fnab. « Car cela donne un aperçu de la politique des régions. Nous pouvons ainsi nous rendre compte de la reconnaissance, ou non, par les régions, de l’importance de l’agriculture biologique. Aujourd’hui, 20-35% des installations se font en bio selon les régions », explique Philippe Camburet.
La Nouvelle Aquitaine occupe la première place, la Bretagne déçoit
En tête du classement se trouvent la Nouvelle-Aquitaine et le Centre-Val de Loire. À la deuxième place, l’Occitanie, le Pays de la Loire et l’île-de-France. « Enfin la Provence-Alpes-Côte d’Azur et la région Bourgogne-France-Comté », énumère Alan Testard, secrétaire national Futurs Bio à la FNAB « La région Hauts de France et la Corse n’ont pas communiqué leurs résultats », précise-t-il.
La Fnab pointe du doigt les résultats de la Bretagne et de la Normandie. « Je suis déçu. Dans la précédente DJA, ces régions avaient des propositions de modulations plus importantes pour l’agriculture biologique. Dans ces régions, la DJA est la même pour tout le monde. Autrement dit, la dotation n’est pas plus importante pour le projet d’un agriculteur qui décide de s’installer en bio, alors que ça devrait être le cas », regrette Alan Testard. La Fnab ne s’aventure pas à interpréter les choix des régions.
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Et lorsqu’il s’agit de savoir le montant de l’aide attribuée aux agriculteurs, la Fnab indique que le calcul est complexe. Néanmoins, les chiffres communiqués par le ministère de l’Agriculture donnent une idée du montant de la DJA. Celui-ci a ainsi été revalorisé d’environ 56% entre 2016 et 2018, pour atteindre 31.000 euros en moyenne. En 2021, le montant moyen de la DJA est d’environ 32.470 €. En 2021, le budget global finançant la DJA s’élève à 167 millions d’euros.
L’agriculture biologique importante pour l’environnement
Si Alan Testard et la Fnab promeuvent l’agriculture biologique, c’est avant tout pour l’environnement. « Avec l’agriculture écologique, nous n’utilisons pas de pesticides de synthèses. On prend en compte les données environnementales, en respectant le sol ou encore les insectes. Dans les parcelles, on va favoriser l’ensauvagement ; tout simplement car nous avons besoin de cette biodiversité », explique Alan Testard.
La culture sans pesticide préserve ainsi le sol et la qualité. « La rétention d’eau en sera meilleure, et le sol sera moins atteint par les phénomènes d’érosion. Les externalités de la bio permettent également à l’environnement de mieux se régénérer », souligne Alan Testard.