Le plastique est partout, même dans la fosse des Mariannes. Des chercheurs annoncent la découverte d’une nouvelle espèce de crustacé. Mesurant environ un centimètre et déjà contaminé par du plastique, son nom était tout trouvé : Eurythenes Plasticus.
Connaissez-vous la fosse des Mariannes ? Au nord-ouest de l’océan Pacifique, la plus profonde fosse des mers regorge d’espèces étonnantes jusqu’à près de 11 km de profondeur ! Le WWF met en lumière une étude de l’Université de Newcastle que l’organisation a soutenue. Parue dans la revue Zootaxa, elle dévoile la découverte d’une nouvelle espèce d’amphipode, un crustacé très abondant en milieu marin. Pas de bioluminescence à l’horizon, mais une contamination par du plastique. Le WWF saisit l’opportunité pour réitérer son appel à un accord international pour mettre fin à la pollution au plastique.
Pas besoin de chercher loin le nom de l’espèce, cela sera Eurythenes Plasticus, en référence au plastique qui la contamine. Les chercheurs ont trouvé une fibre de plastique dans un juvénil prélevé à 6.949 m. Cette fibre sombre mesurant près de 0,65 mm se logeait dans l’intestin postérieur de cet individu d’une longueur corporelle de 15,6 mm. L’étude a pu l’identifier en tant que fibre de polyéthylène téréphtalate (PET). Ce polymère sert à fabriquer divers emballages et objets du quotidien en plastique. On le retrouve en particulier dans les bouteilles d’eau et les vêtements synthétiques en polyester.
Des microplastiques qui contaminent les crustacés et toute la chaîne alimentaire
Cette découverte ajoute Eurythenes Plasticus à la liste des amphipodes contaminés par le plastique. Il rejoint les spécimens adultes de Hirondellea gigas de la fosse des Mariannes. Et les Eurythenes sp. de la fosse du Pérou-Chili.
Dans son livre « Survivre au péril plastique » (éditions Rue de l’échiquier, 2019), le journaliste Matthieu Combe s’intéresse à l’impact des microplastiques dans les océans. « Cette découverte n’est pas étonnante, des études ont déjà montré que des petits crustacés de la fosse des Mariannes étaient contaminés par des polluants persistants et des microplastiques, rappelle-t-il. En réalité, les études montrent que des centaines d’espèces sont touchées dans la mer, du zooplancton aux grands mammifères marins. »
Les effets de ces microplastiques divergent suivant les espèces, la forme des particules et le type de polymère. Si les impacts écotoxicologiques de l’exposition aux microplastiques n’ont pas encore été étudiés sur les amphipodes des grands fonds,des études sur d’autres types de crustacés donnent de premières informations. Les chercheurs de l’Université de Newcastle font ainsi référence à une étude portant sur l’ingestion de fibres de polypropylène par le crabe des sables, Emerita analoga. Ces fibres augmentent la mortalité adulte et diminuent la rétention des pontes d’oeufs. « Une autre étude portant sur les crabes violonistes a montré la présence de petits fragments de polystyrène dans différents organes de ces crabes qui peuvent notamment obstruer les branchies ou les glandes digestives, et ainsi perturber la respiration et la digestion de ces animaux », complète Matthieu Combe.
Auteur : Chaymaa Deb, journaliste du magazine Natura Sciences