2022 a enregistré des températures records et des vagues de chaleur particulièrement intenses sur toute la saison estivale. Selon Météo-France, ces épisodes de fortes chaleurs s’intensifieront davantage d’ici 2050 si les émissions de gaz à effet de serre poursuivent leur rythme actuel. Explications.
« Historique ». C’est le mot lancé par les experts de Météo-France pour qualifier l’été 2022. Records de températures, multiplication des vagues de chaleur, précipitations déficitaires, sécheresse précoce, incendies… Cette saison estivale est perçue comme atypique, laissant craindre le pire pour les étés suivants. Lors d’une conférence de presse donnée ce mardi 30 août, Météo-France a dressé le bilan climatique de l’été 2022, deuxième été le plus chaud enregistré derrière 2003, avec une hausse moyenne des températures de + 2,3°C sur le territoire national.
Des records battus
Des records de chaleur ont été observés dans l’ensemble des régions, notamment sur le littoral ouest, avec des températures dépassant parfois les 40°C à Biarritz, ou dans le Finistère nord dès le mois de juin. La situation a été particulièrement précoce comparée aux étés précédents. La station de Nîmes a quant à elle dépassé les 40°C sur trois mois consécutifs en juin, juillet et août. Une situation « inédite » selon Matthieu Sorel, climatologue chez Météo-France.
« Il y a eu des records de températures battus parfois de façon large et pulvérisante », poursuit-il. Des territoires se sont réchauffés de deux à cinq degrés de plus, comme à Brest (+ 4,1°C), à Lammeur (+4,2°C) ou encore à Sibiril (+5,1°C). Une hausse « exceptionnelle » pour Météo-France. Et ces vagues de chaleur se sont poursuivies la nuit. Le record du nombre de nuits d’été au dessus de 20°C a été battu dans le sud-est.
La France a également subi davantage de vagues de chaleur que la moyenne. Selon Météo-France, il y a eu 46 vagues de chaleur entre 1947 et 2022. Sur le seul été 2022, Météo-France en a recensé trois supplémentaires, totalisant 33 jours de vague de chaleur sur l’ensemble du territoire. Un autre « record » depuis 1947. Le mois de juin a par ailleurs enregistré la vague de chaleur la plus précoce, faisant de lui le deuxième mois le plus chaud derrière 2003. « La plupart des records de températures se sont largement produits ces dernières années, ce qui montre l’impact du réchauffement climatique », alerte Matthieu Sorel. Au-delà du territoire, la mer Méditerranée elle-même s’est réchauffée de 5 à 6°C de plus que les températures attendues.
Un mois de juin orageux
Le mois de juin n’a pas connu qu’une vague de chaleur précoce. Les orages ont particulièrement été nombreux, enregistrant un nouveau record mensuel de coups de foudre. Sur l’ensemble du mois, Météo-France a compté plus de 200.000 coups de foudre et une augmentation des précipitations à hauteur de 34%. Ces orages ont par ailleurs été accompagnés de chutes de grêles importantes, notamment dans les régions de Châteauroux et de Vichy.
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Malgré l’intensification des précipitations en début d’été, la sécheresse a tout de même été précoce, laissant les sols particulièrement secs. « On espère le retour d’une pluie plus longue et plus fine plutôt que violente pour alimenter les nappes phréatiques », informe Matthieu Sorel, climatologue.
À l’inverse, juillet et août ont, eux, été marqués par un déficit de précipitations, favorisant la sécheresse. Toutefois, des orages sont revenus par endroit, et principalement en Corse, en août de façon violente, ainsi que de la grêle et des pluies diluviennes, provoquant des inondations à Paris, Montpellier ou encore Saint-Étienne. De manière générale, il a plu cinq à quinze jours de moins qu’à l’ordinaire. Les cumuls de précipitations enregistrent un déficit de 40 à 60% sur une grande partie du territoire.
L’impact d’une baisse d’émissions seulement visible après 2050
L’été 2022 contraste avec l’été précédent, perçu au contraire « remarquablement pluvieux » et « ponctué de refroidissements marqués » selon Météo-France. Les experts notent un été de 1,1°C plus chaud depuis 1850 au niveau mondial et 1,7°C depuis 1900 en France. Les mêmes conséquences observées cette saison se reproduiront dans les années futures selon les climatologues. « Les vagues de chaleur futures seront d’autant plus fréquentes et intenses », alerte Samuel Morin, chercheur et directeur du Centre national de recherches météorologiques (CNRM).
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Mais l’ampleur de la plupart des phénomènes météorologiques extrêmes dépendront à l’avenir avant tout de l’évolution des émissions de gaz à effet de serre. « On s’attend à ce que les émissions augmentent encore dans les prochaines années, prévoit le directeur du CNRM. Même si on parvient à les réduire, il n’y aura pas d’effet immédiat sur les prochaines années ». Dépendant plutôt de scénarios indépendants sur la poursuite des émissions et le respect de l’Accord de Paris, les résultats auraient un effet plutôt sur la deuxième moitié du siècle. « Il faut se préparer pour éviter les pires conséquences », alerte-t-il.
En parallèle, le GIEC a identifié quatre risques climatiques majeurs. Les chaleurs extrêmes auront par exemple un impact sur l’humain et sur la production agricole à cause de la sécheresse. Cette dernière entraînera un manque d’eau dans les prochaines années, alors que les crues et les inondations, elles, s’intensifieront.
Des conséquences du réchauffement climatiques aussi visibles à l’étranger
Les vagues de chaleur n’ont pas touché que le territoire national. Des conséquences du réchauffement climatique se sont également observées aux quatre coins de la planète avec, là encore, des records battus. En Grande-Bretagne, des communes telles que Coningsby dans l’est du pays ont exceptionnellement atteint le seuil de 40°C, faisant aussi de l’été 2022 un été « historique » pour les Britanniques. La Chine a quant à elle enregistré sa plus longue période de vague de chaleur. Elle a duré 73 jours, avec des températures allant jusqu’à 45°C.
En Asie du Sud, la situation se montre tragique au Pakistan, touché par des inondations spectaculaires et meurtrières. À ce jour, le pays compte plus de 1130 victimes. Des précipitations diluviennes se sont aussi abattues sur diverses zones des États-Unis comme au Kentucky ou dans le désert de la Vallée de la Mort.
Le bilan de l’été est donc bien marqué par des phénomènes météorologiques extrêmes et alarmistes pour les décennies futures. Avec des températures supérieures aux normales sur la quasi-totalité de la saison, l’été 2022 est le deuxième plus chaud jamais enregistré en France. Ces conditions font dire à Météo-France, qu’il s’agissait d’un été « long, difficile et éprouvant ».