Incendie de forêts, explosions dans les usines chimiques, cétacés échoués… Un an après le début du conflit en Ukraine, les ravages touchent aussi la nature, la pollution s’accumule.

Cela fait un an maintenant que les bombes s’abattent quotidiennement sur l’Ukraine. Ce conflit a de lourdes répercussions sur l’écosystème du pays et par conséquent sur toute sa biodiversité. L’Ukraine, deuxième plus grand pays d’Europe, abrite 35% de la biodiversité de la région. Selon le ministère ukrainien de la protection de l’environnement et des ressources naturelles, l’Ukraine aurait déjà enregistré plus de 2.200 cas de dommages environnementaux résultant d’actions militaires. 20% des aires protégées, 600 espèces animales et 750 espèces de plantes et champignons ont déjà souffert des hostilités.
Des dégâts qui s’étendent partout dans le pays
Le Fonds international pour la protection des animaux (IFAW), estime qu’il faudra des décennies pour réhabiliter certaines zones naturelles bombardées dans le sud et l’est du pays. La Carte des dommages environnementaux, créée par Greenpeace Europe centrale et de l’Est (CEE), en collaboration avec l’ONG ukrainienne Ecoaction, illustre les impacts sur l’environnement de la guerre que mène la Russie en Ukraine. Ecoaction s’est chargée de recueillir les informations sur le terrain. Greenpeace CEE les a ensuite recoupées avec des images satellites.
Les deux ONG alertent sur les explosions d’artillerie. Celles-ci libèrent du CO2 et des oxydes de soufre et d’azote dans l’air. Ces deux oxydes peuvent provoquer des pluies acides dangereuses pour les sols, la faune et la flore. Autre problème, l’alliage métallique qui composent les obus est lui aussi dangereux. Les substances dont il est formé s’infiltrent dans les sols et peuvent même contaminer les réserves d’eaux souterraines.
Une pollution qui perdurera de nombreuses années
Ce qui inquiète le plus, c’est la contamination, notamment des sols, qui pourrait compromettre l’habitabilité de vastes zones de l’Ukraine. L’inspection environnementale ukrainienne a enregistré 300 km2 de terres polluées depuis le début du conflit, soit trois fois la taille de Paris. Il y a pire. Selon une estimation donnée à Sky News par l’ONG britannique Mines Advisory Group, plus de 40% du sol ukrainien est piégé par des mines antipersonnel. L’Ukraine est devenu le pays le plus miné au monde. “Cela est délétère pour les animaux et les personnes, et le restera longtemps après la fin de la guerre”, se désole Céline Sissler-Bienvenu, directrice du programme Secours d’urgence lors de catastrophes en Europe de l’IFAW.
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Les incendies, entre autres, causent cette pollution. “1000 feux de forêts ont été déclenchés en raison des combats, ce qui a généré 33 millions de tonnes de CO2”, déclare Charlotte von Croÿ, chargée de programme Secours d’urgence lors de catastrophes chez IFAW. L’autre motif de pollution est la destruction des bâtiments et des installations industrielles. L’héritage soviétique rend la situation d’autant plus critique. L’Ukraine est l’un des pays d’Europe qui compte le plus d’usines liées à des industries lourdes comme la métallurgie ou la pétrochimie. Depuis le début du conflit, ces sites ont été la cible de nombreuses frappes russes. Selon le recensement fait par l’ONG Zoï Environment, la guerre a déjà touché plus de 250 installations industrielles.
Ces hostilités entraînent dans l’air et l’eau des substances dangereuses. Le vent peut en plus les transporter sur de longues distances. Le sol également se retrouve imbibé de substances nocives. Celles-ci sont libérées à la suite d’explosions. “Les conséquences d’une telle pollution sur l’environnement dureront des années”, explique le ministère ukrainien de la protection de l’environnement et des ressources naturelles. L’ONU avait à ce sujet lancé l’alerte dès cet été. “Le conflit en Ukraine pourrait laisser au pays un héritage toxique pour les générations à venir”, a mis en garde le programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) dans un communiqué.
L’ensemble de la biodiversité touché
Les dommages vont au-delà des frontières du pays et affectent également la faune marine. En témoignent les 3.000 cétacés retrouvés échoués sur les côtes de la mer Noire depuis le début du conflit. Selon la délégation ukrainienne lors de la réunion 2022 des pays membres de l’Accord sur la conservation des cétacés de la mer Noire, de la mer Méditerranée et de la zone atlantique contiguë (ACCOBAMS), “la restauration de la population de cétacés d’avant-guerre dans les eaux des mers ukrainiennes prendra plus d’une douzaine d’années”.
D’après l’IFAW, ces cétacés échoués auraient étés perturbés par les mines et les sonars à basses fréquences. L’ONG se désole également du sort des oiseaux migrateurs dont les routes migratoires passent au-dessus des zones de conflit. Désorientés, ils doivent changer de route sans se poser et s’épuisent.
Profondément touché par ces événements, le Climate Security and Peace Project (CS2P) lancé par CliMates a créé trois animations sur la guerre en Ukraine. Ces épisodes abordent respectivement les enjeux environnementaux, alimentaires et énergétiques qui accompagnent la guerre Russo-ukrainienne. Le premier épisode qui se concentre sur les conséquences environnementales du conflit et ses répercussions à long terme est disponible sur Youtube.