Une nouvelle étude évalue à 24.000 milliards le nombre de microplastiques présents à la surface des océans. Un chiffre déjà impressionnant, mais qui pourrait encore augmenter, multipliant les risques pour la biodiversité et pour notre environnement.
Toujours plus de particules de plastique? Le Centre de recherches océaniques et atmosphériques de l’Université de Kyushu (Japon) s’est penché sur la question. Sa nouvelle étude, publiée en ce mois de septembre, établit un constat édifiant. L’équipe internationale a tenté d’estimer plus précisément la quantité de microplastiques dans nos océans. Ces fragments sont presque invisibles. Leur taille peut varier de 5 millimètres à quelques centaines de nanomètres. Pour y parvenir, les chercheurs ont analysé et recoupé plus de 8.200 échantillons d’eau prélevés à divers endroits de la planète. Initialement, ces données devaient nourrir une base de données publiques.
Résultat? Ces scientifiques estiment à 24.400 milliards la quantité de microplastiques dans nos océans. Ces particules sont si nombreuses que leur poids total pourrait s’établir entre 80.000 et 580.000 tonnes. C’est bien plus que la précédente évaluation datant de 2015. Une équipe de chercheurs avait alors évalué ce chiffre à 5.500 milliards de microplastiques, pesant entre 93.000 et 236.000 tonnes. Mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. Selon les scientifiques, au moins 150 millions de tonnes de déchets plastiques de toutes sortes se trouveraient dans les fonds des océans.
L’étendue de la catastrophe
En six ans seulement, aurait-on réussi à multiplier par cinq le nombre de microplastiques flottant dans nos océans? La fabrication et consommation de plastique est certes toujours très importante, avec 367 millions de tonnes de produits en 2020, selon Plastics Europe. Pour l’association WWF, « la quantité accumulée dans l’océan pourrait doubler d’ici 2030 et atteindre 300 millions de tonnes ». Pourtant, les études montrent que la concentration de plastique a peu évolué ces dernières années près des côtes industrialisées.
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Alors où va ce plastique ? « Les déchets générés en Europe, en Asie ou aux États-Unis, sont véhiculés par les courants. Ils vont très très loin, et on les retrouve dans des endroits où il n’y a pas de production de plastique comme les zones polaires, le fond des océans ou les îles éloignées” explique à Natura Sciences François Galgani, chercheur à l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) et coauteur de l’étude. Durant leur parcours, ces déchets vont se dégrader pour devenir des microplastiques et se disperser dans les océans de la planète.
Ce grand écart entre les résultats de 2015 et ceux d’aujourd’hui s’expliquent surtout par des différences de méthode de calcul. « Plus on en cherche, plus on en trouve! Aujourd’hui, on a une couverture qui est plus large, et on s’aperçoit que c’est beaucoup plus important que ce qu’on avait compté au préalable”, précise François Galgani. Et pour cause, comparé à 2015, huit fois plus de données étaient analysables, ce qui donne un résultat bien plus précis. Cependant, malgré l’augmentation du nombre d’échantillons compilés, il manque toujours certains éléments majeurs : de l’eau de l’océan Indien occidental et de la mer de Chine méridionale. Or, les déchets plastiques dans les océans proviennent à 68% d’Asie du Sud, du Sud-Est et de Chine.
Petits fragments de microplastiques impliquent de grandes responsabilités
Ces microplastiques, pouvant être 70 fois plus petits que l’épaisseur d’un cheveu, sont pourtant susceptibles d’avoir un fort impact sur la vie marine. « Les microplastiques peuvent avoir deux types d’impacts majeurs: l’ingestion par les animaux marins et le transport d’espèces » précise François Galgani. Pour le premier danger, la majeure partie des espèces excréteraient les microplastiques. Donc pour le chercheur, « le risque d’avoir des microplastiques dans les produits de la mer que l’on consomme est très limité ».
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En revanche, le transport d’espèces est bien plus alarmant. François Galgani souligne qu’avec 24.400 milliards de microplastiques, « chaque microplastique peut porter des bactéries, des virus, des espèces unicellulaires, et on n’a aucun recul sur ces micro-organismes. Or, on sait très bien qu’il y a des espèces à risques, et des espèces pathogènes. Cela risque de déséquilibrer les écosystèmes et la biodiversité ».
Le Pérou et le Rwanda viennent de proposer un accord international pour lutter contre la pollution plastique dans le monde. Les 27 membres de l’Union européenne le soutiennent d’ores et déjà. Il propose de créer un Comité intergouvernemental de négociation avec pour mandat d’établir « un accord international juridiquement contraignant et basé sur une approche exhaustive pour prévenir et réduire la pollution environnementale ». Un accord qui prendrait aussi en compte les microplastiques et qui sera examiné par l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement, qui doit se réunir du 28 février au 2 mars à Nairobi.
Ouns Hamdi
Dans les océans, pas à leur surface, heureusement et malheureusement.
J’espère que les prochaines élections vont mettre au premier plan l’environnement, car c’est vraiment l’urgence principale, et les nouvelles technologies propres, comme les énergies renouvelables ou les véhicules électriques sont également pourvoyeuses d’emploi tout en étant moins chères que celles qu’elles remplacent.
Mais cela n’empêche pas de sensibiliser les gens autour de nous encore et encore, les gouvernements ont un rôle majeur, mais agir sur le terrain aussi. Je pense que je vais d’ailleurs pour la première fois prendre ma « carte » EELV, ils ont l’air de s’activer un peu plus concrètement ces jours-ci, ça donnera peut-être quelque chose… 😉
Bonjour Chimel, merci pour votre commentaire. Mais il s’agit bien du nombre de microplastiques en surface des océans. Il y en a encore beaucoup plus le long de la colonne d’eau et dans les profondeurs. En effet, jusqu’à 580 000 tonnes de microplastiques flotteraient alors que 150 millions de tonnes de déchets plastiques se trouveraient au fond des océans. Bien à vous