Une étude menée par l’UFC-Que choisir et Générations Futures pointe du doigt la présence de pesticides soupçonnés d’être des perturbateurs endocriniens dans l’eau courante. Explications.
En France, plus d’un million de consommateurs, surtout en zones rurales et en montagne, boivent une eau ne répondant pas à l’ensemble des critères sanitaires. En particulier, 450 000 consommateurs boivent une eau contaminée aux pesticides et 148.000 par les nitrates. Voici l’alerte lancée par un rapport réalisé par les associations UFC-Que-choisir et Générations Futures. Le rapport souligne “les graves carences de la réglementation et des mesures de gestion locales en matière de pesticides et de perturbateurs endocriniens”.
L’étude reconnaît toutefois des progrès. “98% des consommateurs ont accès à une eau conforme à la totalité des critères sanitaires, soit une progression de plus de deux points par rapport à la précédente étude de 2017”, soulignent les associations. Ces dernières publient à cette occasion une carte interactive qui permet de vérifier la qualité de l’eau dans chaque localité. Elles lancent aussi une pétition. Cette analyse se base sur les résultats des tests de conformité de l’eau courante réalisés pour le compte de l’Agence régionale de santé.
Une forte disparité territoriale
Si conformité de l’eau du robinet s’améliore, la pollution des rivières et des nappes phréatiques, en grande partie par les pesticides, “reste toujours aussi élevée”. En plus, l’étude “révèle la présence de pesticides soupçonnés d’être PE dans 28% en moyenne des analyses considérées comme conformes à la réglementation”. Cela justifie pour elles la demande d’interdiction à la vente des pesticides perturbateurs endocriniens en vertu du principe de précaution.
« 750 molécules de pesticides ou de dérivés peuvent être rencontrées dans la nature, en moyenne on n’en recherche en France que 206« , explique Olivier Andrault, de l’UFC-Que choisir. Mais le nombre de pesticides recherchés connaît de fortes disparités entre territoires, au bon vouloir de chaque Agence régionale de santé (ARS). Pour une vingtaine de départements, le spectre des analyses est clairement insuffisant, estiment les associations. À titre d’exemple, “l’Aisne remporte la palme du plus faible nombre de substances recherchées alors même qu’il s’agit d’une région d’agriculture intensive”, expliquent-elles. Les analyses officielles y recherchent seulement 12 pesticides, contre 609 dans le Var.
Fanny Bouchaud avec AFP