Sur 1.174 espèces de plantes à fleurs venant de tous les continents, la moitié de ces subirait une réduction de 80% ou plus de leur fertilité. Un tiers ne produirait plus du tout de graines.
Les abeilles, papillons, bourdons, oiseaux ou chauves-souris se font de plus en plus rares dans certaines régions du monde. Un phénomène qui a un impact direct sur les plantes. Et pour cause, ces animaux sont des pollinisateurs et transportent le pollen vers le pistil des fleurs, permettant leur fécondation.
Moins de pollinisateurs, moins de plantes
Sans ces animaux, la fécondation des espèces de plantes à fleur cessera. La production de graines risque alors de chuter. C’est du moins ce que démontre une nouvelle publication parue dans Science Advances. Pour cette étude, les chercheurs se sont penchés sur 1.174 espèces de plantes venant de tous les continents. Pour ce faire, ils ont collecté et analysé 1.500 expériences de pollinisation menées à travers le monde. Résultat : sans les animaux, la moitié de ces espèces de plantes subirait une réduction de 80% ou plus de leur fertilité. Un tiers ne produirait plus du tout de graines.
Cette étude est la première à fournir une estimation mondiale de l’importance des pollinisateurs pour les plantes en milieu naturel. Si le vent peut jouer un rôle dans la dissémination du pollen, ou si certaines plantes arrivent à s’autoféconder, il est désormais démontré que ces phénomènes ne suffisent pas à assurer une reproduction efficace de toutes les espèces de plantes à fleurs. Cette nouvelle étude a pu démontrer que, pour leur reproduction, 175 000 espèces végétales (près de la moitié de toutes les plantes à fleurs décrites) dépendent totalement ou en partie des animaux. Leur rôle est donc crucial dans la reproduction des plantes à fleur.
Des écosystèmes déséquilibrés
Ces pollinisateurs sont souvent réduits aux insectes ou aux abeilles, mais il ne faut pas oublier les oiseaux et autres animaux volants comme les chauves-souris. Or, les chiffres sur leur disparition sont parfois accablants. Il y a cinq ans, une étude avait pu démontrer la disparition de 75% des animaux volants en seulement 27 ans dans certaines régions d’Allemagne. Plus récemment, une autre publication a montré qu’un tiers des espèces d’insectes dans le monde sont menacées d’extinction. En France, les abeilles accusent des pertes de 25 à 30 % chaque hiver.
Cette disparition massive peut parfois venir déstabiliser l’environnement. Si la moitié des plantes à fleur sont menacées à cause de la disparition des pollinisateurs, d’autres se portent en revanche un peu trop bien. Il s’agit des plantes capables de se reproduire elles-mêmes. Parmi elles, on compte notamment les plantes envahissantes et les « mauvaises herbes« . Leur prolifération risque de déséquilibrer divers écosystèmes.
Ouns Hamdi