Natura Sciences s’intéresse aux impacts sanitaires liés à la consommation de la viande et à la présence de micropolluants dans les produits carnés. Qualité bactériologique de la viande… un employé d’une usine de transformation témoigne sous couvert d’anonymat ! Quand l’industrie joue la carte de l’ignorance !

Un grand nombre d’études lie la consommation de viande à des risques accrus de contracter plusieurs maladies et cancers. PHOTO//DR
Un grand nombre d’études lie la consommation de viande à des risques accrus de contracter plusieurs maladies et cancers. Ainsi, la consommation de 50 grammes de viandes transformées, c’est-à-dire fumées, séchées, salées (charcuteries, saucisses, lardons fumés, etc.) par jour augmenterait le risque de maladies cardio-vasculaires d’un peu plus de 40 % et de diabète d’environ 20 %. [1]
Les grands amateurs de viande rouge et de charcuterie ont également plus de risques de souffrir d’un cancer colorectal, d’un cancer des poumons, de la prostate, de l’œsophage, du foie, de la vessie ou des os. [2] La viande rouge inclut le bœuf, le porc, l’agneau, le mouton, le cheval et le chevreau.
Il existe également un consensus scientifique sur le fait que de nouveaux virus se transmettant des animaux d’élevage à l’Homme constituent une menace sanitaire mondiale majeure sur le court-terme. Les virus qui se transmettent entre hommes, poulets, dindes et porcs sont particulièrement redoutés. En effet, de nombreux rapports sanitaires s’inquiètent du lien entre élevage en batterie et augmentation de la fréquence des épizooties, telles que la grippe aviaire ou la grippe porcine. Concentrer les animaux facilite la transmission et le mélange des virus.
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Le staphylocoque doré est le grand vainqueur !
En Europe, dans les élevages industriels de cochons, veaux, et poulets de chair, beaucoup d’animaux sont devenus résistants à la méthicilline. Cet antibiotique lutte contre le SARM, couramment appelé « Staphylocoque doré ». [3] De là à supposer que la recrudescence de cas observés chez l’Homme depuis quelques années est due à la consommation de viande, la frontière est mince. Plusieurs auteurs s’y sont risqués. Du côté du Ministère, c’est silence radio. D’autant plus qu’une étude montre que près de la moitié de la viande aux États-Unis est contaminée par des staphylocoques dorés… [4] Les inquiétudes sont d’autant plus grandes que, dans plus de la moitié des cas, les staphylocoques étaient résistants à au moins trois types d’antibiotiques différents.
Près de 80 % des antibiotiques vendus en 2009 aux États-Unis étaient destinés à l’élevage, alors qu’en France, ce chiffre est d’environ 50 %. De façon directe, les antibiotiques administrés à nos animaux rendent donc plus difficile la lutte contre les maladies humaines. Les amateurs de viande industrielle peuvent en tout cas rajouter à la liste des dangers potentiels l’E-coli, les salmonelles et les staphylocoques.
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Les analyses bactériologiques ne garantissent-elles pas la sécurité du consommateur ?
Pour comprendre ce qui se passe dans une usine de transformation de la viande, il faut comprendre les volumes mis en œuvre. « Prenons le cas d’un fournisseur envoyant 25 palettes de viande », explique un employé d’une telle usine sous couvert d’anonymat.
« Un carottage de moins de 500 grammes sera prélevée au hasard sur une palette pour analyse. Si le résultat de l’analyse est mauvais, on teste 2 ou 3 autres carottages. Si un seul carottage obtient des résultats corrects, tout le lot de 25 palettes est libéré », témoigne-t-il. Pour les produits finis, le raisonnement est le même. « Une analyse valable du premier coup libère tout le lot. Si elle ne l’est pas, des doublons sont envoyés pour contre analyse en espérant en avoir au moins un de bon et pouvoir libérer le lot », ajoute-il. « Bien sûr, c’est ce bon résultat qui est envoyé au client » conclue-t-il. Ainsi, de la viande contaminée par diverses bactéries peut facilement se retrouver dans votre assiette !
Pour diminuer les risques sanitaires, il est conseillé de bien faire cuire toutes les viandes. Pour les steaks hachés, il est recommandé d’assurer une cuisson à cœur, notamment pour ceux destinés aux jeunes enfants.
Auteur : Matthieu Combe, fondateur du webzine Natura-sciences.com
Références
[1] Etude de la FNSEA : Renata Micha RD et al. Red and Processed Meat Consumption and Risk of Incident Coronary Heart Disease, Stroke, and Diabetes Mellitus. A Systematic Review and Meta-Analysis. Circulation. 2010 Jun 1;121(21):2271-83
[2] Crosse A.J., et al. « A prospective Study of Red and Processed Meat Intake in Relation to Cancer Risk », PLoS Medicine, 2007, 4(12),e325.
[3] Assessment of the Public Health significance of meticillin resistant Staphylococcus aureus (MRSA) in animals and foods Question number: EFSA-Q-2008-300 Adopté : 5 Mas 2009
[4] Catherine Liu, et al. Clinical Practice Guidelines by the Infectious Diseases Society of America for the Treatment of Methicillin-Resistant Staphylococcus Aureus Infections in Adults and Childre. Clinical Infetious Diseases (2011)
Voici une étude qui tombe à pic: Pesticides ou Santé, faut choisir? Aujourd’hui pas besoin d’être agriculteur ou salarié agricole pour être contaminé par les pesticides. http://web.paysan.free.fr/pesticides/
Toutes les études vont dans le même sens et pourtant on continue, pire, on accélère droit dans le mur.