La campagne de recherche Geoflamme dédiée au volcan sous-marin au large de Mayotte vient de s’achever. L’Ifremer dévoile les premières images de ce jeune volcan sous-marin, âgé d’à peine trois ans. Ce volcan actif unique en France se situe à 50 km au large de Mayotte par 3400 m de fond.
« Ce nouveau volcan a été découvert en mai 2019 et il est probablement né en juin 2018 à l’occasion d’une crise sismique sans précédent qui dure maintenant depuis plus de trois ans à Mayotte », explique Emmanuel Rinnert, de l’Ifremer et chef de mission de la campagne Geoflamme. Pendant plus de 40 jours, du 17 avril au 25 mai 2021, 70 scientifiques ont pris part à la première mission de recherche fondamentale dédiée à ce volcan sous-marin situé au large de Mayotte. Embarcation à bord du navire océanographique Pourquoi Pas ?.
Il s’agit du quatrième volcan actif en France et du seul situé sous l’eau, à une profondeur de 3.400 mètres. « Ce volcan fait un peu plus de 800 mètres de haut et environ 5 km de large, chiffre Emmanuel Rinnert. Depuis sa naissance, 6,5 km³ de lave ont été mis sur le fond : pour donner un ordre de grandeur, cela représente une épaisseur de 60 mètres de lave sur toute la surface de Paris. »
Des images et des échantillons du volcan sous-marin à Mayotte
Depuis mai 2019, un réseau de surveillance suit la sismicité. Le volcan ne présente pas en lui-même de risque pour la population ou pour la navigation. Il a toutefois entraîné le déplacement vers l’est de l’île et son enfoncement de l’ordre d’une vingtaine de centimètres. Sans oublier une série de séismes et des coulées de lave encore actives.
L’Ifremer a dépêché sur place le robot sous-marin Victor 6000. Il s’agit d’un submersible de la taille d’une voiture citadine. Piloté depuis la surface, un câble le relie au bateau. Ce robot a permis de remonter à la fois des échantillons de roches et de fluides, des images haute définition et des vidéos. « Cette moisson de données inédites permettra de mieux comprendre la formation, l’évolution et les impacts environnementaux potentiels de cet édifice volcanique sous-marin, le plus jeune et profond étudié à ce jour si proche de zones habitées », prévient l’Ifremer.
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Emmanuel Rinnert explique ces images : « On distingue très bien les laves en forme de tubes, typiques des éruptions sous-marines, avec des coulées qui s’enchevêtrent. La couleur ocre est sans doute due à des particules de fer oxydé, comme de la rouille. On observe aussi des zones où la lave est très noire, brillante, ce qui montre qu’elle est particulièrement «fraiche». »
Geoflamme a relevé diverses émissions de fluides. Le robot a mis en évidence de l’eau de mer réchauffée par les coulées de lave mises en place fin 2020 et, d’autre part, des sorties riches en dioxyde de carbone et en méthane. Autour de certaines de ces zones d’émission récente de fluides, des traces de vie sont déjà visibles, des biofilms de micro-organismes mais également de la macrofaune telle que des crevettes.
Matthieu Combe