Dans son ouvrage « Les paysans face au chaos climatique », publié ce jeudi, Gilles Luneau donne la parole à 19 agricultrices et agriculteurs français. Ces derniers sont aux premières loges de la crise climatique et environnementale actuelle.
« Le réchauffement climatique peut nous priver de pain », alerte Christophe Durand, agriculteur dans la Creuse. De l’épeautre échaudé à cause de la sécheresse ou des grains qui germent à cause de l’alternance pluie-soleil… Le cultivateur est de plus en plus régulièrement confronté aux conséquences directes des dérèglements climatiques.
Dans « Les paysans face au chaos climatique », Christophe Durand témoigne aux côtés de Claire Cuny, agricultrice en Meurthe-et-Moselle, Laurent Baudoin, éleveur dans le Jura, et seize autres exploitants et exploitantes agricoles. Gilles Luneau, journaliste, essayiste et réalisateur, compile dans cet ouvrage leurs expériences, aux premières loges de la crise environnementale actuelle.
Du nord au sud, des cultures menacées par les dérèglements climatiques
« La crise climatique impacte les productions agricoles du nord au sud, martèle Gilles Luneau. Les problèmes de dormance, l’accumulation de ravageurs et les tensions autour de l’eau en sont les résultats directs ». « Ce sont des excès en permanence : excès de sécheresse, excès d’humidité », déplore Stéphanie Pageot, productrice laitière en Loire Atlantique. Lors d’un débat organisé par l’agence Bona Fidé ce mardi 22 février, autour de l’ouvrage de Gilles Luneau, le climatologue Jean Jouzel a réagi : « Cette prise de conscience aurait dû avoir lieu il y a trente ans ; nos scientifiques nous alertaient déjà ».
« Le climat oblige à une petite révolution agronomique. Il faut que les paysans aillent dans des groupes de réflexion s’ils veulent avancer sur le changement climatique », explique Denis Cohan, éleveur de volailles en Ille-et-Vilaine dans l’ouvrage paru ce jeudi. En effet, Gilles Luneau déplore la solitude dans laquelle se trouvent régulièrement les agriculteurs et agricultrices face aux dérèglements climatiques. « Tous les paysans sont stressés par la validité de leurs choix, leurs revenus, leur avenir, explique-t-il. Il y a un déficit d’échanges, ils sont seuls pour affronter un problème qui touche la planète entière ».
L’agriculture, à la fois problème et solution
Si l’agriculture, dans son modèle industrialisé actuel, contribue aux dérèglements climatiques – il s’agit du deuxième secteur le plus émetteur de gaz à effets de serre en France, derrière les transports – elle peut également faire partie de la solution. Notamment car elle représente un potentiel de stockage de carbone. Pour cela, Gilles Luneau invite à repenser notre modèle agricole actuel et l’adaptabilité du secteur.
« Notre Politique agricole commune est celle du vieux monde », explique le journaliste qui dénonce une « schizophrénie politique ». « Une des clefs serait plus de cohérence, témoigne l’auteur. On ne peut pas soutenir la transition agroécologique d’un bord et continuer à financer une agriculture climaticide ».
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