Ce mercredi, quatre expertes et experts du GIEC ont présenté devant le Sénat les principales conclusions des trois volets de leur sixième rapport. Une audition qui leur a permis de rappeler que malgré les conséquences irréversibles du changement climatique, les leviers d’adaptation justes existent et doivent être rapidement mis en place.
Au lendemain de l’épisode caniculaire et des violents orages qui ont frappé de nombreuses régions françaises, le Groupement d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), est intervenu devant le Sénat ce mercredi 29 juin. Dans le cadre d’une intervention intitulée « Adapter la France au dérèglement climatique et réduire ses émissions pour sauver l’Accord de Paris », Valérie Masson-Delmotte, coprésidente du groupe 1, Gonéri Le Cozannet, Annamaria Lammel et Nadia Maïzi ont ainsi présenté les principales conclusions des trois volets du sixième rapport du groupement.
L’occasion d’évoquer les conséquences déjà ressenties du changement climatique en France, mais aussi celles à venir. Tout en insistant sur la nécessité d’élaborer des stratégies d’adaptation justes et transversales afin d’en limiter les effets. Jean-François Longeot, président de la commission d’aménagement du territoire et du développement durable, a rappelé : « nous devons agir aujourd’hui au sein de tous les secteurs si nous voulons limiter une hausse des températures à 1,5°C ».
Des conséquences irréversibles et une nécessaire adaptation
Lors de cette audition devant le Sénat, Valérie Masson-Delmotte a rappelé les quatre principaux risques qui attendent l’Europe occidentale. Le changement climatique entraînera chaleurs extrêmes, et pénuries d’eau. De plus, il causera des pertes de rendements agricoles mais engendrera aussi des risques liés aux multiples inondations. L’experte du GIEC a ainsi rappelé : « l’influence humaine sur le réchauffement planétaire est sans équivoque. Sans diminution des émissions de gaz à effet de serre, limiter le réchauffement climatique à 1,5°C sera impossible ».
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Face à ce constat, Gonérie Le Cozannet, géographe, a évoqué un « décalage croissant entre les besoins d’adaptation et les actions, surtout auprès des communautés les plus vulnérables ». En effet, le changement climatique menace le bien-être humain et les écosystèmes. Il nécessite une adaptation coordonnée dans tous les secteurs. Car « il est possible de vivre en 2050 avec 10 milliards d’habitants, en ayant limité le réchauffement climatique à 1,5°C », rappelle l’expert. Il déplore surtout de nombreux « retards d’adaptation ». Mais aussi des « mal-adaptations », mesures en apparence bénéfiques —comme doter des bâtiments de climatisations contre la chaleur — mais qui tendent à empirer la situation d’autre part. Annamaria Lammel a appelé à adopter une « gestion itérative des risques », permettant de prendre en compte des éléments de « justice climatique et d’éthique ».
Une action urgente est nécessaire
Au-delà de l’urgence de s’adapter, Nadia Maïzi a énuméré des leviers d’action encore disponibles pour atténuer le changement climatique. « Malgré la multiplication des bonnes intentions, on constate une augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Il faut résoudre ce paradoxe », a-t-elle relevé. Ainsi, selon la mathématicienne, chaque secteur bénéficie de leviers d’action, parfois transversaux. Dans le secteur des transports, elle recommande par exemple une électrification ou le recours à des carburants « seulement décarbonés ».
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Les expertes et experts ont aussi alerté quant au retard de prise de conscience dans le champ politique comme médiatique. « Les médias sont délirants ! Le premier volet de ce rapport a été occulté par le transfert de Messi. Le deuxième par la guerre en Ukraine. Et le troisième par la présidentielle, s’est souvenue Nadia Maïzi. Ils ont une forte responsabilité ». La mathématicienne blâme également les hommes politiques. « Nous étions à l’Assemblée la semaine dernière, tout le monde n’est pas venu. Je ne suis pas du tout optimiste sur le niveau de prise en compte du sujet par nos gouvernants. Je ne suis pas sûre qu’ils aient bien compris le problème », regrette-t-elle.