La coalition Engagement Animaux 2022 a dressé le bilan de l’engagement des partis politiques et des candidats sur la condition animale. Rassemblant 30 ONG, elle a envoyé une charte aux candidats se présentant aux législatives. Même au sein des plus engagés, des clivages persistent.
Comment les candidats se positionnent-ils sur la condition animale ? À la veille des élections législatives, une coalition de 30 ONG – Engagement Animaux 2022 – a identifié l’engagement des partis politiques et des candidats. Un mois avant le scrutin, la coalition a envoyé une charte proposant 22 mesures pour les animaux et la société aux candidats. Décrites comme « ambitieuses » et « réalistes », elles devront être mises en œuvre lors du prochain quinquennat », précise Engagement Animaux.
Huit partis engagés pour le bien-être animal
Sur les quinze partis candidats aux élections législatives, huit ont signé la totalité ou une partie des mesures présentées par la charte : Parti Animaliste, Europe Ecologie – les Verts, Révolution écologique pour le vivant, Mouvement Hommes Animaux Nature, Ecologie au centre, France Ecologie, La France insoumise et Debout la France. Lutte ouvrière a émis une réponse juste avant la conférence de presse. Le parti précise que son programme respecte le projet de Nathalie Arthaud, sans toutefois avoir renvoyé le document signé.
Six partis sont engagés à 100%, la France insoumise affiche un score de 90% et Debout La France de 78%. « Le score de la France insoumise s’explique par le fait qu’ils se sont opposés à la création d’une autorité indépendante au respect de la protection des animaux », indique Milton Fererici, responsable affaires publiques pour l’association Convergence Animaux Politique. Mais d’autres partis de gauche, notamment le Parti socialiste (PS) et le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) ne se prononcent pas.
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Les autres partis n’ont pas apporté de réponse, créant un flou autour de leurs positionnements. Certains, comme le Rassemblement national (RN), le NPA ou le PS s’étaient pourtant engagés lors de la campagne présidentielle. Quant à l’Union démocratique indépendante (UDI), son président Jean-Christophe Lagarde, a signé le document en tant que candidat, et obtient un score de 84%. Milton Fererici souligne qu’aucun parti de la majorité n’a confirmé un quelque conque positionnement envers les animaux. Engagement Animaux déplore même que le sujet n’ait été que très peu évoqué dans le programme du président de la République.
Des candidats engagés individuellement
Engagement Animaux observe que les candidats aux législatives ne respectent pas tous la ligne exposée par leur propre parti. Les associations de défense animale pointent notamment du doigt la candidature de Nicolas Cadène dans la 6e circonscription du Gard. Ce candidat EELV se démarque par son attachement à la tauromachie. La coalition cite également Karl Toquard, candidat de Debout la France. Celui-ci confirme son avis défavorable aux cirques sans animaux. « Un cirque sans animaux n’est plus un cirque mais devient un cabaret », peut-on lire sur un tract.
A l’opposé, certains candidats s’engagent à titre individuel chez LREM, LR, UDI et Reconquête. Mais au sein de ces groupes politiques, l’engagement des candidats reste divergent. Au sein de la majorité présidentielle, Aurore Bergé, candidate dans les Yvelines, n’est engagée qu’à 44%. Son confrère Dimitri Houbron, candidat du Nord, a coché la totalité des mesures présentées dans la charte d’Engagement animaux.
Le faible score de la majorité présidentielle
Au total, 11 candidats LREM revendiquent le respect des mesures attendues par les associations. Un chiffre trop faible pour Engagement Animaux. « On regrette qu’un faible nombre de candidats de la majorité se soit engagé, se désole Adrienne Bonnet. Mais cela surprend peu car Emmanuel Macron a refusé de s’y engager; Son programme ne s’intéressait pas à la question de bien-être animal ».
Malgré le peu de mesures consacrées au sujet dans son programme, Emmanuel Macron défend pourtant le bilan du quinquennat précédent. « Nous avons fait de la lutte contre leur maltraitance une exigence et de la cause animale une évidence », peut-on lire sur le site de sa campagne. Son premier mandat, marque l’interdiction de la castration à vif des porcelets ainsi que le broyage des poussins mâles. La loi contre la maltraitance animale, proposée par les députés Loïc Dombreval, Laeticia Romeiro et Dimitri Hourbon, est également à l’origine de mesures favorables au bien-être animal.
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Le défaut de la NUPES
Mais au-delà de l’absence d’engagement, Engagement Animaux remarque des limites au sein même des partis. Si l’ensemble de la NUPES soutient l’interdiction de l’élevage en cage, l’amélioration des conditions d’élevage et l’interdiction des spectacles d’animaux, « le PCF et PS ne soutiendront pas les propositions relatives à la chasse et à la corrida », a indiqué la Nupes lors de la présentation de son programme.
« C’est un peu décevant, notamment de la part du PS où Anne Hidalgo s’est engagée à 92% sur la condition animale », réagit Adrienne Bonnet, représentante média Engagement Animaux 2022 et membre de l’association Welfarm.
La chasse et la corrida encore objets de clivages
Engagement Animaux déplore que certaines mesures divisent encore les candidats. « La chasse continue de diviser », annonce Emilie de Marco de l’Association contre la maltraitance animale et humaine (AMAH). Son interdiction « au moins deux jours par semaine dont le dimanche ainsi que les jours fériés et les vacances scolaires » n’a pas requis l’approbation de 13 candidats sur 357.
L’interdiction de la totalité des chasses dites « cruelles », telles que la chasse à courre, la vénerie sous terre et la chasse en enclos a été refusée par trois candidats. Il s’agit d’Aurore Bergé, Alexandra Cauquil (département) et Kasbarian Guillaume, tous trois de la majorité présidentielle.
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Hormis la chasse, les mesures contre la corrida et les combats de coqs continuent d’alimenter les débats. Leur interdiction n’a pas été validée par 11 candidats, dont Charles Ménard, candidat écologiste de la NUPES. Les autres mesures, touchant principalement l’expérimentation animale, les animaux de compagnies et les loisirs, « ont fait l’objet d’un large consensus entre les 350 candidats engagés », selon Engagement Animaux. En dressant ce bilan, la coalition appelle désormais à « un vote qui ait du sens », rappelant que la condition animale « n’est pas un effet de mode, mais une attente de la société ».