Après deux semaines de COP27 à Charm el-Cheikh en Égypte, le représentant européen Frans Timmermans a répondu positivement à l’attente des pays en développement d’ouvrir un fonds d’aide pour les dommages créés par le réchauffement climatique. Mais le premier brouillon de déclaration finale ne comprend aucun changement notable sur le sujet.

Les « pertes et dommages » constituent l’un des sujets les plus controversés du sommet en Égypte. Ils sont définis comme les conséquences irréversibles du changement climatique. Les États du Sud sont en effet les plus durement frappés par les impacts des ouragans, des sécheresses ou de la montée des eaux, alors qu’ils ont le moins contribué au réchauffement climatique. Les pays riches ont donc une dette à rembourser.
Dans la nuit de jeudi à vendredi, le représentant européen Frans Timmermans, a répondu positivement à l’attente des pays en développement d’ouvrir un fonds d’aide pour les dommages créés par le réchauffement climatique. Une annonce qui risque malheureusement de n’aboutir sur aucune avancée conséquente à l’issue de cette COP27.
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Encourageant mais totalement insuffisant
L’UE a aussi annoncé ce mercredi, plus d’un milliard d’euros de financements pour l’adaptation en Afrique, dont 60 millions pour les « pertes et dommages ». Au total, une trentaine de pays se sont engagés à mobiliser plus de 350 millions de dollars pour compenser les coûts de ces impacts. Un progrès qui reste toutefois une « goutte d’eau par rapport aux besoins« , selon Guillaume Compain, chargé de campagne climat chez Oxfam France. Les besoins ont été chiffrés entre 290 milliards et 580 milliards par an jusqu’en 2030 dans les pays en développement, d’après l’analyse de chercheurs cités par Oxfam.
« La manière la plus efficace de reconstruire la confiance est de trouver un accord ambitieux et crédible sur les pertes et dommages et le soutien financier aux pays en développement », a déclaré le secrétaire général des Nations unies António Guterres en Égypte, à son retour du G20 à Bali.« Nous avons besoin d’action ». En ouverture de la COP27, le secrétaire général des Nations unies n’avait pas mâché ses mots. « L’humanité a le choix : coopérer ou périr. Il s’agit soit d’un pacte de solidarité climatique, soit d’un pacte de suicide collectif ».
Mais la méfiance des pays du Sud règne envers les les pays du Nord. Les pays riches n’ont en effet jamais tenu leur promesse, prise il y a treize ans, en 2009 lors de la COP15 au Danemark, de mobiliser 100 milliards de dollars par an à destination des pays en développement. « Cette COP est décevante. Dans la mesure où les pays riches ont traîné des pieds. C’était certes la première fois que des pays abordent à ce point la question des pertes et dommages. Pour autant l’écart entre les montants récoltés et les réels besoins des pays du Sud sont indignes. N’oublions pas que parfois ce sont en plus de ça des fonds recyclés », regrette Guillaume Compain.
L’objectif des 1,5° C réaffirmé
Finalement, la présidence de la COP27 a publié ce vendredi un premier brouillon de déclaration finale. Il insiste sur le maintien de l’objectif de limiter le changement climatique à 1,5°C. Le brouillon n’invite cependant pas à une réduction des énergies fossiles dans leur ensemble (gaz, pétrole, charbon). Comme dans le texte de Glasgow, seule la réduction du charbon est mentionnée. Sur le sujet épineux des pertes et dommages donc, le texte ne parle pas de création d’un fonds spécifique. Il se félicite seulement d’avoir mis le sujet à l’agenda de la COP27.
« C’est une version de déclaration finale plus courte et problématique. Elle comporte de nombreux oublis. Certains éléments ne sont plus là. Comme l’importance d’aller plus loin qu’à Glasgow en sortant de toutes les énergies fossiles. Nous ce que nous demandons c’est la sortie totale. Il manque bien sûr tous les appels à une transition équitable, juste et rapide », déplore Aurore Mathieu, du Réseau Action Climat.
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La France assure faire ce qu’il faut
La France de son côté, par l’intermédiaire d’Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, a également appuyé sur l’importance de limiter le réchauffement à 1,5°C. « Plus nous serons proches de cet objectif, moins l’impact du réchauffement climatique sera important si nous dérapons. Les questions autour de l’atténuation et des pertes et dommages seront également moins importantes », a-t-elle dit. « La France a tenu son engagement envers les pays du Sud, nous mettons un peu plus de 2 milliards d’euros tous les ans sur la table (6 milliards jusqu’à maintenant NDLR), et il nous paraît important que tous les autres pays qui se sont engagés le fassent », a-t-elle ajouté.
Tout au long de cette COP27, la France a essuyé de nombreuses critiques, accusée de bloquer les mécanismes qui vont dans le sens des pertes et dommages en ne jouant pas son rôle de leader. « Bien au contraire nous sommes dans une position d’ouverture pour les pertes et dommages. Notre position est de dire que l’argent doit permettre aux pays de vraiment financer la transition », a assuré la ministre.