Ce mercredi 20 avril sur TF1 et France 2, Marine Le Pen et Emmanuel Macron se sont affrontés dans le débat de l’entre-deux-tours. Ces deux dernières semaines, militants et ONG espéraient, sans trop y croire, un débat sur l’urgence climatique à la hauteur des enjeux. Cela n’a pas été le cas.
Ce mercredi, de 21H à 23H50, le débat de l’entre-deux-tours de l’élection présidentielle entre la candidate du Rassemblement national Marine Le Pen et le président sortant Emmanuel Macron aura tenu certaines promesses. Celle des joutes verbales notamment, mais pas celle de l’écologie.
En amont du débat, plusieurs associations et médias, dont Natura Sciences, avaient interpellé les journalistes Léa Salamé et Gilles Bouleau. L’objectif : faire que les deux candidats abordent en profondeur l’urgence climatique. Un appel avait été lancé par les collectifs Quota Climat, CimatMédias et Citoyens Pour le Climat afin de demander un quota de 20% de temps consacré aux questions écologiques durant le débat.
« Climatohypocrite » contre « climatosceptique »
Dans la première demi-heure du débat Marine Le Pen a rappelé sa proposition de baisser la TVA sur l’énergie, y compris pour les énergies fossiles. Emmanuel Macron a quant à lui défendu son bouclier énergétique. Une mesure destinée aux ménages pour faire face aux hausses des prix du gaz et de l’électricité. Marine Le Pen a par ailleurs réaffirmé sa volonté de sortir du marché européen de l’électricité.
Puis, à 22H20, tout s’est accéléré. Marine Le Pen et Emmanuel Macron ont affiché leurs divergences sur l’écologie. La candidate du RN a accusé Emmanuel d’être « climatohypocrite » tandis qu’elle était elle-même traitée de « climatosceptique ». Selon le président sortant, le projet de Marine Le Pen est « très transparent ». « Vous êtes le pire de l’écologie punitive » qui est « d’une grande violence pour les classes moyennes et modestes », s’est-elle défendue.
Marine Le Pen a assuré que « c’est le modèle économique fondé sur le libre-échange qui est responsable des émissions de gaz à effet de serre ». Ainsi, la candidate du Rassemblement national a indiqué avoir construit son programme sur « la relocalisation » pour favoriser la consommation de proximité et limiter la pollution engendrée par les déplacements.
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20 minutes sur l’éolien et le nucléaire
La question des journalistes, Léa Salamé et Gilles Bouleau, incitait les deux candidats à s’adresser aux jeunes. La jeunesse s’inquiète de plus en plus de la crise climatique, notamment depuis la publication du dernier rapport du GIEC. Ainsi les deux candidats devaient donner deux mesures pour lutter contre la crise climatique.
En maigre réponse, Marine Le Pen s’est déclarée favorable une « transition » écologique beaucoup moins rapide que ce qu’on impose aux Français ». Donnant la priorité au nucléaire, elle a jugé « regrettable » le recours au solaire et à l’éolien, qui est « le pire » car « il est en même temps une absurdité écologique et économique« . Pour Emmanuel Macron, « il n’y a pas de stratégie de sortie des énergies fossiles qui passe par le tout nucléaire ». Il est donc nécessaire d’« investir dans le renouvelable en développant des filières industrielles », a-t-il expliqué.
Le président sortant a rappelé qu’il propose, dans son programme, l’implantation d’une cinquantaine de parcs éoliens en mer d’ici 2050. Une réponse à un échange un peu plus musclé, durant lequel Marine Le Pen a ironisé sur le fait que son adversaire voulait mettre des éoliennes en mer « partout, sur toutes les côtes, sauf en face du Touquet ».
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Un débat pauvre et décevant
En 20 minutes de débat, les deux candidats n’auront parlé quasiment que de l’éolien et du nucléaire, sans répondre à la préoccupation initiale : parler aux jeunes. Mais surtout, sans être à la hauteur de l’enjeu. Sur les réseaux sociaux, militants et journalistes regrettent la pauvreté de l’échange qui n’aura duré que 20 minutes, soit 12% du temps du débat.
La journaliste environnement du Monde, Audrey Garric déplore l’échange famélique sur l’urgence climatique des deux candidats. De son côté le collectif Quota Climat tweet ironiquement sur un débat focalisé, entre autres, sur les éoliennes.