Le Conseil d’État déboute les 4 associations qui l’avaient saisi pour suspendre le démarrage partiel, le transport de combustible et les essais radioactifs à l’EPR de Flamanville. Récemment, Greenpeace révélait une fuite de documents sensibles portant sur les systèmes de protection de l’EPR de Flamanville.
Le 29 décembre 2020, le Conseil d’État rejette la requête de Greenpeace France, aux côtés du Comité de Réflexion, d’Information et de Lutte Anti-Nucléaire (CRILAN), du Réseau Sortir du nucléaire, et du collectif STOP EPR ni à Penly ni ailleurs. EDF pourra bien continuer à réaliser ses essais de fonctionnement à l’EPR de Flamanville nécessitant l’introduction de substances radioactives dans l’installation.
Cette requête faisait suite à la révélation par Greenpeace France de milliers de pages de documents confidentiels touchant à la sécurité de l’EPR de Flamanville et circulant hors d’EDF et de ses sous-traitants. L’ONG annonce avoir reçu des documents « extrêmement détaillés portant sur tous les systèmes de protection de l’EPR de Flamanville ». Et ce, « sans sollicitation, recherche ou investigation de la part de l’association ». L’association évoque « une personne qui n’avait aucune raison professionnelle d’y accéder, ne travaillant ni de près ni de loin pour l’industrie nucléaire. »
L’EPR de Flamanville : une faille de sécurité avec du combustible sur place
Le 26 octobre, les premiers assemblages de combustibles sont arrivés sur site a annoncé EDF. Ils seront déballés puis entreposés sous eau dans la piscine du bâtiment combustible, en attendant d’être chargés dans la cuve du réacteur fin 2022. « La réception de ces assemblages va s’étaler sur plusieurs mois, afin de préparer le site à un chargement du cœur composé de 241 assemblages combustible pour la fin d’année 2022 », explique l’énergéticien.
Pour Greenpeace France, cette fuite révèle « des fragilités très inquiétantes dans le traitement et la circulation de données sensibles au sein d’EDF et de ses sous-traitants ». Face à une sécurité du site de l’EPR « totalement remise en cause », l’association appelle à arrêter les livraisons de combustible nucléaire sur le site de Flamanville.
Des failles de sécurité importantes
Selon Greenpeace, cette faille montre que les procédures censées garantir la confidentialité en matière de sûreté nucléaire n’est pas respectée. « Une fuite de documents confidentiels d’une telle ampleur atteste de défaillances structurelles : avec la multiplication des entreprises sous-traitantes, EDF ne maîtrise plus la circulation de l’information et donc la sécurité de ses installations », prévient Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France.
Selon Greenpeace, ces documents présentent « des plans précis du site de l’EPR de Flamanville, la localisation des caméras de sécurité ou encore des descriptions du système électronique de surveillance ». L’association explique avoir a pu établir une conformité de certains documents avec ses observations sur le terrain. À la croire, dans les mauvaises mains, ces informations permettraient de contourner ou de neutraliser certains systèmes de sécurité du site. « On peut alors imaginer la possibilité d’une intrusion, d’un sabotage de chantier ou d’un vol de matières radioactives », prévient Greenpeace.
Auteur : Matthieu Combe, journaliste de Natura Sciences