La question des énergies renouvelables divisait les cinq candidats présents au premier congrès Les Républicains (LR), diffusé sur LCI ce lundi 8 novembre. Natura Sciences vous détaille ce qu’il faut retenir de ce premier débat.
Comment lutter contre le réchauffement climatique et réduire les émissions de gaz à effet de serre ? Sur le plateau de LCI, la question s’est adressée aux candidats du groupe Les Républicains. Entre Xavier Bertrand, Eric Ciotti, Philippe Juvin, Valérie Pécresse et Michel Barnier quelques divergences subsistent sur l’utilisation des énergies renouvelables. Tous s’accordent en revanche sur le nucléaire.
Augmenter la part du nucléaire
Une chose est sûre. Tous soutiennent l’importance du nucléaire pour atteindre l’objectif de neutralité carbone en 2050. « Nous n’arriverons pas à se passer du nucléaire pour atteindre cet objectif », affirme Valérie Pécresse, présidente de la région Île- de-France. Cette dernière a de nouveau rappelé son attachement aux réacteurs pressurisés européens (EPR), un mois après sa visite d’un chantier à Flamanville. Elle conteste par ailleurs le programme de fermeture de douze réacteurs nucléaires d’ici 2035, annoncée par le président de la République en 2018. « Emmanuel Macron veut fermer douze centrales. Ce n’est pas responsable« , conteste-t-elle en proposant d’associer le nucléaire avec les énergies renouvelables. Parmi elles, « le solaire« , « la méthanisation des déchets« , « l’hydrogène » et l’ »éolien« . Rejoignant ce dernier point, Michel Barnier défend le maintien du nucléaire en France, veut même augmenter sa part, et souhaite relancer le plan Astrid, un projet de construction d’un réacteur nucléaire sur le site de Marcoul. Le gouvernement a annulé cette initiative en 2019.
De son côté, Eric Ciotti revendique son attachement « au progrès et à la science« . Il propose la construction de six EPR supplémentaires pour produire « une électricité propre« , combinée avec l’énergie hydraulique. Un chiffre également réclamé par Valérie Pécresse. Seul Xavier Bertrand demande la construction d’ »au moins dix EPR » de plus en France. Avec cela, il demande à revenir sur la PPE (Programmation pluriannuelle de l’énergie) qui vise à descendre la part du nucléaire à 50%, contre 72% aujourd’hui. « Il faut beaucoup moins d’énergie renouvelable et davantage de nucléaire« , insiste-t-il.
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Les éoliennes terrestres, objet de débat
Les éoliennes terrestres demeurent le principal point de désaccord entre les candidats. Si Eric Ciotti ne les mentionne pas, Xavier Bertrand réaffirme son opposition. Le président conseil régional des Hauts de France veut « mettre un terme au développement anarchique de l’éolien », notamment par souci esthétique. « La France, ce sont des paysages. On est en train de massacrer des paysages par des promoteurs ». Selon lui, leur présence ne peut permettre d’atteindre l’objectif de neutralité carbone. « Vous croyez que c’est avec ces satanés éoliennes que l’on va réussir ?« , interroge-t-il, face aux journalistes David Pujadas et Ruth Elkrief.
Moins hostiles à leur présence, Valérie Pécresse et Philippe Juvin restent favorables à un niveau de développement de 50% des énergies renouvelables dans la production d’électricité. « La meilleure manière et la moins coûteuse d’atteindre le zéro carbone en 2050, c’est 50% du renouvelable et 50% du nucléaire », justifie Philippe Juvin en se basant sur le dernier rapport de RTE (Réseau de transport et électrique). Lorsque vient son tour, Michel Barnier précise seulement que l’éolien ne doit pas être développé « s’il n’y a pas d’accord local ». Un point rejoint par Valérie Pécresse, qui soutient le déploiement des éoliennes terrestres et marines « avec l’accord des populations, et uniquement avec cet accord ».
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Éoliennes en mer, énergie hydraulique, solaire…
« Il n’y a pas que les éoliennes, il y a toutes les énergies renouvelables », rappelle Valérie Pécresse. Bien que le débat s’est principalement orienté sur la question des éoliennes, les candidats ont cependant évoqué d’autres solutions pour « lutter contre le dérèglement climatique ». « Ce n’est pas possible de parvenir techniquement au zéro carbone en 2050 avec seulement du nucléaire« , confirme Philippe Jouvain. Le maire de La Garenne Colombes mise alors sur « un grand plan sur l’éolien en mer » sur les vingt prochaines années. L’objectif : rattraper le « retard » de la France sur cette initiative. Leur développement permettrait, selon le candidat, de démanteler les éoliennes terrestres qu’il estime « en fin de vie ».
Eric Ciotti et Michel Barnier ont quant à eux insisté sur l’importance de l’énergie hydraulique. Représentant 13% de la production électrique en 2020, cette donnée n’a pas échappé au député Eric Ciotti. « L’énergie hydraulique dans les montagnes a été déstabilisée par la concurrence européenne où l’on empêche de privatiser des barrages », déplore-t-il. Michel Barnier a également soutenu d’autres énergies renouvelables suite aux recommandations de l’Institut national du solaire que le candidat a en partie initié en 1998. « Si l’on équipe 5% du désert en panneaux photovoltaïques, nous pouvons fournir l’électricité dont le monde a besoin », explique-t-il.
Enfin, l’ancien négociateur de l’Union Européenne est revenu sur les économies d’énergie. « Il faut continuer les économies d’énergie et le traitement sonore des logements, notamment pour les plus modestes », suggère Michel Barnier. Pour lui, elles représentent un « potentiel » pour atteindre la neutralité carbone.
Sophie Cayuela