Politiques et défenseurs de l’environnement débattent à Lisbonne depuis lundi pour préserver les océans. Pour les militants et les ONG, la position de la France sur l’exploitation minière des fonds marins manque de clarté.
Une conférence sur la santé des océans a débuté ce lundi 27 juin 2022 à Lisbonne. Réunissant des chefs d’Etats, des défenseurs de l’environnement ou des experts, elle a pour but de se pencher sur les solutions à envisager pour préserver les espaces maritimes.
En France, ONG et militants attendent avec fermeté que les décideurs nationaux s’opposent à l’exploitation minière des fonds marins.
« Look Down »
Camille Etienne, militante pour la justice climatique et sociale et Marie Toussaint eurodéputée écologiste, sont à Lisbonne pour défendre un moratoire sur le Deep Sea Mining, l’exploitation minière en eaux profondes. « Nous avons lancé le mouvement Look Down », explique Camille Etienne. « Il s’agit d’une référence au film Don’t Look Up. Cette action dénonce l’exploitation minière des fonds marins. Les scientifiques le disent : on ne connaît pas bien les fonds marins. Nous connaissons mieux la surface de la Lune », dit-elle. Elle ajoute : « On est en train de condamner des espèces avant même de les avoir rencontrées. On avance avec un haut niveau d’ignorance. L’impact sur la biodiversité pourrait être dramatique ».
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« Puiser les ressources sans subir les conséquences, pose une vraie question de responsabilité », explique-t-elle. « Avec Look Down, nous voulons un moratoire sur les fonds marins », ajoute Marie Toussaint. « Il faut que la société civile s’empare de ce sujet. Les décideurs doivent comprendre que condamner les océans c’est nous condamner nous-mêmes. Nous voulons que nos pays, notamment la France, rejoigne ce moratoire pour ne pas toucher les fonds marins, surtout avec le niveau de connaissance que nous avons actuellement », explique Camille Etienne.
La position de la France
Le gouvernement de la République des Palaos, état insulaire de Micronésie, a annoncé son opposition à l’exploitation minière en eaux profondes. Il a également annoncé le lancement d’une nouvelle “Alliance des pays pour un moratoire contre l’exploitation minière des océans”. Celle-ci vise à empêcher cette industrie destructrice de voir le jour.
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En parallèle, la députée européenne française Marie Toussaint, accompagnée de deux autres parlementaires, lance ce jour une “Déclaration parlementaire mondiale pour un moratoire sur l’exploitation minière des grands fonds marins”. Elle invite les parlementaires du monde entier à adopter un principe de précaution et à interdire cette industrie dont les impacts potentiels pour la biodiversité et le climat sont à ce jour inconnus.
L’ONG Greenpeace, demande à la France plus de clarté. “L’étau contre l’exploitation minières des océans se resserre et la France ne peut plus rester aux abonnés absents concernant cet enjeu, constate François Chartier, chargé de campagne océans pour Greenpeace France. La seule position valable pour Emmanuel Macron, dans le prolongement du One Ocean Summit de Brest, est de défendre ce moratoire sur l’exploitation des grands fonds devant l’autorité régulatrice, l’Autorité Internationale des Fonds Marins (AIFM). Tout autre positionnement ne serait qu’hypocrisie et jeu de manches”.