Max Havelaar décide d’étendre son label Fairtrade aux agriculteurs français. L’association mise donc sur le commerce équitable pour assurer de meilleurs revenus aux producteurs terriens.
Rémunérer les agriculteurs au prix juste, le credo de Max Havelaar, acteur emblématique du commerce équitable. Depuis sa création en 1992, l’association vient en aide aux producteurs vulnérables en Afrique, Amérique latine et Asie. Grâce au label Fairtraide, elle leur assure une meilleure rémunération et des conditions de travail décentes. Ce mercredi 5 mai, l’association a annoncé qu’elle ouvrirait l’accès au label aux agriculteurs français. Son objectif est de répondre à leur détresse.
Max Havelaar soutient le bio français
Max Havelaar a ainsi annoncé la mise en place d’un « nouveau dispositif de certification innovant ». Ce dernier aura pour but de « soutenir, sans attendre, les producteurs français dans les filières lait et blé », explique l’association dans un communiqué. Cette décision ravit Patrick Roulleau. « En s’engageant dans la certification « Produits laitiers équitables Max Havelaar », notre objectif est d’obtenir pour la filière lait Charentes-Poitou une valorisation décente, pour […] maintenir cette filière laitière en déprise depuis quelques années sur notre territoire« , indique le président de l’Association Centrale des Laiteries Coopératives des Charentes et du Poitou (ACLCCP).
Ainsi, l’association annonce qu’elle fixera un prix minimum garanti aux producteurs de ces filières. Ce dernier sera défini par territoire. Max Havelaar soutiendra également un transition vers une agriculture durable notamment en accordant une éligibilité automatique en cas de conversion vers le bio et un cahier des charges compatible Haute Valeur Environnementale (HVE). « Nous avons utilisé les leçons de nos filières historiques pour créer ce nouveau cahier des charges adapté à la France, en dialoguant avec les producteurs. Alors que tout le monde parle de garantir un prix juste, transparent et supérieur aux coûts de production à l’agriculteur, nous le proposons aujourd’hui concrètement et de façon territorialisée« , félicite Blaise Desbordes, directeur général de Max Havelaar France.
Max Havelaar pour un salaire minimum garanti
Les résultats d’un sondage OpinionWay réalisé dans le cadre de la Quinzaine du commerce équitable ont motivé cette décision. 67% des Français estiment que les intermédiaires et les distributeurs sont à l’origine des problèmes des agriculteurs. En cause : les rémunérations trop basses. « Le métier d’agriculteur ne garantit même plus le salaire minimum français« , déplore Max Havelaar. L’association avance qu’un tiers d’entre eux parviendraient à peine à dégager un revenu d’exploitation de 350 euros par mois. Cependant, la mutualité sociale agricole (MSA) appelle à ne pas faire d’amalgame sur ce point. Selon l’INSEE, le revenu moyen le plus bas chez les agriculteurs se situait aux alentours de 1.160 euros par mois. Il était de 1.010 euros en 2016.
Face aux difficultés financières, certains agriculteurs se satisfont de l’annonce de Max Havelaar. « A ce jour, deux tiers des exploitations céréalières du Gers ne dégagent pas de revenu. Ce projet représente pour nous la promesse d’être considérés et rémunérés dignement« , confie Florent Estebenet, agriculteur et administrateur de la coopérative agricole Vivadour, dans le Gers. Le producteur de blé trentenaire déclare que le label Fairtrade « apporte des perspectives, de la visibilité et une certaine pérennité [aux] exploitations« .
Chaymaa Deb