Une première étude évalue l’empreinte numérique associée à l’activité des influenceurs sur les réseaux sociaux. Elle révèle notamment les bonnes pratiques pouvant être mises en place rapidement par les annonceurs et les influenceurs, mais aussi par leur communauté.
À l’heure où les influenceurs sont au cœur des stratégies des entreprises, de plus en plus d’observateurs s’intéressent de près à leur impact environnemental. Et ce, qu’il s’agisse de leurs voyages ou des modes de consommation qu’ils encouragent. Cependant, une partie conséquente de leur bilan carbone est aujourd’hui largement sous-estimée. Il s’agit de la pollution générée par leur activité principale, c’est-à-dire la création et la publication de contenus sur les réseaux sociaux. En ce sens, une nouvelle étude menée en mars 2023 par Footsprint, une agence dédiée à l’accompagnement vers une transition écologique des plateformes numériques, et par la firme d’aide à la gestion des réseaux sociaux, 1000heads, s’intéresse à l’impact environnemental associé à l’activité sur les réseaux sociaux des créateurs et créatrices de contenu.
Un profil d’influenceur anonymisé comme exemple
Pour réaliser cette première étude, Footsprint a dans un premier temps, cherché à contacter des influenceuses et influenceurs. « Nous ne pouvons pas donner de noms, mais aucun d’entre eux n’a répondu », admet Elisa Boivin, fondatrice de Footsprint. « C’est pour cela que nous nous sommes basés sur un profil existant anonymisé avec des données publiques. Nous l’avons appelé Clara », explique-t-elle. Clara est donc une influenceuse avec trois millions d’abonnés sur YouTube, TikTok et Instagram. « Nous avons fait le bilan carbone de l’ensemble de son contenu publié sur un an. Soit 14h de vidéo pour 50 vidéos postées sur Youtube. 52 minutes sur 280 publications sur Instagram et 20 minutes pour 75 vidéos sur TikTok », détaille Elisa Boivin. Le taux de visionnage et la performance des vidéos à été analysé avec des benchmark de l’agence 1000heads.
Si l’étude n’a évalué l’empreinte numérique que d’un seul profil d’influenceur, elle permet de sensibiliser le milieu à cette pollution souvent ignorée. « L’impact carbone de la publication et du visionnage des contenus de Clara sur un an pourrait atteindre 1.072 tonnes de CO2-équivalent. Soit neuf allers-retours entre Paris et New York par semaine », alerte Elisa Boivin. « Il y a donc une responsabilité collective à adopter. Que ça soit pour les annonceurs qui s’appuient sur le numérique, les créateurs et créatrices de contenus mais également leur communauté », insiste-t-elle.
Des bonnes pratiques à adopter
En effet, l’étude prend le temps d’expliquer quelles pratiques pourraient considérablement faire diminuer l’impact carbone de ces contenus digitaux. « Dans l’étude, nous avons cité certaines des pratiques les plus simples à appliquer. Par exemple, nous invitons les créatrices et créateurs de contenus à réduire la durée de leur vidéo. En moyenne, Clara a des contenus de 17 minutes. En passant de 17 à 10 minutes, elle réduirait son empreinte carbone de 44% », constate Elisa Boivin. Elle précise : « il s’agit de 418 tonnes de CO2-équivalent économisées ».
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Côté annonceurs, l’étude recommande de prioriser les contenus courts également. Pour les communautés des influenceuses et influenceurs, il est vivement conseillé d’utiliser le wifi. « Le wifi consomme 5% de moins que les données mobiles », explique Elisa Boivin. Il existe une autre façon de diminuer son impact carbone en tant que vidéaste selon la fondatrice de Footsprint. « Le standard, pour la compression des vidéos, est à 1080p. En passant à 480p, notamment sur des petits écrans avec un impact presque nul sur la qualité, il est possible de réduire ses émissions de près de 50%. Le message clé ici, est de faire comprendre qu’il ne faut pas faire la course à la qualité inutilement », explique-t-elle.
Sensibiliser les influenceurs sans condamner
Elisa Boivin insiste enfin sur un message clé de l’étude. « Nous ne sommes pas là pour pointer du doigt les vidéastes sur les réseaux sociaux. Nous ne leur disons pas d’arrêter de faire des vidéos », explique-t-elle. L’étude a pour objectif, selon le communauté de Footsprint et de 1000heads, de sensibiliser le grand public aux impacts liés au numérique.
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Pour Elisa Boivin, il est « nécessaire que les créateurs et créatrices prennent en considération cette pollution numérique ». Elle ajoute : « Aujourd’hui, certains d’entre eux ont davantage d’influence que des politiques ou des entreprises. Avec eux, nous pouvons véhiculer ce message ». Au-delà des contraintes, il s’agit d’une « opportunité pour ces acteurs de renforcer leur crédibilité auprès de leur cible ».