À Dubaï, un nouveau phénomène à la mode monte en popularité : il s’agit du jetcar, des répliques de supercars qui permettent de “rouler” sur l’eau. Mais quelles sont les répercussions écologiques de ce bolide, mi-jetski mi-bateau, aux allures de Corvette ou de Ferrari ?
Une voiture qui roule sur l’eau, cela vous semble être une idée tout droit sortie d’un film de science-fiction? Pourtant, ce concept nommé jetcar est bien réel. C’est même le nouveau phénomène à la mode dans certains coins de la planète, notamment sur les côtes du golfe Persique à Dubaï. Le jetcar est une sorte de bolide, mi jet-ski mi bateau, dont les loueurs dubaïotes vantent le standing « digne d’une Corvette ». Et l’activité est onéreuse. Pour s’offrir un tour en jetcar, il faudra débourser pas moins de 600 euros de l’heure.
Sur l’eau, lancé à 70 km/h, le jetcar est bruyant. Lorsqu’il se trouve dans les parages, les amoureux du farniente sous le soleil peuvent dire au revoir aux siestes paisibles. Et c’est d’autant plus le cas pour les espèces marines, qui sont directement exposées à ces engins de type motomarine. Selon le rapport de préconisations pour limiter les impacts des émissions acoustiques en mer d’origine anthropique sur la faune marine réalisé par le Ministère de la transition écologique et solidaire en 2020, un moteur de jet-ski, similaire à ceux utilisés pour les jetcar, génère une pollution sonore variant entre 120 et 190 décibels. Ce bruit peut avoir un impact sur la biodiversité et l’ensemble de la faune marine, bien qu’il soit variable en fonction du type d’engin et de sa vitesse.
Le jetcar, une pollution sonore supplémentaire
Le bruit sous-marin émis par les motomarines provient principalement des bulles générées par le système de propulsion par hydrojet et à la rotation des pales de la turbine. Il s’agit d’un bruit continu, dont la fréquence et le niveau varient fortement en fonction de la vitesse, mais également avec les changements d’allure et de direction.
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Depuis de nombreuses années, des spécialistes de la bioacoustique et de l’éco-acoustique documentent les relations des organismes au son. Ils étudient notamment les perturbations causées par cette pollution, et les résultats scientifiques obtenus montrent qu’elles peuvent parfois être lourdes. En mer, le milieu est particulièrement sonore, l’eau étant un très bon milieu pour la propagation du son. Les mammifères marins et les poissons peuvent subir des dommages auditifs et fuient ces sources bruyantes. Selon le rapport bruit et biodiversité réalisé par l’association Bruitparif en 2020, « la pollution sonore maritime complique la recherche des partenaires sexuels et celle de la nourriture, et se traduit parfois par des pertes de localisation ».
Le jet-ski, l’un des sports nautiques les plus polluants pour les mers
À ces nuisances sonores s’ajoutent une pollution de l’air et de l’eau, néfaste pour la biodiversité et les écosystèmes. De manière générale, les sports motorisés sont des activités particulièrement énergivores et polluantes. Les moteurs sont souvent très puissants et polluent massivement. Non seulement, les gaz d’échappement polluent l’air et l’eau. De plus, les moteurs rejettent de l’huile. Or, les hydrocarbures présents dans l’essence et l’huile causent de sérieux dommages sur la faune. « Les scientifiques ont déterminé que la pollution par hydrocarbures, principalement PAH (Polycyclic Aromatic Hyrdocabons) qui résulte de la décharge du fuel est toxique à toutes les formes de zooplancton et s’accumule le long de la chaîne alimentaire provoquant ainsi de sérieuses menaces pour l’environnement marin », indique dans un document de synthèse le collectif Le Léman sans jetski.
Ainsi, le jetcar, à l’instar du jet-ski, est l’un des sports nautiques les plus polluants au monde pour les mers. Il rejette beaucoup de gaz d’échappement et son moteur est particulièrement énergivore. Les petits jet-ski consomment entre 25 et 40 litres d’essence par heure. Et certains gros modèles peuvent consommer jusqu’à 100 litres à l’heure.