Alors que vient de paraître le deuxième volet du sixième rapport du Giec, Météo France vise de nouvelles priorités pour la période 2022-2026. Un nouveau contrat d’objectifs ambitionne un accompagnement des citoyens et des politiques publiques dans leur adaptation aux évolutions climatiques futures.
Le nouveau rapport du Giec alarme une fois de plus. « Le monde affrontera de multiples aléas climatiques inévitables » au cours des prochaines décennies. Face à des phénomènes météorologiques extrêmes toujours plus intenses, Météo France vise à renforcer ses services dans l’adaptation au changement climatique. Dans cette optique, un nouveau contrat d’objectifs et de performance (COP), conclu avec le Ministère de la Transition Écologique, fixe les priorités de Météo-France pour la période 2022-2026.
Des orientations prioritaires ont été identifiées. Elles permettront aux usagers et clients de Météo-France d’anticiper au mieux le changement climatique. Ceux-ci pourront prendre, à partir d’informations précises, des décisions afin d’assurer leur sécurité ou optimiser leurs activités économiques. « Face à des extrêmes météorologiques et climatiques de plus en plus fréquents et puissants, ce COP souligne la raison d’être de notre établissement : aider les décideurs publics et privés, les élus, la société́ civile et les citoyens, à mieux comprendre et gérer leur sensibilité à la météo et au climat », a déclaré Virginie Schward, PDG de Météo France.
Lire aussi : GIEC : « De multiples aléas climatiques inévitables » même à +1,5°C
Prévenir les risques
Depuis plusieurs années, pour contribuer à l’adaptation au changement climatique, Météo France informe les usagers sur les principaux enjeux d’adaptation. Mais pour ce nouveau COP, l’objectif va plus loin. « Nous allons de plus en plus mettre l’information climatique dans le référentiel de l’utilisateur pour que celui-ci puisse prendre des décisions », explique à Natura Sciences Patrick Josse, directeur de la climatologie chez Météo France.
Les informations climatiques délivrées par l’organisme ne concerneront plus uniquement l’évolution des températures ou des précipitations. Celles-ci viseront désormais à prévenir de potentiels scénarios selon le secteur d’activité du client. « Ce que l’on souhaite de plus en plus, si l’on prend l’exemple des stations de ski, c’est d’établir un diagnostic de skiabilité, poursuit Patrick Josse. Nous allons croiser nos informations climatiques avec la configuration fine de la station, les enneigeurs artificiels qui sont disponibles et les ressources en eau. L’objectif est de parvenir à estimer différents scénarios d’évolution du climat pour les décennies à venir ».
Le directeur de la climatologie insiste également sur l’agriculture, l’une des priorités de Météo France. « Plutôt que de donner des informations sur la température ou les précipitations, nous pouvons, par exemple, avec nos partenaires, exprimer une évolution dans les années futures d’une date de mise en herbe des troupeaux ». L’expert se penche aussi sur l’exemple des épisodes de gel survenus au printemps 2021. Il pourrait être possible de prévenir sur ces occurrences dans un climat futur.
Lire aussi : Gel tardif : un risque de plus en plus probable à cause du réchauffement
De nouvelles offres d’accompagnement chaque année
Pour accompagner au mieux les services de l’État dans leurs démarches d’adaptation, Météo-France prévoit « au moins cinq nouveaux services » consacrés à l’adaptation au changement climatique d’ici 2026. Parmi la liste non exhaustive des prochaines réalisations, l’outil d’application web ClimaDiag sera lancé à la fin du premier trimestre. « Cet outil permettra aux entreprises d’établir un premier diagnostic sur leur climato-sensibilité, c’est-à-dire leur exposition au changement climatique », résume Patrick Josse. ClimaDiag sera disponible via le site de Météo France et peut être utilisé « en toute autonomie » par ses utilisateurs.
Puis, d’ici la fin de l’année 2022, Météo France proposera une identification des principaux risques auxquels sont confrontées les politiques publiques, collectivités et communes pour l’horizon 2050. Ce second service prévoit notamment « un minimum d’efforts et d’investissements pour les élus ». Selon le directeur de la climatologie, il s’agit de « croiser une évolution climatique avec les enjeux de chaque commune ». Via ce service, l’utilisateur pourra communiquer avec les administrés sur les actions entreprises ou à entreprendre.
Lire aussi : « Les paysans face au chaos climatique »
Informer davantage sur le cycle de l’eau
Dans la même lancée, Météo France ambitionne une évolution du site web DRIAS, premier service climatique français lancé en 2012. Cet espace se soucie d’apporter les informations et données nécessaires sur l’évolution du climat pour les prochaines décennies. Il connaîtra, dès 2023, un quatrième volet dédié à la ressource en eau. « C’est l’un des impacts majeurs du réchauffement climatique, indique Patrick Josse. Il y a des demandes très fortes sur l’humidité des sols. Que ce soit la ressource en eau ou la sécheresse ». Des informations « plus riches et complètes » seront alors disponibles sur DRIAS, mais également sur l’hydrologie et l’évolution des débits des cours d’eau.
Cependant, concernant l’agriculture, DRIAS ne prévoit pas encore un niveau d’interactivité efficace pour que l’utilisateur puisse paramétrer et commander l’indicateur climatique selon ses besoins. « Pour les épisodes de gel, les agriculteurs voudront rechercher un cépage qui résiste le mieux à ce phénomène. Mais aussi en supportant aussi les épisodes de sécheresse en période estivale ». De prochaines améliorations sont estimées vers fin 2023 ou début 2024 selon l’expert.
Renforcer le dispositif de vigilance
Le COP prévoit enfin de renforcer les missions d’avertissement et de protection de la population. Concernant la vigilance météorologique, à l’exemple de fortes tempêtes, « nous allons passer d’une vigilance à 24 heures à une vigilance à deux jours », a indiqué Virginie Schwarz, PDG de Météo-France.
En élaborant des « prévisions plus fiables et anticipées », l’objectif consiste à prévoir les épisodes de vigilance 6 heures avant leur survenue, au lieu de 3 heures actuellement. « Le dispositif de vigilance sert à informer le public ainsi que les autorités publiques », prévient Sylvain Mondon, chef du département des missions institutionnelles à Météo France. En élargissant le nombre d’heures anticipées, le citoyens pourront réagir et faire face à de fortes prévisions météorologiques.