Les agriculteurs et industriels des Hauts-de-France continuent leur conversion pour atteindre les objectifs fixés par le plan Ecophyto II. Il prévoit une réduction de l’usage des pesticides de 50% à l’horizon 2025. Pour y parvenir, les efforts à fournir sont ardus, mais n’entachent pas la motivation de ces derniers. Reportage.
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Grégoire Lhotte pose sur son exploitation Dephy qui fournit Bonduelle. PHOTO//Chaymaa Deb pour Natura-sciences.com
Un soleil de plomb à Venette (60) au « bout du plateau picard, sur la vallée de l’Oise ». À l’ombre d’un gros arbre, en plein cœur de son exploitation SCEA Fantauzzi, Grégoire Lhotte nous accueille. Cet homme discret est à la tête d’une exploitation agricole spécialisée dans les légumes d’industrie. Chez lui, on retrouve en hiver du blé et de l’orge. Au printemps, betteraves, pommes de terre, haricots verts et autres pois oléagineux. Grégoire Lhotte, ses 7 salariés temps plein et ses 900 hectares font partie du réseau Dephy. Comme les 1.900 autres exploitants du réseau, l’objectif de l’hôte est de réduire l’usage de produits phytosanitaires.
Ecophyto réduit les pesticides au niveau régional
« J’ai choisi de passer à une agriculture plus raisonnée au tournant des années 2000. L’élément déclencheur a été le nématode. Ce champignon ravageait les racines de betteraves, et je suis arrivé à une impasse. De là, j’ai privilégié la culture de variétés moins sensibles aux nématodes, comme la moutarde » explique Grégoire Lhotte. Depuis 2013, il a réduit de moitié son usage de pesticides (hors herbicides).
Autre bon point : il utilise 40% de pesticides de moins que les autres exploitations de la région. C’est par rapport à la référence régionale que l’agriculteur régule son utilisation de produits phytosanitaires.
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Mesure agro-environnementale : argent contre contraintes
Le picard est engagé dans une mesure agro-environnementale (MAE) phytosanitaire depuis 2009. Bien que la réduction de l’utilisation des pesticides soit une bonne nouvelle, le tableau n’est pas totalement rose pour autant. Selon les agriculteurs, à l’instar de Grégoire Lhotte, moins de phyto c’est aussi moins de rendement. C’est l’un des prix à payer pour accéder à des cultures plus propres.
« Les MAE prévoient des compensations financières pour pallier les manques à gagner, mais les règles du jeu sont rudes » concède Lhotte. En effet, les IFT, ou doses maximales de produits phytosanitaires, sont réduits chaque année dans le cadre des MAE. Et évidemment, pour avoir droit aux subventions des MAE, il faut savoir faire plus.
Bonduelle mise sur Ecophyto
Cependant, il s’avère que parfois l’optimisation des pratiques mène à des pratiques surprenantes pour les néophytes. Dans l’industrie agroalimentaire, tous les moyens sont bons pour respecter les nouvelles normes. C’est notamment le cas chez Bonduelle. Le leader du petit-pois-carottes français a sensiblement réduit l’usage de pesticides et de fertilisants azotés depuis 2009. « Nous veillons à réduire le recours aux intrants. Ainsi, nous binons la terre pour faire remonter les sels minéraux et ne pas ajouter de pesticides » explique Géry Capelle, responsable Développement Agronomie chez Bonduelle.
Et cela ne s’arrête pas là. « Nos agriculteurs font aussi de la culture optimisée. Par exemple, les carottes ne sont plus cultivées en sol mais sur des planches de trois étagères. Le but étant de faciliter le binage mécanique » ajoute Géry Capelle. Visiblement, le prix à payer pour avoir des carottes plus propres est qu’elles quittent la terre. Dommage ?
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Auteur : Chaymaa Deb, journaliste du webzine Natura-sciences.com