« Je demande instamment à chacun de venir avec des engagements ambitieux pour nourrir l’espoir d’un avenir meilleur ». Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU a formulé cette demande auprès des Etats, en vue du sommet des systèmes alimentaires. Aujourd’hui, la faim dans le monde augmente, le dérèglement climatique s’accélère, ce qui menace la production agricole.
Dans ce cadre, l’ONU organise jeudi ce sommet mondial qui a pour objectif d’inciter les membres à réformer leurs systèmes alimentaires. Ce sommet virtuel devrait regrouper plus de 85 chefs d’État et de gouvernement, des défenseurs de causes diverses, et des entreprises. Depuis plusieurs mois, certaines ONG critiquent les modalités inhabituelles de son organisation. Elles les jugent « opaques » et redoutent que les pistes retenues ne fassent la part belle à « l’agrobusiness ». Pour cause, c’est la première fois qu’un sommet de l’ONU sur l’alimentation n’e
st pas demandé par les États. Il a été construit après l’annonce d’un partenariat avec le forum économique
mondial de Davos.
Davos finance le sommet des systèmes alimentaires
La préparation de ce sommet a nécessité 18 mois. Durant cette période, 148 pays ont mené des « dialogues », impliquant toutes les parties prenantes. Il s’agit de mettre en discussion tout le système, des producteurs aux distributeurs, en passant par les industries alimentaires. A l’issue de ces discussions, 80 pays ont transmis leur « chemin national » pour arriver à des systèmes alimentaires plus équitables et plus respectueux de l’environnement, selon les organisateurs. Jeudi, les entreprises s’exprimeront par le biais d’une déclaration.
A cette occasion, l’ONU a nommé Agnes Kalibata envoyée spéciale pour ce sommet. Or, l’ONG Grain révèle qu’elle préside l’Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA) depuis 2014, lancée par la Fondation Bill & Melinda Gates. L’association lui reprochent donc de promouvoir l’industrialisation de l’agriculture en Afrique. Pour l’ONG, qui défend les petits paysans, « le sommet a été détourné dès le début par les multinationales. Le Formum économique mondial de Davos le sponsorise ». De son côté, Action contre la faim estime que « les nouvelles règles du jeu » instaurées par ce rendez-vous sont « très problématiques » et « floues ». Selon l’association, « elles remettent en cause le multilatéralisme » et la négociation entre Etats.
Ouns Hamdi