En spray, solide, en bracelet, en bougies, les produits réputés anti-moustiques existent sous toutes les formes. Qu’ils soient à base d’huiles essentielles ou de produits biocides, ces répulsifs peuvent avoir un impact sur la santé. La question se pose alors : lequel choisir ?
Les moustiques vont-ils finir par s’empoisonner en buvant notre sang ? Pour l’instant, nous n’en sommes pas encore là. Néanmoins, l’étude du Programme national de biosurveillance Esteban étudiait déjà, en 2021, la contamination des Français par les pyréthrinoïdes, une des familles d’insecticides les plus utilisées. L’étude a découvert que la quasi-totalité des métabolites des pyréthrinoïdes se retrouvent dans 99% de la population française, adulte comme enfant.
D’après Esteban, plusieurs pyréthrinoïdes ont des effets de perturbateurs endocriniens rapportés. Pourtant, au sein de l’Union européenne, aucun n’est classé pour sa cancérogénicité ou son caractère de perturbateur endocrinien. Néanmoins, depuis 2022, même s’ils restent disponibles sur le marché, le Haut Conseil de la santé publique (HSCP) ne recommande plus l’utilisation de ces produits pour l’imprégnation de textiles, du fait d’une “balance bénéfice-risque défavorable”.
Les répulsifs cutanés : le moyen recommandé par le Haut Conseil de la santé publique
Pour prévenir les piqûres de moustiques, le HSCP, dans ses Recommandations sanitaires de 2022 pour les voyageurs, préconise l’utilisation d’une moustiquaire ou de répulsifs cutanés. Les autres moyens de prévention sont qualifiés de moyens d’appoint (comme les vêtements imprégnés d’insecticides), ou de moyens non recommandés. Par exemple, les bracelets anti-insectes, les huiles essentielles et les ultrasons tombent dans cette seconde catégorie. Pour le Haut Conseil, l’efficacité de la plupart de ces méthodes reste non démontrée. Dans le cas des huiles essentielles, elles sont même non-recommandées à cause de problèmes d’irritations cutanées ou de photosensibilisation.
Après avoir testé un panel de produits, l’UFC Que Choisir appuie cette décision. L’association de consommateurs conclut sur la non-efficacité de ces méthodes “alternatives”.
Quatre substances actives pour tous les anti-moustiques
Les répulsifs cutanés font partie des produits biocides. Ils servent à repousser, rendre inoffensifs ou détruire des organismes jugés nuisibles. Dans son avis, le HSCP distingue quatre substances actives : le DEET, l’IR 3535, l’icaridine et l’huile d’Eucalyptus citriodora, hydratée, cyclisée. Cette dernière se retrouve dans le commerce sous le nom de citriodiol et possède un dérivé de synthèse, le PMD.
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Le PMD a fait l’objet d’une non-approbation au niveau européen. Catherine Gourlay-Francé, directrice adjointe des produits réglementés à l’Anses, indique que le PMD “n’est plus autorisé au niveau européen”. On ne devrait donc plus trouver de produits à base de PMD dans le commerce européen.
Quel anti-moustique efficace choisir ?
En ce qui concerne la forme que prend le répulsif, l’ANSES n’a pas d’a priori particuliers. Qu’ils soient en spray ou solides, ces produits sont a priori efficaces. Et, pour les produits qui ont une autorisation de mise sur le marché (AMM), l’efficacité a été vérifiée par l’ANSES. Néanmoins, “nous n’avons jamais reçu de demande d’AMM ni donc évalué de bracelets”, confie Catherine Gourlay-Francé. L’agence ne peut donc pas se prononcer sur cette forme. “Mais ce que nous garantissons c’est, qu’a priori, l’usage, dans les conditions d’emploi telles qu’elles sont précisées dans l’AMM, avec des doses et des nombres d’applications maximales par jour, permet de de ne pas avoir de risques inacceptables sur la santé et sur l’environnement”, poursuit-elle.
Au niveau du type de produit, les recommandations de l’ANSES se portent sur les produits qui disposent d’une Autorisation de Mise sur le Marché ou AMM. “Quand nous évaluons les produits, avant de délivrer une AMM, nous évaluons les risques mais également l’efficacité, indique Catherine Gourlay-Francé. Donc, le metteur sur le marché doit fournir la preuve que le produit est bien efficace contre toutes les cibles qu’il revendique, donc ici les moustiques.”
Les “risques inacceptables”
Le Haut Conseil de la santé publique distingue les produits contenant du DEET et de l’IR 3535, de ceux contenant l’icaridine et du citriodiol. La majorité des deux premiers bénéficient d’une AMM. Un résumé des caractéristiques du produit (RCP), indiquant les règles d’utilisation du produit, accompagne cette AMM. Celles-ci permettent de garantir l’efficacité du produit ainsi qu’une utilisation sans “risques inacceptables” pour l’homme ou l’environnement.
L’ANSES détermine ces “risques inacceptables” à partir du profil de danger des substances actives contenues dans le répulsif. Catherine Gourlay-Francé éclaire : “Le principe est de déterminer un profil de danger, à la fois pour la santé humaine et pour les différents compartiments de l’environnement. Nous déterminons les quantités de substances actives en dessous desquelles nous ne nous attendons pas à voir d’effets sur la santé ou sur l’environnement.” Lorsque les conseils d’utilisation du répulsif sont suivis, si des quantités inférieures à celles du profil de danger sont obtenues, le produit est classé sans “risques inacceptables”. Il reçoit alors son AMM.
Des anti-moustiques réglementés mais a posteriori
D’après les recommandations de 2022 du HSCP, les produits contenant de l’icaridine et du citriodiol, ne bénéficient pas encore de cet AMM. “Jusqu’à récemment, les produits biocides n’étaient pas systématiquement évalués. Depuis la mis en en place d’une réglementation dédiée en 2012, l’évaluation se fait de manière rétroactive. C’est un travail colossal qui doit se faire au fur et à mesure. C’est donc l’une des raisons pour lesquelles il peut y avoir des substances qui n’ont pas encore d’évaluation et qui se trouvent déjà sur le marché”, explique Catherine Gourlay Francé.
Il faudra donc attendre les conclusions de l’ANSES pour savoir si l’utilisation de produits à base de citriodiol est ou non une bonne idée.