La Coupe du monde de football 2022 débute au Qatar ce 20 novembre. Plusieurs villes, collectifs, associations et personnalités appellent au boycott de l’événement. On vous explique les 3 arguments écologiques et d’atteinte aux droits humains majeurs qui poussent au boycott de l’événement selon les ONG.
Les appels au boycott de la Coupe du monde au Qatar se sont multipliés ces dernières semaines. 14 grandes villes françaises ont annoncé qu’elles n’installeront pas d’écrans géants ou de Fan-zones. La coalition « Carton rouge pour le Qatar » lance pour sa part plusieurs actions pour dénoncer la tenue de ce mondial et organise une contre-coupe. Leur site propose une carte des contre-événements organisés pendant les matchs. Alors, pourquoi boycotter ? Voici les 3 raisons écologiques et sociales majeures qui ressortent.
Argument 1 : Cette Coupe du monde piétine les droits humains
Le premier argument repose sur l’exploitation des travailleurs qui ont construit les infrastructures de cette Coupe du monde. Travaillant souvent 11h/jour 6j/7 sous près de 40°C pour 275 dollars/mois, ils résidaient dans des dortoirs sommaires. Ils ne pouvaient ni changer d’emploi ni quitter le pays sans autorisation. Près de 6 500 ouvriers seraient décédés depuis le début des travaux, la plupart du temps à cause des conditions de travail extrêmes selon une enquête de The Guardian. Plus de 15 000 travailleurs migrants seraient décédés depuis l’attribution du mondial en 2010, 70% de ces morts restent inexpliquées selon Amnesty international. Plusieurs ONG, dont la branche française de l’ONG Amnesty International, appellent la FFF à « agir » en faveur de la création d’un fonds d’indemnisation « pour les travailleurs migrants exploités au Qatar ».
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Par ailleurs, l’homosexualité reste criminalisée dans l’émirat qatari. Les personnes gays, bi, lesbiennes et trans subissent de nombreuses discriminations. Elles risquent jusqu’à sept ans de prison, voire de la peine de mort si la personne concernée est de confession musulmane, alerte l’ONG Human Right Watch. L’ambassadeur qatari de la compétition, Khalid Salman, a récemment déclaré que « l’homosexualité est une déviance mentale ». Le comité d’organisation du Qatar a publié un document de 16 pages sur les règles de vie que les supporters devraient adopter dans le pays. Parmi elles, ne pas fixer un Qatari dans les yeux, ne pas s’approcher ni étreindre les hôtes féminins, s’habiller avec des vêtements couvrants les épaules et les genoux ou encore ne pas brandir un drapeau LGBTQIA+.
Argument 2 : La plupart des stades sont à ciel ouvert, climatisés et « jetables »
Le boycott se base aussi sur plusieurs raisons écologiques. L’argument qui revient le plus souvent est la climatisation de 7 des 8 stades à ciel ouvert. Une telle climatisation en plein désert ne relève pas vraiment de la sobriété énergétique. Bien que les organisateurs aient décalé la Coupe du monde au début de l’hiver pour éviter des températures frôlant les 40°C en juillet, le Qatar prévoit un immense système de climatisation pour maintenir une température de 20°C sur la pelouse. Il devrait pourtant faire entre 15 et 29°C à l’extérieur. La température moyenne avoisinera donc celle des deux derniers mondiaux.
Par ailleurs, sept stades, construits spécialement pour cette compétition ne seront sûrement pas réutilisés après le mois de décembre. Le Stade 974, présenté comme un stable « réutilisable et recyclable » sera intégralement démonté. Mais que deviendra-t-il?
Argument 3 : Plus de 160 vols quotidiens sont prévus pour acheminer les supporters
La pollution générée par les transports constitue un autre argument de taille du boycott. La Fifa prévoit 3,6 millions de tonnes de CO2E pour l’ensemble du mondial, un chiffre largement sous-évalué selon l’ONG Carbon Market Watch.Toutefois seule la Fifa propose une répartition globale des émissions : 24% seraient dues à la construction et au fonctionnement des infrastructures. 20% à l’hébergement et aux équipements annexes. Le transport des équipes et des spectateurs devrait, lui, en générer 50%.
En particulier, les 1,3 million de spectateurs attendus devront donc emprunter l’un des 160 vols quotidiens annoncés; soit plus d’1 toutes les 10 min; entre le Qatar et les pays voisins pour rejoindre leur hôtel.
Chiara Hagenlocher et Matthieu Combe