Afin de réduire les consommations de chauffage et de climatisation des bâtiments tertiaires, le décret BACS rend progressivement obligatoire la gestion technique du bâtiment (GTB). Une avancée à surveiller de près.
La climatisation est trop fraîche dans votre bureau en été ? Les lumières restent allumées dans tout le bâtiment, alors que seulement un tiers des bureaux sont occupés ? Cela sera peut-être bientôt un mauvais souvenir ! La mise en œuvre d’une gestion technique du bâtiment (GTB) sera en effet bientôt obligatoire pour presque tous les bâtiments tertiaires équipés d’un système de chauffage ou de climatisation.
Et pour cause, le décret BACS publié en juillet 2020 entre progressivement en application. L’objectif : installer un système de gestion et de surveillance globales et intelligentes des lumières, de la ventilation, du chauffage ou encore de la climatisation. Ce nouveau dispositif devrait aider à atteindre les objectifs de réduction des consommations d’énergie du décret tertiaire : de – 40% en 2030 à -60% en 2050.
Une généralisation progressive à tous les bâtiments tertiaires
Ainsi, le guide du décret BACS de l’entreprise technologique Accenta rappelle que les obligations liées à ce décret entrent progressivement en vigueur suivant la date de construction du bâtiment et la puissance nominale des équipements thermiques. Dès avril 2024, elles s’appliqueront aux constructions neuves avec une puissance thermique de plus de 70 kilowatts (kW). Puis, elles concerneront les bâtiments existants équipés d’une puissance thermique supérieure à 290 kW en 2025 et enfin tous les bâtiments avec une puissance supérieure à 70 kW dès 2027.
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Christophe Rodriguez est directeur général de l’Institut Français pour la Performance du Bâtiment (IFPEB). L’organisation pilote chaque année un concours d’économies d’énergie auquel prennent part des milliers de bâtiments. « Un enseignement clé est que certains bâtiments arrivent à faire plus de 40% d’économie d’énergie sans travaux lourds, car les bâtiments ont des installations extrêmement désoptimisés », souligne-t-il.
L’importance de la maintenance des GTB
La problématique du réglage et de la maintenance concerne également la GTB. Ce type de système se dérègle très facilement dès lors qu’un occupant a trop chaud ou trop froid, souhaite modifier les heures d’éclairage… « La recommandation numéro 1 est qu’une GTB se règle sinon ça ne marche pas, martèle Christophe Rodriguez. Il faut systématiser des campagnes de réglage tous les 3 à 5 ans, mais cela ne se fait quasiment jamais : cela fait 10 ans que je vois des installations mal gérées, mal réglées, mal pilotées. » En 2015, une étude de l’ADEME avait audité les GTB sur une quinzaine de bâtiments. Elle conforte Christophe Rodriguez dans son alerte. « L’étude relevait que plus de 70% des GTB sont peu, mal ou sous-utilisés », souligne-t-il.
Le décret prévoit donc des « vérifications périodiques par un prestataire externe ou un personnel interne compétent ». « Ces vérifications sont encadrées par des consignes écrites données au gestionnaire du système d’automatisation et de contrôle du bâtiment, qui doivent préciser la périodicité des interventions, les points à contrôler et prévoir la réparation rapide ou le remplacement des éléments défaillants de ces systèmes d’automatisation et de contrôle », mentionne-t-il. Christophe Rodriguez met toutefois en garde : « Ce n’est pas parce que c’est écrit dans le décret que les gestionnaires feront les campagnes prévues, il faudra donc bien le vérifier ».