L’hippopotame, Hippopotamus amphibius, ne bénéficie pas de statut particulier et il est considéré comme une espèce à faible risque et préoccupation mineure (LR/LC).
Malgré son importante aire de distribution, cet ongulé est protégé dans pratiquement toute l’Afrique de l’Ouest et centrale. La viande et la peau de l’hippopotame et l’ivoire de ses dents sont en effet recherchés et l’espèce a fait l’objet d’un braconnage important. Au Bénin, sa viande est vendue jusqu’à 200 000 FCFA/kg.
L’hippopotame est distribué dans toute les fleuves, lacs et mares, bordés de végétation, de l’Afrique subsaharienne, depuis le Sénégal jusqu’en Afrique de l’Est et australe. Ils empruntent parfois des estuaires qui les conduisent à la mer (Tanzanie, Sénégal [Casamance], Guinée Bissau, Gabon).
La population globale est actuellement morcelée, souvent constituée de petites sous populations sensibles aux catastrophes (sécheresses), à la réduction des habitats, ainsi qu’à des problèmes génétiques. La sous-espèce présente au Tchad et au Nigeria (H. a. tschadiensis) est classée comme vulnérable.
L’hippopotame cause localement des dégâts aux cultures entraînant des confits homme/faune. Il fait l’objet d’un empoissonnement fréquent par les pêcheurs et agriculteurs lors de dégâts occasionnés à leurs filets et barques de pêche et aux cultures se trouvant à la lisière des berges. Les hippopotames sont intégralement protégés par les conventions d’Alger (1969) et CITES (1990). Dans l’ensemble des pays (pays au Sud du Sahara) de l’aire de répartition de l’hippopotame, l’espèce est intégralement protégée c’est-à-dire interdite de chasse.
Comment vit un hippopotame ?
Ce gros herbivore est semi-aquatique et passe une grande partie de la journée dans l’eau et à se reposer sur les bancs de sable des fleuves et des rivières. Il évite les berges densément boisées et les eaux à fort courant. Excellent nageur, il peut demeurer jusqu’à six minutes sous l’eau et marcher sur le fond. L’hippopotame, très grégaire, sédentaire et territorial (seulement dans l’eau), vit en troupeaux de 5-15 individus, mais parfois beaucoup plus, composés de femelles et de jeunes autour desquels gravitent les mâles selon leur position hiérarchique. Les mâles dominants défendent âprement leur territoire par des combats pouvant aller jusqu’à la mort de l’un d’eux. Les vieux animaux sont ainsi souvent balafrés de cicatrices.
La queue courte mais puissante permet de désintégrer les bouses, de consistance molle, au moment de leur émission et de les répandre sur les buissons comme une marque de territoire (bien qu’il ne soit pas considéré comme un animal territorial sur la terre ferme). Ces marques pourraient en fait servir de « balises » pour faciliter l’évolution des animaux dans les aires de nourrissage autour de leur domaine vital. Les excréments ainsi déposés, mélangés à de l’urine, jalonnent également les sentiers utilisés par les animaux. Le dépôt de fèces et d’urine pourrait aussi avoir une fonction sociale importante permettant aux individus d’un groupe de se reconnaître.
La gestation, d’environ 235 jours, conduit à la naissance d’un petit (rarement deux) dans l’eau ou sur la terre ferme. La femelle s’isole alors du troupeau pendant quelques semaines et défend son petit contre toutes les agressions, en particulier des autres hippopotames, surtout des mâles.
Essentiellement herbivore, l’hippopotame peut ingurgiter jusqu’à 60 kg de nourriture par jour. Il arrache l’herbe avec ses lèvres, au ras du sol, et préfère des graminées rampantes ou stolonifères. Il est très friand des cultures d’ignames, patates, mais frais et des cultures maraîchères, etc. Une trop forte densité d’animaux peut conduire à de sévères dégradations de la végétation et des sols. L’hippopotame ne broute pas avec ses dents mais avec ses lèvres à la peau épaisse et dure. En cas de sécheresse, les hippopotames peuvent même se passer de nourriture pendant plusieurs semaines grâce à l’épaisse couche de graisse qu’ils ont sous la peau. Ils ne dépensent pas d’énergie car ils restent sans bouger dans l’eau ou dans la boue. C’est une espèce qui ne supporte pas les eaux polluées ou sales. C’est la raison pour laquelle, en général, les eaux où vivent les hippopotames sont utilisées comme eaux de boisson par les populations rurales.
Cet herbivore a peu de prédateurs à part les lions pour des animaux isolés ; les jeunes sont parfois la proie des crocodiles du Nil. Les feux de brousse non contrôlés constituent un facteur de destruction de son habitat et de ses aliments. Des observations rapportent la consommation de viande de la part d’hippopotames, après avoir tué les animaux (Impala au Zimbabwe) ou concernant des charognes, et même de cannibalisme.
L’hippopotame est très sensible à la lumière. L’animal a horreur du bruit et du vacarme alors que la musique l’amuse et attire sa curiosité. L’animal devient agressif lorsqu’il est blessé. L’étiage des fleuves, l’assèchement des mares et rivières dus aux changements climatiques entraînent la migration des Hippopotames. Au cours de ces migrations, ces animaux rencontrent d’énormes difficultés voire des pertes de vie. En milieu naturel, la longévité de l’hippopotame est d’environ 40 ans.
Comment reconnaître un hippopotame ?
Un hippopotame peut mesurer jusqu’à 4 m de long pour un poids variant entre 1,6 et 3,2 tonnes. L’hippopotame se classe parmi les mégaherbivores (comme l’éléphant, le rhinocéros noir et la girafe). Il apparaît comme un animal énorme, massif avec des pattes courtes et un ventre près du sol. Contrairement à la plupart des mammifères, la peau semble imberbe ; quelques poils fins existent sur le dos, les flancs et le ventre. Le museau est pourvu de longs poils durs. La peau est de couleur grise à brun chocolat, plus claire et souvent rosée au niveau du cou, de la gorge, du ventre et autour des yeux. L’épiderme peut être parfois plus foncé, de brun à rouge violacé, du fait d’une sécrétion glandulaire visqueuse (« sueur de sang ») qui le protège contre la dessiccation due au soleil. Cette substance pourrait également jouer le rôle d’antiseptique, de lubrifiant (pour faciliter la progression dans l’eau) et, par son odeur, permettrait un lien social entre les animaux. La queue courte et plate est frangée à son extrémité de poils épais et rigides. La tête massive et portée par un cou puissant, possède un museau et une bouche très larges dont les mâchoires peuvent s’ouvrir à 180°. Les yeux, petits et proéminents, sont logés dans de grandes arcades situées haut sur le crâne. Les narines sont également proéminentes et situées au sommet du rhinarium. Les oreilles, petites et insérées sur le sommet du crâne, sont frangées de poils à leur extrémité.
Lorsque la tête est partiellement submergée, les narines, les yeux et les oreilles sont ainsi hors de l’eau. Les membres sont courts et massifs, robustes et se terminent par quatre doigts munis d’onglons épais. La denture de l’hippopotame est impressionnante et consiste, en avant de la bouche, en quatre canines très développées, telles des défenses, et huit incisives courtes et coniques. Les canines, striées sur toute leur longueur, peuvent mesurer jusqu’à 60-70 cm au niveau de la mâchoire inférieure (record de 163,83 cm) et constituent donc de véritables armes lors des combats entre mâles. Les incisives peuvent atteindre 17 cm de long. Les molaires, situées en arrière de la mâchoire, servent à broyer les végétaux. L’hippopotame a des sens relativement bien développés en particulier l’ouïe et l’odorat. Il émet divers cris, dont une sorte de hennissement ou beuglement puissant associé à des souffles et des grognements. Les fèces sont des crottins cylindriques de 100-120 mm de long et 80-100 mm de diamètre, fibreux et noirâtres. Ils ont rarement cette forme initiale car les animaux les désintègrent par des mouvements de la queue au moment de leur émission.
Auteurs : Pierre POILECOT, Yemboado Georges NAMOANO et Jacob AGOSSEVI, pour le Manuel des aires protégées d’Afrique francophone (extrait)