A l’origine, le stock planétaire découvert et utilisable avec les technologies actuelles atteignait entre 2.000 et 2.200 milliards de barils de pétrole, selon les experts. Fin 2008, environ 1.150 milliards de barils avaient été extraits. Cependant, selon le secrétaire général de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), Abdallah El-Badri, les réserves s’élèveraient encore à 1.300 milliards de barils (en comptant les huiles lourdes), sans oublier celles qui restent à découvrir. De plus, grâce à la technologie, les taux d’extraction pourraient augmenter de 30 à 60%.
La production de pétrole est généralement mesurée en tonne ou en baril. En moyenne, 1 baril équivaut à 159 litres, soit 137 kg, ces chiffres variant selon la variété de pétrole considérée.
Vous avez dit pic de production de pétrole ?
Il est souvent fait allusion au pic de production du pétrole. Celui-ci fait référence au moment où la production annuelle de pétrole aura fini de croître, passera par un maximum, pour rester sur un plateau, avant de décroître. Il faut insister sur le fait que le maximum n’est pas la fin. C’est le moment où il ne sera plus possible d’augmenter la production pour suivre la hausse de la consommation. Il ne sera même plus possible de maintenir notre taux de consommation actuel. Les prix flamberont, d’autant plus que la production baissera et la demande augmentera.
Il est donc important de savoir quand ce pic adviendra. Cette question fait naître de nombreuses polémiques. En effet, les compagnies pétroles et l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) font état de réserves encore conséquentes et un pic pétrolier vers 2030. Pour eux, l’augmentation continue du prix du pétrole rendra rentable l’extraction des gisements difficiles. Il s’agit des gisements très profonds sous la mer ou sous la terre et la production d’huiles lourdes (schistes bitumineux et sables asphaltiques). Ils misent également sur les nouvelles réserves à découvrir. Pourtant, les découvertes de nouvelles réserves n’ont jamais été aussi faibles depuis 60 ans et les gisements découverts sont en moyenne plus petits.
Un pic plus tôt que prévu?
Pour l’UK Energy Research Centre, le pic de la production mondiale « atteindra son point culminant avant 2030 et peut-être même avant 2020 ». En dépit des progrès attendus pour réduire les coûts de production et leur impact sur l’environnement, l’exploitation des sables bitumeux ne semble pas en mesure de repousser le « peak oil », mais seulement à atténuer le déclin de la production mondiale. A en croire l’Association pour l’étude des pics de production de pétrole et de gaz naturel (ASPO) et l’Energy Watch Group (EWG), le pic de pétrole pourrait être imminent, entre maintenant et 2015.
Christophe de Margerie, PDG de TOTAL a une thèse différente. Ce dernier avance que les réserves sont là et que nous ne risquons pas de les épuiser. Nous risquons simplement d’arriver au bout de nos capacités de production. Deux raisons à cela : la baisse des gisements faciles et une baisse d’investissements suite à la crise économique. Aujourd’hui, 84 millions de barils sont produits chaque jour. Selon l’AIE, nous aurons bientôt besoin de 100 millions de barils quotidiens. Le PDG considère que l’Arabie Saoudite peut produire 4 millions de plus, ce qui amènera à 88 millions. Encore bien loin du compte. Et il n’est guère optimiste quand il voit la situation dans les pays producteurs tels que l’Irak, l’Iran, le Venezuela, l’Athabasca canadien, la Russie, le Nigeria…
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Des prix dont la tendance est à la hausse
L’exploration des champs pétrolifères a commencé par les plus faciles d’accès. A l’aide de la technologie, il a été possible d’aller chercher le pétrole toujours plus loin, toujours plus profond. Il est donc compréhensible que cela donne l’illusion d’abondance qui se maintient aujourd’hui. Son accessibilité baisse et le pétrole est de plus en plus difficile à extraire. S’il est possible technologiquement d’aller gratter en profondeur, les stocks disponibles sont limités. Ils diminuent et coûteront de plus en plus cher.
Le coût du pétrole varie selon la facilité d’accès et d’extraction des gisements. En 2003 extraire un baril de pétrole au Moyen-Orient coûtait entre 3 et 5$, contre 12$ dans le golfe du Mexique et 15$ en Mer du Nord. Lesquels s’ajoutent à l’investissement qu’il faut consentir au départ pour réaliser le forage lui-même qui dépend nettement de la technologie utilisée. Alors qu’un nouveau gisement était rentabilisé au bout d’une seule année au Moyen-Orient, il fallait entre 5 et 10 ans d’extraction en Mer du Nord pour rentabiliser son affaire lorsque le baril valait 25$. Mais le baril oscille à présent aux alentours de 80$…
Des réserves qui s’amenuisent
Actuellement, les réserves d’huiles lourdes sont estimées à 600 milliards de barils. Les réserves sont principalement situées au Canada et au Venezuela. Leur exploitation est très difficile et engendre de graves problèmes environnementaux. Dégradation des paysages,utilisation importante d’eau douce et émissions de polluants et de GES sont monnaie courante.
Pour l’économiste en chef de l’AIE, Fatih Birol, « les pays non membres de l’OPEP, auront atteint leur pic de production, non pas à un horizon lointain, mais dès 2010 ! ». Ce pic est déjà une réalité pour de nombreux pays tels que les Etats-Unis et le Venezuela (1970), l’Indonésie (1977), la Russie (fin des années 1980), les pays de la Mer du Nord (2000) et le Mexique (2004). En mer du Nord, le déclin annuel de la production est désormais de l’ordre de 10%.
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Le gaz naturel
Le gaz naturel pose des problèmes similaires à ceux du pétrole, encore que moins aigus. Les réserves prouvées, selon le Conseil mondial de l’énergie, s’élèvent 152 milliards de tep. Cela correspond à 55 ans de réserves probables. Mais les estimations totales de ces réserves varient de 350 à 480 milliards de tep. Ceka correspondrait à 145 à 200 ans de consommation au rythme actuel. Cependant, la consommation augmente déjà plus vite que la découverte de nouvelles réserves? Il est donc probable que la pénurie de gaz apparaissent au cours du siècle prochain.
Il faut noter que la relative abondance du gaz, son caractère moins polluant et moins émetteur de gaz à effet de serre que le pétrole et, surtout, que le charbon, feront probablement de cette énergie primaire celle qui sera la plus utilisée au cours de ce siècle pour produire de l’électricité thermique.
Auteur : Matthieu Combe, fondateur du webzine Natura-sciences.com