TotalEnergies s’apprête à opérer deux immenses champs gaziers dans les eaux profondes sud-africaines. C’est ce que révèlent les associations Bloom et The Green Connection. Bloom nous explique pourquoi elles appellent à un arrêt immédiat de ces opérations polluantes.
Après l’oléoduc EACOP, TotalEnergies remet le couvert et la planète trinque selon les associations Bloom et The Green Connection. La multinationale française a entrepris, le 5 septembre dernier, les démarches nécessaires afin d’ obtenir une licence de production pour exploiter deux immenses champs gaziers au sud de l’Afrique du Sud.
Ces opérations de forage risquent de saccager « un écosystème marin exceptionnel », selon Swann Bommier, chargé du plaidoyer des campagnes pour l’ONG Bloom. Cette zone est un refuge pour des milliers de baleines à bosse et autres animaux marins. Un accident sur les plateformes gazières pourrait aussi impacter considérablement la pêche locale africaine.
Pétrole et gaz… Le forage de Pandore
Selon les associations Bloom et The Green Connection, TotalEnergies n’en est pas à sa première tentative dans la région sud-africaine. « L’entreprise a déjà essayé d’exploiter cette zone en 2014, informe Swann Bommier. C’est une zone très riche en hydrocarburesl.Mais jusqu’à présent, la puissance des courants marins et des vents ainsi que le coût des réparations du matériel en cours d’opération ont empêché TotalEnergies, ou d’autres, de forer cette zone« . Il ajoute : « Total est en train de lever ce tabou et met en péril tout l’écosystème de cette zone ».
« Ils sont en train de prévoir des forages pour de l’exploration pétrolière et pour une licence de production et d’exploitation de gaz pour deux immenses champs gaziers qui représentent une extraction d’au moins 1 milliard de barils équivalent pétrole », informe-t-il. « Ce projet nécessiterait un investissement de 3 milliards de dollars ». Swann Bommier craint que ces opérations ne soient que les premières d’une longue liste, car « toute l’industrie des énergies fossiles », s’intéressera à cette zone.
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Un risque pour l’écosystème et pour les locaux
Les risques opérationnels liés à ces activités sont nombreux selon les associations. « Les eaux sont tumultueuses. Si nous avons un jour un problème sur un puits, nous pouvons nous retrouver avec des fuites de gaz ou des marées noires. C’est tout l’environnement marin qui risque d’être pollué », s’inquiète Swann Bommier. « Dans ces eaux on trouve des tortues, des dauphins, le manchot du Cap ou encore l’albatros. Il faut se rendre compte qu’au large du Cap, on trouve des groupes de dauphins et de baleines de 50 à 200 individus. Ces eaux sont d’une richesse spectaculaire ».
« Ce sont des eaux qui servent également aux pêcheurs et aux artisans pour se nourrir et pour l’économie du littoral. Et ces eaux-là sont ciblées pour des plateformes pétrolières », s’insurge-t-il. « C’est une zone vivrière très importante pour les communautés locales et le moindre accident pourrait avoir des conséquences catastrophiques ».
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Une lettre adressée à TotalEnergies
L’objectif des associations : alerter les décideurs politiques et le grand public sur les actions de Total en Afrique du Sud pour faire annuler le projet. « Nous avons envoyé une lettre officielle, notamment signée par Claire Nouvian pour Bloom, à Patrick Pouyanné (PDG de TotalEnergies, NDLR). Nous n’avons pas encore reçu de réponse de sa part », explique Swann Bommier. « Ce qu’on attend du gouvernement, c’est que TotalEnergies, à trois semaines de la COP27, renonce à ces projets pour garantir un respect de la trajectoire de l’Accord de Paris, et pour répondre aux recommandations du Giec, ou des spécialistes, scientifiques. »
« Nous avons lancé une pétition pour alerter le public. Pour que ceux qui n’étaient pas au courant de ce sujet-là, puissent se saisir du sujet et qu’on puisse avoir un débat sur le fait que Total est en train d’amener l’Afrique du Sud vers une transition du charbon vers le gaz, alors qu’on a besoin d’une transition du charbon vers des énergies non fossiles », informe-t-il.
TotalEnergies a fait sa demande le 5 septembre et une phase de consultation sera ouverte au grand public jusqu’au 20 janvier 2023. D’ici-là, les autorités locales décideront du sort de ce projet en Afrique du Sud. Les associations gardent espoir, notamment parce qu’il existe un précédent majeur. L’entreprise Shell a vu son projet d’exploration sismique en Afrique du Sud suspendu en 2021, puis débouté en justice le 1er septembre 2022. Le projet mettait en danger plusieurs zones marines protégées.