L’Assemblée nationale se penche à partir de mardi soir sur le projet de loi devant permettre d’intégrer la préservation de l’environnement dans la Constitution. Marine Le Pen en a profité ce mardi pour présenter à la presse son contre-projet de référendum et sa vision de l’écologie. Présentation.

La présidente du Rassemblement national Marine Le Pen qualifie le référendum devant permettre d’intégrer la préservation de l’environnement dans la Constitution de « manœuvre politicienne » d’Emmanuel Macron. Ce référendum figure parmi les propositions de la Convention citoyenne pour le climat. Pour Marine Le Pen, cette disposition figure aussi déjà dans la Charte sur l’environnement de 2004, qui a valeur constitutionnelle. Marine Le Pen décide donc qu’il est temps d’inclure l’écologie au menu de son parti et dans son programme présidentiel. Il s’agira d’une écologie protectionniste et identitaire, avec des dimensions économique et migratoire.
Sans s’appuyer sur les travaux de la Convention citoyenne, Marine Le Pen veut proposer un contre-projet de consultation des Français. Il comprend 15 questions sur l’écologie soumises aux Français par la voie référendaire. Cette votation serait basée sur l’article 7 de la Charte de l’environnement de 2004. Celui-ci a notamment été utilisé pour la consultation sur le projet d’aéroport de Notre-Dame des Landes (Loire-Atlantique). Les réponses positives seraient intégrées à la Charte de l’Environnement.
Une écologie défendant le « patriotisme économique »

Les 15 questions se divisent en trois grandes thématiques. Le RN répond « oui » à toutes les questions posées. Parmi les 15 questions, on retrouve des idées défendues par les mouvements écologistes. Il en va de la modulation de la TVA en fonction de la réparabilité et de la recyclabilité des produits ou d’un étiquetage détaillé pour les produits alimentaires. Une question propose de suspendre tout projet d’installation de grandes surfaces, une autre de restreindre toute nouvelle construction sur les terres agricoles. Mais il s’agit aussi d’investir dans le nucléaire, développer les nouveaux EPR et instaurer un moratoire sur la construction d’éoliennes.
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La candidate à l’Elysée a défendu le principe de « sécurité environnementale, sanitaire et culturelle ». Il fait l’objet de la première question de cette consultation. Le parti d’extrême droite demande également aux Français s’ils souhaitent « suspendre tout projet d’installation de grandes surfaces ». Ou encore s’ils veulent taxer les produits importés. Aucune question en revanche ne porte sur l’isolation thermique des bâtiments.
Les « ennemis » de cette « sécurité environnementale » sont pour la députée du Pas-de-Calais les accords de libre-échange. Marine Le Pen sait qu’elle a une carte à jouer sur les accords de libre-échange, alors que le Gouvernement négocie toujours le Mercosur. Elle compte prôner le « localisme » et les « circuits courts », par opposition au « globalisme ». Mais elle dénonce aussi « l’écologisme qui consiste à peindre en vert les pires atteintes à l’environnement, et l’écologie radicale, ce fondamentalisme qui entend en finir avec (…) les mœurs qui sont les nôtres ».
Pandémie, pression sur les écosystèmes, immigration et mobilité hors de contrôle
La pandémie de Covid-19 « a révélé les effondrements sanitaires qui nous menacent », a souligné la cheffe du RN. Ceux-ci « proviennent aussi bien de la pression sur les écosystèmes que de la concentration forcée de la population dans les métropoles et d’une mobilité hors de contrôle », estime-t-elle, alors qu’elle réclame toujours un moratoire sur l’immigration.
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L’eurodéputé Hervé Juvin est le spécialiste des questions écologiques au RN. Il s’oppose à une écologie « punitive » et « complice de la globalisation ». Pour lui, « les atteintes à la santé humaine par l’hypermétropolisation et l’hypermobilité », « les pollutions des eaux, des terres et de l’air, sont des problèmes plus importants que le seul dérèglement climatique« .
Pour lutter contre les atteintes à l’environnement, il prône des réponses « locales ». Il souhaite faire « payer le prix de la distance », en relocalisant les activités dans les territoires où les hommes « aspirent à vivre ». C’est-à-dire selon lui « dans leur pays, dans leur région ».
Marine Le Pen a rappelé qu’elle reconnaissait la part de l’homme dans le changement climatique. Contrairement à son père et ancien président du parti Jean-Marie Le Pen, elle n’est « pas climato-sceptique ». Pour le numéro deux du RN Jordan Bardella, « s’il doit y avoir une responsabilité humaine dans le dérèglement climatique, il incombe d’abord à notre modèle économique ». Mais il ne « croit pas à la décroissance, concept qui ne prend pas en compte les réalités ».
Barbara Pompili fustige le RN sur Twitter
La ministre de l’Ecologie Barbara Pompili a jugé sur Twitter que « le RN c’est la haine du changement, du progrès, de l’ouverture », soit « l’inverse de
l’écologie », rappelant qu’en avril 2019 Marine Le Pen avait affirmé. « Les migrants c’est comme les éoliennes, tout le monde est d’accord pour qu’il y en ait mais personne ne veut que ce soit à côté de chez lui ».
Matthieu Combe avec AFP