L’Union nationale de l’apiculture française (Unaf) voit encore rouge. L’étiquetage sur les pots de miel de différentes origines, voté il y a un an au niveau européen, tarde à voir le jour. Le projet de plan pollinisateur devant encadrer l’utilisation des pesticides en période de floraison a aussi plus de six mois de retard.
L’Unaf demande de la « visibilité » concernant la mise en place de l’étiquetage des miels et du plan pollinisateurs. Les apiculteurs attendent depuis un an la mise en œuvre d’un nouvel étiquetage sur les pots de miel contenant des mélanges de miels provenant de plusieurs pays. Le Parlement européen a en effet voté en mai 2020 l’obligation d’indiquer sur ces pots la liste de tous les pays d’origine, par ordre décroissant d’importance. L’obligation devait aussi s’appliquer à la gelée royale. Mais le gouvernement français tarde à l’appliquer. « L’étiquetage devait prendre effet en janvier 2021, nous sommes en mai, rien n’est fait », a déploré aujourd’hui Henri Clément, secrétaire général de l’Unaf, lors d’une conférence de presse en ligne.
Les apiculteurs demandent aussi de la « visibilité » concernant le plan pollinisateurs, partage Pauline Jullien de l’Unaf. Ce plan a été promis par le gouvernement quand il avait annoncé la réintroduction temporaire des insecticides néonicotinoïdes pour la culture de la betterave. Alors que le plan pollinisateurs devait initialement être soumis à la consultation du public dès la fin d’année 2020, il a été renvoyé à 2021. Fin décembre, Julien Denormandie promettait de le soumettre à consultation du public début 2021 en vue d’une publication officielle en mars.
Protéger les cultures attractives des abeilles en floraison
Le plan pollinisateurs a été présenté mi-décembre aux représentants des producteurs agricoles et à différentes associations. Il s’articule autour de quatre axes dont le plus controversé concerne la protection des pollinisateurs de l’épandage des pesticides en présence de pollinisateurs. La FNSEA, principal syndicat agricole, redoute notamment l’obligation qui sera faite aux agriculteurs de travailler de nuit pour traiter leurs cultures et dénonce de nouvelles distorsions de concurrence pour les agriculteurs français, au profit des agriculteurs européens.
Ce plan prévoit en effet une révision de l’arrêté « abeilles » du 28 novembre 2003. Il projette d’étendre l’interdiction des pulvérisations d’insecticides aux cultures attractives pour les abeilles en période de floraison aux fongicides et herbicides. Les produits portant la mention « abeilles » pour lequel il existe une dérogation, pourront être utilisés après le coucher du soleil et pendant les 3 heures qui suivent. Des dérogations sont à l’étude pour les surfaces de traitement particulièrement étendues ou suivant la typologie du terrain. Le plan prévoit en plus « la mise en application des lignes directrices de l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) pour l’évaluation des risques des pesticides sur les abeilles, en discussion au niveau européen ».
« La FNSEA (premier syndicat agricole) freine des quatre fers », a regretté le président de l’Unaf Christian Pons. « Depuis que nous avons Julien Denormandie (comme ministre de l’Agriculture), aucun dossier en faveur de l’apiculture n’a évolué dans le bon sens, aucun », a-t-il encore déploré.
Matthieu Combe avec AFP