À cause de la sécheresse, les incendies ravageant des centaines d’hectares commencent de plus en plus tôt dans l’année. Face à ces dangers, les pompiers, les autorités et les particuliers s’adaptent.
Les Pyrénées-Orientales interdisent temporairement la vente de piscine hors-sol. Depuis le 10 mai 2023, les trois-quarts du département ont basculé en « crise » sécheresse, le plus haut niveau d’alerte. En plus d’augmenter le risque de feux de forêts, la sécheresse s’accompagne d’une diminution des réserves d’eau. Celles-ci sont pourtant indispensables dans la lutte contre les incendies.
Ce niveau d’alerte élevé, habituellement réservé aux mois estivaux, intervient cette année dès le début du printemps. Dès la mi-avril, un incendie avait déjà ravagé près de 1.000 hectares dans les Pyrénées-Orientales. Arrivé sur place après l’incendie, Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, avait déclaré : « La saison des feux commence tôt du fait du réchauffement climatique. Nous allons connaître un été 2023 extrêmement difficile, sans doute au moins aussi difficile que l’été 2022″.
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Des restrictions pour sauvegarder les réserves d’eau
Le passage en « crise » sécheresse entraîne des restrictions sur l’usage de l’eau dans les Pyrénées-Orientales, notamment pour les particuliers. Parmi les interdictions, figurent l’arrosage des jardins et le remplissage des piscines unifamiliales. Pour les communes et les agriculteurs, des restrictions sont également en place, avec des prélèvements agricoles très encadrés. Si remplir sa piscine est interdit, les particuliers aussi veulent faire des réserves. Les ventes de cuve de récupération d’eau de pluie ont augmenté de 20% chaque année entre 2017 et 2022. Cette dernière année a même battu des records au niveau des ventes.
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Afin de faire respecter les restrictions, le procureur de la République de Perpignan, Jean-David Cavaillé, compte sur les policiers et gendarmes des Pyrénées-Orientales. Ceux-ci peuvent maintenant effectuer des contrôles chez les particuliers, tout comme les agents de l’Office français de la biodiversité (OFB), sur le terrain depuis deux mois. Les forces de l’ordre souhaitent, dans un premier temps, une période de communication et de pédagogie. Passé ce temps, des contrôles et des sanctions verront le jour.
Pour combattre les incendies, les pompiers s’adaptent
Ces restrictions d’usage de l’eau ne concernent pas les pompiers La sécurité incendie et l’eau potable font partie des “usages prioritaires de l’eau” que le département veut préserver. Toutefois, même sans restrictions, les soldats du feu essayent de limiter leurs prélèvements sur le réseau d’eau potable.
Dès le 4 mai, les pompiers des Pyrénées-Orientales commençaient leurs préparatifs pour la saison “feux de forêts” de 2023. Suite à un accord avec la Chambre d’agriculture et la Coopération agricole Occitanie, les sapeurs-pompiers des Pyrénées-Orientales ont maintenant à leur disposition d’anciennes cuves de viticulture. Les pompiers les remplissent avec de l’eau non potable pour éviter autant que possible l’utilisation de l’eau potable via les poteaux incendies. Ce type de solution permet de privilégier des eaux de récupération ou non traitées pour combattre les incendies. Ce type de cuves peut contenir jusqu’à 380.000 litres d’eau. Selon Agri-mutuel, les pompiers des Pyrénées-Orientales en ont maintenant 17 à disposition, leur permettant de contenir des quantités d’eau « bien au-delà des objectifs actuels ». À la recherche de toute eau délaissée, les soldats du feu vont même jusqu’à récupérer l’eau stagnante des piscines des campings.
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Cet accord était nécessaire pour les pompiers, la sécheresse ayant réduit leur nombre de sources disponibles. “On avait une centaine de sites d’eaux brutes identifiés sur notre cartographie. Depuis le mois de mars, on s’est aperçu qu’avec la sécheresse, environ les deux tiers étaient épuisés. Donc, on a dû, avec les sapeurs-pompiers du département, effectuer de nouvelles recherches d’eaux brutes, de canal, de fleuve ou autre. Aujourd’hui, on en a récupéré encore une cinquantaine qui nous permettent d’avoir de nouvelles sources pour alimenter les véhicules d’incendie pour lutter contre l’incendie de végétation”, explique le capitaine Olivier Cyprien, officier expert au service précision, à l’AFP.
Une surveillance accrue des forêt pour prévenir des incendies
L’autre cheval de bataille des pompiers et du département est la surveillance des possibles départs de feux en forêt. Selon le ministère de la transition écologique, 90% des feux de forêts sont d’origine humaine. Pour prévenir les départs de feux, les sentinelles de la Réserve intercommunale de sécurité civile (Risc) quadrillent les forêts du sud de la France depuis plusieurs années. Les Pyrénées-Orientales comptent 5 Risc sur son territoire. Ses bénévoles parcourent les 6 massifs forestiers du département en VTT, en 4X4 ou à cheval. Néanmoins, cette année, le déclenchement du dispositif s’est fait avec plusieurs mois d’avance. A cause de la sécheresse, ces brigades de surveillance sont vouées à se multiplier sur tout le territoire. Le Pays sabolien, dans les Pays de la Loire, et le Bas-Rhin devraient notamment mettre des dispositifs similaires en place dès cette année.
À partir du 1er juin, la surveillance de l’espace forestier se fera également avec Météo-France, via la nouvelle « Météo des forêts », diffusée quotidiennement. Cet outil indiquera les risques d’incendies, allant de faibles à très élevés, par département. Une “météo des feux de forêts”, plus poussée, va être étendue à 35 départements cette année. Celle-ci est destinée aux autorités et aux pompiers, afin de les aider à déterminer les zones où la météo augmente les risques d’incendies.